Voici le dévoilement du «nouveau» chroniqueur mystère! Le bagage de connaissances de Daniel sur l’électrification des transports est tel qu’il est incommensurable! Daniel se consacre désormais aux «3E» : Énergie, Environnement et Électrification des transports! Bienvenue dans la communauté de Roulez Électrique, Daniel!
Sylvain Juteau
_______________________________________________________________________________
Question : Une voiture électrique est-elle plus verte qu’une voiture à moteur thermique?
Réponse : OUI (selon Energy Points).
Cette question m’a souvent été posée : « Est-ce vraiment plus vert de rouler en voiture électrique que dans une petite voiture à essence, surtout lorsque l’électricité est produite à partir de charbon? »
Eh bien, en réponse à cette question, voici les résultats d’une étude qu’a faite Energy Points.
Selon Energy Points, une entreprise spécialisée dans les analyses et les pistes de solution en matière d’efficacité énergétique, la source ou les sources de production d’électricité donnent des résultats très différents en matière d’efficacité énergétique et de performance environnementale en ce qui a trait aux voitures électriques VS les voitures à essence.
Leurs calculs prennent en considération :
- la quantité d’énergie requise pour faire avancer le véhicule,
- la quantité d’énergie requise pour produire le « carburant » pétrole, électrique ou autre,
- la quantité d’énergie requise pour le contrôle des émissions,
et dans le cas des véhicules électriques,
- la quantité d’énergie requise pour disposer des batteries en fin de vie.
En résumé, leur étude analyse le cycle de vie complet des véhicules.
Des résultats qui varient beaucoup
Cette étude a été faite à partir des paramètres d’une voiture propulsée par de l’essence dont la consommation est de 35 mpg (6,7 l/100 km). On parle ici d’une voiture TRÈS économique.
Selon les chiffres du US department of Energy disponibles sur le site fueleconomy.gov, la consommation combinée de la :
-Toyota Yaris 2014 est de : 7,4 l/100 km,
-Ford Fiesta 2014 est de : 7,6 l/100 km,
-Smart fortwo coupe est de : 6,5 l/100 km,
-Volkswagen Golf TDI est de : 6,9 l/100 km (à noter que les émissions de CO2 des moteurs diesels est 17 % plus élevée par litre que celles d’un moteur à essence. 2,3 kg/l pour l’essence VS 2,7 kg/l pour le diesel).
Donc, pour battre la moyenne de 6,7 l/100 km, on doit se tourner vers les hybrides telles que les Prius C, Prius ou Ford C-Max hybride, etc.
Le pourcentage de charbon ou de gaz naturel comme principale source de production
Dépendant de l’endroit où l’on vit en Amérique du Nord, la performance « verte » des véhicules électriques varie beaucoup. Dans la très grande majorité des juridictions, il n’y a pas une, mais bien plusieurs sources de production d’électricité et l’efficacité énergétique ainsi que le coefficient de propreté de chacune d’entre elles varie énormément.
Ainsi, « l’équivalent pétrole » de la consommation de la voiture électrique d’un habitant de :
-Kansas City où l’électricité est produite à 82 % par du charbon sera de 38 mpg,
-Denver où l’électricité est produite à 65 % par du charbon sera de 40 mpg,
-Washington, DC où l’électricité est produite à 53 % par du charbon sera de 54 mpg,
-Los Angeles où l’électricité est produite à 33 % par du charbon est de 63 mpg,
-Miami où l’électricité est produite à 60 % par du gaz naturel est de 54 mpg,
-New York où l’électricité est produite à 36 % par du gaz naturel est de 74 mpg.
Et l’hydroélectricité, elle?
Là où ça devient particulièrement intéressant, c’est dans la section « hydroélectrique ».
En effet, selon cette étude, « l’équivalent pétrole » de la consommation de la voiture électrique d’un habitant de :
-Portland (Oregon) où l’électricité est produite à 63 % par de l’hydroélectricité est 157 mpg
et
-Seattle où l’électricité est produite à 71% par de l’hydroélectricité est de 195 mpg.
Or, l’électricité produite au Québec est produite à 98 % par de l’hydroélectricité et de l’énergie éolienne! Donc, si on extrapole à partir des pourcentages de Portland et de Seattle, il est envisageable de considérer que pour le Québec, le résultat soit de 269 mpg ou 0,87 l/100 km!!!
En conclusion, les voitures électriques ne valent pas nécessairement le surcoût en 2014 dans toutes les juridictions d’Amérique du Nord à cause principalement des centrales au charbon, mais elles demeurent tout de même supérieures du point de vue énergétique et écologique même dans le pire des cas. Il y a cependant encore des endroits où les bonnes voitures hybrides non rechargeables obtiennent toujours des performances supérieures aux voitures électriques.
Cela dit, le président Obama veut forcer les centrales au charbon à diminuer leurs émissions de GES de 20 % d’ici 2020, et il appuie la conversion vers les énergies renouvelables. Selon l’Agence internationale de l’énergie, 37 % de la production d’électricité aux États-Unis provenait de centrales à charbon en 2012, la part des énergies renouvelables n’étant alors que de 12 %. Comme de nombreux républicains et même des démocrates s’opposent à toute réglementation en ce qui a trait au charbon, la bataille s’annonce rude. C’est pourquoi le président Obama compte aller de l’avant par voie réglementaire plutôt que parlementaire.
(En 2014, 97 % des républicains au Congrès refusent de dire que le réchauffement climatique est dû en partie à l’activité humaine!)
Conclusion : S’il y a bien un endroit où rouler électrique en transport individuel et collectif a du sens, c’est au Québec.
http://www.ledevoir.com/international/etats-unis/409633/barack-obama-veut-s-attaquer-au-charbon
http://www.energypoints.com/company/
http://www.epa.gov/fueleconomy/regulations.htm
http://www.fueleconomy.gov/feg/Find.do?action=sbs&id=33925&id=33606&id=34460&id=33818
NDLR : Je vous invite à consulter cet article de la part du physicien Pierre Langlois qui compare l’empreinte carbone d’une voiture électrique VS voiture thermique et hybride durant le cycle de vie au complet, en fonction de différents endroits en Amérique du Nord :
Voitures à essence et électriques: comparaison des émissions de gaz à effet de serre sur leur durée de vie