AutopartageVoitures électriques

Il faut préparer l’arrivée de la voiture autonome dès maintenant

Jeudi dernier a eu lieu une conférence du CRE-Montréal sur le futur de la mobilité (vous pouvez visionner la conférence ici) . L’arrivée de la voiture autonome a volé la vedette de cette conférence. En effet, deux des quatre conférenciers (Sam Vermette, CEO de Transit App et Catherine Kargas, vice-présidente chez la firme d’étude Marcon)  y ont dédié une bonne partie de leur présentation. De plus en plus de spécialistes voient la voiture autonome partagée électrique comme la solution idéale à la réduction des gaz à effets de serre et aux autres maux associés à la croissance continue du parc automobile mondial.

5 ou 20 ans?
Un peu comme pour les changements climatiques et la voiture électrique, l’arrivée de la voiture autonome semble comporter son lot de négationnistes. L’erreur que font ces négationnistes, c’est de croire que pour introduire la technologie autonome, il faut un véhicule qui peut se conduire de manière autonome 100 % du temps. Or, c’est loin d’être le cas. Plusieurs technologies autonomes sont déjà là ou sur le point d’être commercialisées: le stationnement automatisé (Tesla Summon), freinage automatique, conduite semi-automatique sur les autoroutes, conduite en peloton. Il est donc fortement prévisible de penser que des voitures semi-autonomes seront sur les routes du Québec très bientôt. Ceux qui ont essayé le mode Autopilot de la Tesla diront probablement que les voitures semi-autonomes sont déjà sur nos routes. Elles auront peut-être besoin d’un chauffeur pour effectuer une partie du trajet ou pour conduire lors de mauvais temps, mais la technologie changera tout de même radicalement notre mobilité.

Les avantages sont nombreux:

– Optimisation de l’utilisation des autos.
On estime présentement que les autos sont immobiles entre 90 et 95 % du temps. Le taux d’occupation moyen des autos est de 1,2 personne par auto. En combinant autopartage, covoiturage urbain, transport collectif et actif, il sera donc possible de réduire le parc automobile de manière exponentielle. Je crois qu’on peut assez facilement dire que ce chiffre sera de 50:1 . C’est énorme!

– Faciliter l’électrification
La voiture autonome partagée peut facilement être changée lorsque l’autonomie ne convient pas au trajet à effectuer. Donc l’autonomie n’est donc plus un enjeu.

-Meilleure utilisation de l’espace
Les stationnements occupent environ 15% de l’espace urbain et causent de nombreux désagréments en plus de pousser à la hausse le prix des terrains et des logements. La voiture autonome va grandement faciliter l’optimisation des stationnements. On pourra ainsi doubler la capacité des stationnements en stationnant les voitures de façon beaucoup plus optimale, un peu comme les valets le font à New York. Et comme les voitures autonomes seront plus souvent sur la route contrairement aux voitures actuelles qui sont immobilisées 95 % du temps, les besoins de stationnement vont diminuer énormément.

-Complément parfait aux transports collectifs
Il est très difficile de développer des systèmes de transport en commun efficaces, car pour être rentable, le transport collectif doit transporter un grand nombre de passagers. Or, pour arriver à amener assez d’utilisateurs dans les gares et les métros, il faut généralement mettre en place des infrastructures très coûteuses: stationnement incitatif, lignes d’autobus dans des banlieues à faible densité, etc. La voiture autonome permettra d’amener un grand nombre de passagers aux transports collectifs à faible coût. Dans le jargon du transport collectif, on appelle cette problématique le «first / last mile». C’est souvent dans le premier et le dernier mile d’un trajet que le transport collectif est inefficace et échoue à offrir un service compétitif à un coût raisonnable. Le jour où les sociétés de transport collectif n’auront plus à se soucier de ces 2 segments du trajet, elles pourront se consacrer sur ce qu’elles font le mieux: le transport à haut débit. De tels systèmes permettent même d’envisager des transports collectifs qui seraient capables d’autofinancer leurs frais d’exploitation. C’est une bonne nouvelle pour l’utilisateur, car ça veut aussi dire qu’il sera plus facile et économique de répondre à la demande. Ce qui est loin d’être le cas actuellement. Parlez-en aux milliers d’utilisateurs qui s’entassent dans le métro et les autobus à l’heure de pointe.
Cette approche aurait aussi un énorme impact sur l’utilisation du transport collectif en dehors des heures de pointe. Si l’utilisateur est capable de se déplacer sur une certaine distance par lui-même (en vélo partagé ou en voiture en libre-service autonome), il sera plus facile pour les sociétés de transport de maintenir des services plus fréquents en dehors des heures de pointe. Présentement, le métro de Montréal a une fréquence beaucoup moins élevé le week-end. Si on on doit utiliser deux lignes, le temps d’attente peut frôler 20 minutes. Si les utilisateurs sont capables de se rendre par eux-mêmes au métro, la demande risque d’augmenter, ce qui permettra de justifier une plus grande fréquence des métros le week-end ( C’est ce qu’on appelle l’approche Hygrade 😉 ).

– Facilite le covoiturage urbain
Il y a de plus en plus d’engouement pour le covoiturage urbain. Les applications mobiles permettent aux chauffeurs et passagers de coordonner leurs trajets de plus en plus facilement. Les applications multimodes comme Transit App aident les utilisateurs à combiner le covoiturage aux autres modes de transport. Grâce aux données en temps réel, il est de plus en plus facile de combiner les modes sans avoir de mauvaises surprises. Le service iBus qui sera bientôt lancé par la STM permettra aux utilisateurs de covoiturage de vérifier la ponctualité de leur bus et de s’assurer qu’ils pourront arriver à leur destination à l’heure. La voiture autonome va s’insérer éventuellement dans cet écosystème et rendre le covoiturage urbain encore plus abordable et efficace.

– Réduire la congestion
Quand on voit les avantages précédents, il est facile de voir comment la voiture autonome pourrait avoir un impact positif sur la congestion: autopartage, covoiturage, augmentation de l’utilisation du transport collectif et actif, toutes des façons reconnues de réduire le nombre de voitures sur les routes. Mais en plus, la voiture autonome ouvre la possibilité d’augmenter le débit des routes existantes grâce à un meilleur contrôle de la vitesse et des freinages, ce qui permettra aux véhicules de se suivre de plus proche sans craindre le fameux effet accordéon qui est souvent la cause des bouchons. 

Planifier dès maintenant pour éviter le «gros gâchis»
À partir du moment qu’on a fait ce constat, il est important de prendre action dès maintenant pour accélérer l’adaptation de cette technologie et de préparer le terrain afin que l’arrivée de la voiture autonome ait les impacts souhaités. Car bien entendu, si la voiture autonome arrive sur le marché sans s’insérer dans les autres formes de mobilité, elle pourrait avoir l’effet contraire. C’est ce que le fondateur de Transit app Sam Vermette appelle le «gros gâchis». La voiture autonome pourrait effectivement inciter les gens à rouler davantage et à s’établir encore plus loin de leur travail. La voiture autonome pourrait alors causer ce qu’il qualifie de sur-étalement urbain. Aussi, si les gens n’ont pas accès à une mobilité partagée, ils risquent de vouloir posséder leur propre véhicule autonome et l’utiliser pour de multiples usages qui n’étaient pas possible avant et qui vont décupler le nombre de véhicules sur les routes.

 

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