Comme tous les intervenants de la mobilité durable, c’est avec beaucoup de satisfaction et de fierté que j’ai assisté à l’annonce du projet de loi 0 émission du ministre David Heurtel.
Il reste encore du travail à faire afin de s’assurer que cette loi soit adoptée cet automne, mais comme l’objectif de la stratégie d’électrification est de nous libérer de notre dépendance au pétrole, j’ai regardé les objectifs chiffrés présentés avec la loi afin de voir l’impact réel de la loi sur la consommation de pétrole au Québec.
Portrait du parc automobile en 2025
Comme l’objectif de la loi est d’augmenter progressivement les ventes de véhicule 0 émission au Québec, il est donc possible de fixer un objectif global pour 2025. Selon les chiffres transmis lors de l’annonce, c’est 357 365 véhicules électriques qui seront en circulation en 2025. Le problème, c’est que pendant la même période, le parc automobile devrait passer de 5 millions à 5,8 millions selon une étude de l’IRIS. C’est donc dire que le nombre de véhicules à essence augmentera d’environ 443 000 au Québec d’ici 2025. On peut espérer qu’une partie de ces nouvelles voitures soient au moins hybrides, mais il demeure que le secteur des transports risque fort d’augmenter ou au mieux maintenir ses émissions de GES d’ici à 2025.
On peut espérer que les véhicules qui parcourent le plus de km par année soient électrifiés en priorité, mais comme il n’y a pas encore de données en ce sens, il ne faut pas prendre pour acquis que ça sera le cas pour l’instant.
Il faut insérer la loi VZE dans un plan global d’indépendance au pétrole
Maintenant que nous avons un projet de loi zéro émission, comment pouvons-nous réussir à avoir un impact réel sur la consommation de pétrole au Québec le plus rapidement possible?
C’est simple, après avoir lu énormément sur les différentes stratégies de mobilité au Québec, j’en suis venu à constater qu’il n’y a aucune stratégie globale et cohérente qui vise réellement à diminuer la consommation de pétrole à moyen terme. Il y a plusieurs programmes et politiques, mais pas de plan global qui intègre toutes les politiques en place afin de quantifier des objectifs globaux. Il y a donc une multitude de politiques et un objectif global, mais pas vraiment de plan pour comprendre comment nous allons nous rendre à l’objectif global.
Si on veut réellement arriver à réduire notre consommation de pétrole rapidement dans les transports, il faudra mettre en place des stratégies et des objectifs globaux en lien avec:
- Le % de motorisation des ménages
- Le retrait des vieux véhicules à essence (une loi d’inspection des véhicules?)
- La maximisation de l’utilisation du parc automobile actuel
- Augmenter le nombre de passagers par véhicule (1,2 actuellement)
- Promotion du covoiturage et de la mobilité partagée
- Augmenter le % d’utilisation des autos (inutilisée 90% du temps actuellement)
- Promouvoir l’autopartage
- Promouvoir le prêt entre personne
- Développer la voiture autonome
- Augmenter le nombre de passagers par véhicule (1,2 actuellement)
- Développement du transport actif (marche, vélo)
- Développement de la rue habitée (complete street)
- Développement des infrastructures cyclables et piétonnes
- Réduction des distances des déplacements grâce à un meilleur aménagement du territoire
- Développement de TOD
- Plan de localisation des infrastructures publiques
- La maximisation de nos ressources de transport collectif
- Énormément de capacité inutilisée en dehors des heures de pointe
- Le manque de mesure préférentielle pour le TC engendre une sous-utilisation des
autobus pris dans le trafic.
- Développement de l’offre en transport collectif.
Bref, la loi VZE n’est pas un aboutissement, mais le début d’un plan de réduction du pétrole pour le Québec. Espérons que d’autres mesures seront annoncées prochainement afin d’accélérer notre sortie du pétrole.
