Qu’y avait-t-il de si spécial à Rawdon pour parcourir depuis Longueuil 75 km aller-retour au beau milieu de la semaine? Il y a Hugo Jeanson. Et pas seulement Hugo : aussi son frère et son oncle qui travaillent avec lui chez Chevrolet Rawdon, Mecque de la voiture électrique au Canada.
Dès que je suis entré dans le magasin, Hugo m’avait partagé tout de suite sa passion pour les véhicules électriques en me montrant son nouveau chargeur par impédance, aussi rapide qu’un chargeur à prise, au-dessus duquel on place simplement la voiture pour la recharge. Impressionnant!
Rawdon Chevrolet était déjà le plus gros vendeur de Corvettes de l’est du Canada, ce qui n’est pas rien. Comment, de vendeur de Corvettes – ce véhicule énergivore un peu débile – on arrive à se transformer ainsi en vendeur de voitures électriques?
Il y a deux ans et demi, Hugo avait repris, suite à une vente, une Volt usagée. Par curiosité, ne connaissant pas tant de choses sur ces voitures, il l’avait essayée. Et compris quelque chose : l’expérience avait été enthousiasmante. Il a donc poussé son frère et son oncle à la conduire; ils ont eu la même impression. Conduire une voiture électrique, c’est une expérience en soi, vraiment quelque chose de nouveau.
De fil en aiguille, ils se sont rapidement procuré cinq voitures électriques… vendues avant même leur arrivée à la concession! Puis, cinq autres, qui se sont tout de suite envolées. Et ainsi de suite.
Au-delà de la passion, de l’intérêt écologique et de la nouveauté, il semble bien que les voitures électriques, ça peut donc devenir une bonne affaire aussi. Hugo m’informe que les gens viennent d’ailleurs de partout pour acheter ses véhicules et qu’il en a même vendu une à un gars de Vancouver.
Rawdon est ainsi devenu le plus gros vendeur de voitures électriques, non pas de la région, non pas du Québec, mais bien du Canada, avec environ 240 véhicules vendus l’an dernier. Beaucoup de Volt, mais aussi des Spark, achetées neuves par paquets de cinq et revendues usagées.
Le choix de la Spark
Dans la cour, on retrouve donc toutes ces voitures électriques, une cinquantaine au total, dont beaucoup de Volt et une vingtaine de Spark, souvent branchées sur l’un des 25 chargeurs disponibles. Ma Spark, pour sa part, attend sagement dans le garage dans son uniforme bleu poudre, comme il se doit.
L’idée de parcourir 75 km de la maison m’avait d’abord inquiété, parce que je savais que je reviendrais au volant de ma Spark, dont l’autonomie, en cette journée froide, tournait autour de 100 km. Il ne fallait pas se tromper de chemin.
Mais j’ai décidé de faire appliquer l’antirouille qui allait demander 48 heures de plus avant de pouvoir prendre la voiture. Je suis donc rentré à la maison sans Spark, au volant… d’une rutilante Cadillac ELR, prêtée par son proprio, Hugo lui-même. Je reviendrai sur cet essai amusant d’une voiture électrique rechargeable aux antipodes de mes goûts, à autonomie prolongée, comme la Volt.
Je lui préférais nettement la Spark. J’avais d’ailleurs soupçonné que je voudrais un jour cette voiture électrique dès l’essai à Branchez-Vous 2014, sur le circuit Gilles-Villeneuve. Je n’étais toutefois pas tout à fait fixé, après avoir essayé la douzaine de modèles disponibles qui me faisaient maintenant hésiter.
C’est que toutes m’intéressaient, dorénavant! De la Miev (un peu chenue, conduite par un confrère) jusqu’à la Tesla (un investissement exagéré), en passant par la Smart électrique (trop petite, manque de place) et la Spark électrique.
C’est que j’aimais TOUS ces véhicules, surtout les plus petits. Ancien proprio d’une petite Honda Civic et d’une Renault 5, ils me rappelaient les voitures de ma jeunesse – il faut savoir que je roule actuellement en Mazda 2. Vive les sous-compactes en ville!
Or, la Spark, c’est bien cela : un petit véhicule très compact, mais nerveux (parfois trop), avec plus d’espace que la Smart et 160 km d’autonomie l’été (100 en hiver). Donc, une toute électrique plus petite que la Nissan Leaf, tout à fait intéressante pour mes déplacements locaux, aller au travail à Montréal ou faire des courses à Longueuil.
En fait, le principal défaut de la Spark, c’est… son constructeur, puisque Chevrolet refuse d’en vendre à des particuliers. Il faut une flotte d’au moins cinq véhicules pour pouvoir en acheter chez nous. Pas possible d’acheter ces voitures neuves au Canada, mais usagées, oui, chez un concessionnaire comme Rawdon, qui les revend avec quelques milliers de kilomètres au compteur.
S’il n’est pas surprenant que les gens viennent de loin pour acheter ce véhicule, une loi zéro émission permettrait toutefois d’améliorer leur disponibilité et d’en diminuer les prix.
L’arrivée de la voiture
Je suis retourné à la maison en n’arrivant pas à me prendre au sérieux au volant de ma Cadillac noire ELR. Puis, il m’a donc fallu patienter deux jours pour attendre la Spark, qu’un des hommes de Hugo allait livrer, pour ensuite repartir avec la Cadillac.
Et par un beau vendredi après-midi, en revenant du travail, je suis tombé sur ma nouvelle acquisition, qui m’attendait dans mon parking, sous l’arbre, sagement branchée à ma borne.
Je suis alors tout de suite monté dedans pour aller faire un tour. Ma première impression a confirmé ce qu’un essai effectué quelques semaines plus tôt m’avait déjà fait soupçonner : exactement mon genre de voiture!
Un petit bijou, en fait, de la puissance d’accélération quand c’est nécessaire (0-100 en 7,5 secondes, tout de même, c’est même un peu trop, il va falloir ménager les pneus), assez de place pour loger quatre adultes, du silence à revendre et la technologie du tableau de bord. Et bleu poudre!
Pour la première fois, je trouve ma voiture intéressante. Je vous reparlerai sous peu de mes expériences enchantées de conduite.
Alain Vadeboncoeur