Photo : Station de recharge Haltégo (crédit photo : Bectrol).
Le bagage de connaissances de Daniel sur l’électrification des transports est tel qu’il est incommensurable! Daniel se consacre désormais aux «3E» : Énergie, Environnement et Électrification des transports! Bienvenue dans la communauté de Roulez Électrique, Daniel!
Sylvain Juteau
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Depuis le début de la nouvelle ère de l’électrification des transports, nombre d’analystes et d’observateurs du domaine répètent la phrase suivante : Environ 95 % des recharges effectuées par les utilisateurs de véhicules électriques sont faites principalement à la maison et quelque peu au travail.
Et cette affirmation est vraie.
De plus, cette situation se vérifie ailleurs dans le monde. En effet, aux États-Unis comme en Europe, les statistiques vont dans le même sens, ce qui pourrait nous porter à croire que la situation actuelle demeurera inchangée et que nous devons prévoir et planifier le déploiement des futures infrastructures de recharge à partir de cette prémisse. C’est d’ailleurs ce qui semble arriver.
Or, je crois que c’est une erreur. Laissez-moi vous expliquer pourquoi.
95 %… de quoi?
Depuis le début, à partir des projets pilotes d’Hydro-Québec en 2010 jusqu’au déploiement des bornes de niveau 3 du Circuit électrique il y a quelques mois, on a appuyé la réflexion, le discours et les actions en répétant le mantra du 95 %.
- Question : D’où vient ce 95 %?
- Réponse : Des statistiques compilées par Hydro-Québec et d’autres fournisseurs d’électricité.
- Question : Et si derrière cette statistique se cachait une fausse prémisse?
En effet, lorsqu’une personne songe à s’acheter une voiture électrique, LA première question qui va lui être posée et à laquelle il ou elle devra répondre est la suivante :
« Demeurez-vous à un endroit où vous pouvez brancher votre voiture? »
Si la réponse à cette question est NON, cela écarte à peu près certainement pour eux la perspective d’achat d’une voiture hybride rechargeable ou 100 % électrique. La personne se dirigera alors plutôt vers un véhicule hybride ou diesel… ou un tout autre choix.
Et c’est de là que vient RÉELLEMENT le 95 %.
Une fois qu’on a compris que la décision d’achat d’aller vers une voiture électrique a été « filtrée » par ce goulot qu’est la possibilité ou non de recharger sa voiture chez soi, le 95 % prend une toute autre signification!
Une nouvelle ère est à nos portes
Comme on peut le voir avec certains propriétaires de Tesla, il n’y a pas d’obligation d’avoir une borne chez soi lorsque notre voiture est dotée d’une autonomie de 300 kilomètres et plus et qu’un Supercharger ou une borne de niveau 3 n’est pas située très loin.
Avec l’arrivée en 2017 de voitures abordables dotée d’une autonomie de 300 kilomètres, il faudra installer des bornes de niveau 2 et 3 dans des quartiers densément peuplés, en zone urbaine et près de tours à condominiums, ce qui changera INÉVITABLEMENT la statistique du 95 % de recharges effectuées principalement à la maison.
Comme pour les voitures à essence qui se rendent à une station-service, on pourra se rendre à quelques centaines de mètres ou à 1 ou 2 kilomètres de chez soi pour recharger en 15 à 30 minutes sa voiture, soit le temps de prendre un café, de travailler en ligne ou de faire quelques courses.
Ainsi, les gens qui ne peuvent présentement pas s’acheter de voiture électrique à cause des limitations d’infrastructures de recharge le pourront sous peu, car des initiatives telles que la station Haltégo ont été conçues pour répondre spécialement à ce genre de besoin.
C’est pourquoi, à l’aube de cette nouvelle ère qui arrive à vitesse grand V, il est FONDAMENTAL que la réflexion et les actions en lien avec l’installation des futures infrastructures de recharge prennent en considération les avancées techniques, technologiques et sociales qui se pointent dans ce milieu en pleine ébullition.
L’équipe du Circuit électrique doit comprendre que si le Circuit ne s’ajuste pas très rapidement à cette nouvelle réalité, il risque de ralentir, voire de nuire au développement de l’électrification des transports au Québec. Le déploiement des futures bornes de niveau 2 et 3 doit être revu en fonction de cette nouvelle prémisse car si la « vieille » prémisse du 95 % pouvait sembler vraie jusqu’à présent, elle ne le sera plus dans quelques mois à peine avec de plus en plus d’électromobilistes qui voudront recharger leurs voitures ailleurs que chez eux.
Il serait vraiment dommage que le Circuit électrique, qui a fait du bon boulot jusqu’à aujourd’hui, se retrouve dépassé par les événements et les avancées dans le domaine.
Et si vous croyez que ce n’est pas possible pour eux de manquer le virage des nouvelles réalités technologiques dans l’installation de leurs futures infrastructures, je n’ai qu’un nom pour vous : Blackberry.