Les mini-fourgonnettes ont toujours été populaires en Europe, au point que même la chic compagnie Mercedes-Benz en propose deux modèles là-bas (le Vito et la Classe V). Et bien entendu, depuis quelques année, ces modèles sont proposés en version entièrement électriques.
Et ils ne sont pas les seuls ! De nombreux constructeurs européens offrent également des mini-fourgonnettes 100 % électriques, tels Renault ou Peugeot. Déjà, c’est la preuve que le marché de l’électrique est plus avancé là-bas qu’ici.
Mais ce n’est pas de cela que je veux vous parler aujourd’hui. Le sujet de ma chronique concerne le fait que Mercedes vient de décider d’offrir ses deux mini-fourgonnettes avec une batterie plus petite afin d’en réduire le prix.
Ça, je trouve que ça montre clairement que le marché de l’électrique est plus mature là-bas qu’ici. Je m’explique.
Chez nous en Amérique, les VÉ sont tellement nouveaux et peu connus que la crainte de manquer d’autonomie est l’inquiétude no 1 (le fameux « Range Anxiety »).
Tant qu’on ne connait pas ça, on amplifie le problème, ce qui force les constructeurs à nous offrir des véhicules avec toujours davantage d’autonomie.
Mais il faut croire qu’avec le temps les craintes se dissipent, car Mercedes a décidé d’offrir pour 2022 une version moins onéreuse de ses mini-fourgonnettes en les proposant avec des batteries de 60 kWh au lieu de 100 kWh.
En faisant cela et en enlevant deux ou trois options coûteuses, Mercedes peut offrir ces dernières à 10 000 euros de moins !
Bien entendu, cela donne une autonomie moindre. Si on prend nos standards, c’est-à-dire selon les normes EPA, l’autonomie passe de 320 km (100 kWh) à 214 km (60 kWh).
En Amérique, on dirait que ça n’a pas de bon sens d’offrir des mini-fourgonnettes avec si peu d’autonomie. Pourquoi ? Parce que le « range anxiety » est encore trop fort. Sauf que c’est souvent plus émotif que rationnel !
Objectivement parlant, pour savoir si cette mini-fourgonnette en version 60 kWh pourrait vous satisfaire (si elle était disponible au Québec), il faudrait non pas réfléchir avec ses émotions, mais analyser froidement ce que vous comptez en faire. Là est la vraie question ! Si vous vous en servez uniquement pour transporter des enfants à l’école par exemple et que vous ne faites jamais plus de 100 km par jour, peut-être que ça vaut la peine de choisir la plus petite batterie et sauver des milliers de dollars.
En Europe, Mercedes a sans doute fait des études de marché avant de proposer cette alternative moins chère. Ils doivent s’être rendu compte qu’il y a une demande pour ça, car le marché est plus mature là-bas.
Ainsi, un certain nombre d’Européens conduisant déjà des voitures électriques vont peut-être se dire qu’une mini-fourgonnette Mercedes avec 200 km d’autonomie (plutôt qu’une mini-fourgonnette Renault avec 350 km d’autonomie) est peut-être un bon achat ! Moins d’autonomie, mais la chance de rouler dans une marque plus prestigieuse !
Moi qui viens de passer 4 ans à rouler dans un véhicule possédant 120 kilomètres d’autonomie (Spark EV), je sais que c’est tout à fait possible ! D’ailleurs, tous ceux qui ont acheté les premières Nissan Leaf vous le confirmeront, certains ont même parcouru 150 000 kilomètres avec leur « petite » batterie !
Bref, c’est normal qu’au début on veuille le plus d’autonomie possible. Sauf qu’ensuite, une fois qu’on comprend bien comment ça fonctionne, qu’on a de l’expérience, on voit les choses d’un autre oeil. Étant donné que la batterie est l’élément le plus cher d’un VÉ, il va de soi qu’on veuille une autonomie qui correspond vraiment à nos besoins.
C’est ce qu’on voit en Europe avec cet exemple et c’est probablement ce qu’on va vivre chez nous dans quelques années selon moi. Tel modèle qui aura toujours possédé une batterie de 100 kWh va soudainement être offert avec une batterie de 60 kWh à une clientèle plus mature, plus expérimentée, à qui ça conviendra.
Vous allez voir, un jour ça va arriver. Et quand ça se produira, eh bien vous penserez à moi ! (Rires !)
Note de l’auteur
Attention, je ne suis pas un anti-grosse batterie ! (Rires !) Je comprends qu’il y a des gens pour qui c’est vraiment nécessaire. Vous voulez connaître le fond de ma pensée ? J’ai parfois peur que le « range anxiety » force les constructeurs à proposer des voitures avec toujours plus d’autonomie et qu’on se retrouve avec des VÉ à 1 000 km d’autonomie et plus pour monsieur et madame Tout-le-monde ! Là ça serait un beau gaspillage de matière première à mon avis. Éduquer les gens sur ces enjeux est donc important.
Je pense qu’il faut davantage investir dans les infrastructures de recharge rapide pour les besoins de voyage. Quant à l’utilisation des VÉ dans la vie de tous les jours, la recharge quotidienne durant la nuit est LA solution. Si votre batterie peut se retrouver à 100 % tous les matins, pourquoi vouloir 700 km d’autonomie ? Un véhicule électrique est tout à fait fonctionnel (ici au Québec et malgré l’hiver) avec une autonomie variant entre 200 et 500 km. Au-dessus de cela, c’est inutile et anti-écologique.