Photo : BMW i3.
Le bagage de connaissances de Daniel sur l’électrification des transports est tel qu’il est incommensurable! Daniel se consacre désormais aux «3E» : Énergie, Environnement et Électrification des transports! Bienvenue dans la communauté de Roulez Électrique, Daniel!
Sylvain Juteau
____________________________________________________________________________________________________________________
Depuis le nombre d’années que je suis de près les innovations en matière de transport, je peux maintenant affirmer que nous sommes entrés de plein pied dans l’ère des véhicules électriques.
D’anecdotiques à risibles, de curiosité à menace, les voitures partiellement ou entièrement électriques sont maintenant dans le portfolio d’à peu près tous les constructeurs à des degrés divers.
Ces degrés dépendent de plusieurs facteurs :
– La capacité financière d’innovation du constructeur
Certains constructeurs n’ont pas les moyens d’innover comme ils le voudraient. De plus petits constructeurs ou des constructeurs étant plus serrés financièrement ont peine à suivre le train technologique vers l’électrification car le billet coûte cher, pas mal plus cher que l’installation de bébelles technologiques telles que le bluetooth, le GPS ou un meilleur système de son.
Parmi les constructeurs que l’on retrouve dans cette catégorie se trouvent :
a) Mazda, qui se concentre sur sa technologie SkyActiv;
b) Subaru, qui se concentre sur la traction intégrale (mais qui offre tout de même un véhicule hybride);
c) Chrysler-Jeep, qui se concentre sur le lobbying afin de ralentir la mise en place des nouvelles normes de consommation (j’y reviendrai…).
– La volonté d’innovation du constructeur
Certains constructeurs ont une résistance ancrée très profondément dans leur ADN vis-à-vis l’électrification. Le cas des constructeurs allemands est éloquent. En effet, Daimler-Benz, Audi, Volkswagen, BMW et Porsche ont tous tardé à se lancer vers les technologies hybrides et électriques.
La première raison pour cela est historique. En effet, pourquoi ces constructeurs qui se sont fait un nom et une réputation au fil des décennies avec des véhicules haut de gamme (sauf pour Volkswagen), puissants, prestigieux, sécuritaires et luxueux seraient-ils allés prendre le risque de se lancer vers un type de motorisation autre que celui qui constitue le cœur de leur réputation, à savoir de très bons moteurs à combustion interne?
Après tout, l’essence de la voiture depuis 100 ans EST le moteur à combustion interne et c’est la qualité de ces moteurs ainsi que les performances et la durabilité qui sont rattachés aux moteurs allemands qui ont fait leur réputation!
C’est pourquoi face aux préoccupations environnementales croissantes et aux exigences gouvernementales, ils évoquaient tous le diesel « propre » comme étant LA solution aux problèmes d’efficacité énergétique et de pollution car après tout, avec le diesel, on parle encore et toujours de moteur à combustion interne, n’est-ce pas?
Sauf que le temps et l’amoncellement d’études dévastatrices pour le diesel les a mis face aux limitations de ce type de technologie.
Avec plusieurs années de retard sur les Japonais et les Américains, les Allemands embarquent avec plus ou moins de succès dans le train de l’électrification, BMW étant clairement en avance sur les autres.
– La nécessité d’innovation pour le constructeur
Pour certains constructeurs, il n’est nul besoin d’innover vers l’électrification car leur clientèle cible ne recherche pas l’innovation, mais plutôt un certain conservatisme ou la nostalgie. Ainsi, plutôt que de se retrouver pris entre l’arbre et l’écorce, ils vont clairement affirmer leur rejet de l’innovation vers des technologies d’électrification en faisant au contraire la promotion de la puissance brute, le plus souvent à la sauce « américaine ».
Les divisions Ram et Dodge vont dans cette direction. Jetez un coup d’œil sur leurs véhicules et leurs publicités. C’est on ne peut plus clair.
Malgré tout…
Cela dit, malgré les résistances et les contraintes, dites-vous bien que nous sommes maintenant entrés de plein pied dans l’ère des véhicules électriques.
Il y a 15 ans, puis 10 ans, puis 5 ans, nombre d’observateurs étaient sceptiques, mais maintenant à peu près tous doivent admettre que c’est la direction que l’industrie est en train de prendre, à quelques variantes près. (Le débat électrique VS hydrogène a ressurgi dernièrement, par exemple.)
Je peux vous dire qu’après bien des années à nous être fait passer pour des hurluberlus, ça fait du bien de voir que ça avance finalement dans le sens de l’électrification!
Nous aimerions juste que ça se fasse un peu plus vite.