Au fur et à mesure des avancées technologiques, les nouveautés s’avèrent souvent être un peu meilleures que les produits qui sont déjà sur le marché, qu’il s’agisse de téléphones cellulaires, d’ordinateurs… ou de voitures électriques.
D’ailleurs, dans le cas des voitures électriques, force est de constater que l’évolution se veut aussi rapide que dans le cas de la téléphonie cellulaire.
En effet, il y a une dizaine d’années arrivait le premier iPhone… et la Mitsubishi I-MIEV: 100 km d’autonomie et une tenue de route à l’avenant.
Ainsi, contrairement aux véhicules à essence qui ont évolué beaucoup plus lentement, les choses s’accélèrent du côté des véhicules électriques.
À tel point que bien des gens qui ne voyaient pas l’intérêt de celles-ci commencent aujourd’hui à changer d’idée en constatant la progression fulgurante de ces véhicules.
Et la Hyundai Kona Électrique en est l’exemple le plus récent.
Voici pourquoi.
Une routière de premier plan
Nous avons beau être des fans de l’électrification des transports sous toutes ses formes, il n’empêche que beaucoup d’entre nous apprécient le plaisir de la conduite, électrique ou non.
Or, dans ce département, la Hyundai Kona électrique n’a rien à envier à la compétition. Vive à l’accélération, précise en virages, agile malgré sa grosse batterie, elle s’avère être un réel plaisir à conduire. Sa tenue de cap est précise et le volant vous amène là où vous voulez aller de manière stable et même rassurante. Dans ce rayon, seule Tesla dépasse la Kona, ce qui est, disons-le, normal. De 0 à 100 km/h, elle a été à peu près exactement aussi rapide que la Chevrolet Bolt EV (qui est considérée comme plutôt rapide) lorsque nous fait une petite course entre les deux. D’ailleurs, les chiffres ci-dessous (fournis par Hyundai Canada) le confirment.
Évidemment, cette tenue de route a un prix. Sa suspension est plutôt sèche sur les routes bosselées, surtout si vous êtes assis à l’arrière où ça peut parfois devenir désagréable.
Dans l’ensemble, conduire une Kona Électrique, c’est vivre avec plaisir la conduite active, spécialement lorsqu’elle est en mode “sport”.
Une voiture électrique TRÈS efficace
Pour qu’une nouvelle voiture électrique soit à la hauteur, elle se doit d’être efficace. Or, la Kona est très efficace.
Consommation efficace: Dotée d’une batterie de 64 kwh et cotée à 415 kilomètres d’autonomie selon l’EPA, la Kona Électrique est une des voitures électriques les plus efficaces sur le marché en terme de consommation en kWh/100 km avec une moyenne d’environ 16,8 kWh/100 km, ce qui devance la consommation de la Leaf (18 kWh/100 km), égale la consommation de la Bolt (16,8 kWh/100 km) et n’est devancé que par la Tesla Model 3 midrange (16,2 kWh/100 km) et bien évidemment la championne qu’est la Hyundai Ioniq Électrique (15 kWh/100 km).
Lors d’un match comparatif que Sylvain Juteau et moi avons effectué sur les routes du Québec cet hiver, nous avons été à même de constater l’efficacité de la Kona Électrique VS celle de la Bolt EV. En effet, après avoir parcouru environ 245 kilomètres de Trois-Rivières à Beloeil en passant par le pont Laviolette, la 55, l’autoroute 20 jusqu’à Boucherville et la Superstation des bières, nous avons constaté que la Kona avait eu une consommation de 20 kWh/ 100 km VS 21 kWh/100 km pour la Bolt EV. Nous roulions à une vitesse moyenne d’environ 105 km/h sur l’autoroute et gardions le chauffage allumé à 20 degrés Celsius.
Il faisait environ -7 degrés Celsius à l’extérieur et nous avons roulé 80% du temps avec un vent de face à 30 km/h. Évidemment, il faut souligner que la Bolt avait déjà près de 70 000 kilomètres au compteur VS moins de 2000 kilomètres pour la Kona. On peut donc affirmer que si les 2 voitures avaient été neuves, leurs consommations auraient fort probablement été identiques. Dans ces conditions, la Kona a démontré une autonomie d’environ 308 kilomètres VS 265 pour la Bolt EV, ce qui va dans le sens de la logique.
Recharge très efficace: Cependant, lorsque nous avons branché les 2 voitures en même temps pour observer laquelle se rendrait à 80% de recharge le plus rapidement, le constat a été sans appel. Après 57 minutes, la Kona était rechargée à 80%. De son côté, il a fallu 88 minutes à la Bolt EV pour se rendre à 80% de charge. Si on arrondit, on peut dire que la recharge de la Kona a duré environ 1h et celle de la Bolt EV environ 1,5h. Ainsi, la Bolt a pris 1,5 fois plus de temps pour être rechargée à 80% que la Kona Électrique. Alors que la Kona a débuté sa recharge à 361 Volts et 110 Ampères (à 23%), la Bolt a débuté sa recharge à 334 Volts et 47 Ampères (à 4%). La Kona s’est ainsi maintenue à plus de 100 Ampères pendant une grande partie de sa recharge, alors que la Bolt n’est montée à ce niveau que brièvement.
Confort intérieur inégal: Si le confort des sièges est dans la bonne moyenne, nous avons été quelques-uns à constater que l’espace pour les jambes était plutôt restreint à l’avant à cause de la console centrale plutôt massive. Si ça ne pose pas de problème au quotidien, ça peut devenir ennuyant lors de plus longs voyages. Les sièges sont quant à eux de bonne facture et le rembourrage semble être de qualité.
À l’arrière, ça se gâte. Ce véhicule que Hyundai qualifie de VUS offre peu d’espace pour les passagers aussi bien pour les jambes que la tête. Autrement dit, on est pas mal plus dans le registre des voitures compactes que des VUS. Les Leaf et Bolt EV s’avèrent donc être plus généreuses pour les passagers assis à l’avant et à l’arrière que dans la Kona.
Finition intérieure dans la moyenne: Sans faire bon marché, l’habitacle de la Kona Électrique ne renversera personne par son design et la qualité de ses matériaux. Pour un véhicule de plus de $50 000 (nous testions la version “Ultimate”), nous sommes quelque peu restés sur notre appétit vis-à-vis la qualité de finition. L’intérieur est sobre et classique voire un peu ennuyeux et la système de vision tête haute est vraiment inefficace. Les boutons sont bien placés et faciles d’utilisation et le tableau de bord est facile à comprendre et gérer, ce qui est un gros plus.
Espace cargo restreint: Du côté de l’espace cargo, celui de la Kona est plus exigu que celui de la Bolt EV, qui n’a pourtant rien d’un gros véhicule. Peut-être certains d’entre vous argumenterez que les chiffres officiels disent autre chose, mais dans la vraie vie, le coffre de la Bolt est plus spacieux… spécialement quand on enlève tous les faux planchers des 2 voitures. Ainsi, pour ceux et celles qui ont besoin d’un grand coffre, la Kona n’est peut-être pas le choix idéal.
Freinage régénératif dans la moyenne: Sans être aussi mou que le freinage régénératif de la Ioniq, de la Leaf de première génération ou de la Soul EV, le freinage régénératif de la Kona Électrique n’a pas l’efficacité de celui de la Leaf de deuxième génération, de la Bolt EV ou des Tesla. On peut finir par s’arrêter complètement si on met la palette au 3e niveau ET la gardons enfoncée pendant que nous approchons du point d’arrêt, mais ça n’a rien de “naturel” ou d’harmonieux. Et, fait étonnant, on peut même enlever complètement le freinage régénératif. À basse vitesse, la voiture émet un son afin d’avertir les passants que cette silencieuse voiture approche. Si certains apprécient, d’autres trouvent cela irritant.
Conduite assistée dans la moyenne: Pour les amateurs de conduite assistée, la Kona ne casse rien. Il fait en sorte que la Kona se promène en vascillant légèrement entre les lignes pendant que le régulateur de vitesse se montre assez précis dans son évaluation de la distance à garder vis-à-vis la voiture qui est devant elle. Elle offre donc un niveau qui est à peu près égal à celui de la Bolt EV, c’est-à-dire assez moyen et donc moins sophistiqué que celui de la Leaf, qui est lui-même derrière celui de Honda… et à des années-lumières des Tesla.
Port de recharge mal placé: Comment rendre vulnérable un port de recharge? C’est simple: en le plaçant sur le pare-choc avant de la voiture. Non seulement cela fait-il en sorte que quantités de débris provenant des véhicules devant vous seront projetés en direction de celui-ci, mais en cas de collision même mineure, il risque d’être endommagé. Mauvaise idée.
Un “GOM” TRÈS précis: Quel plaisir que cet indicateur d’autonomie! Après avoir vécu les affres des indicateurs d’autonomie des plus aléatoires qui ne faisaient qu’ajouter au stress de la conduite électrique, celui de la Kona est très précis. Beaucoup plus précis que ceux des Leaf, des Bolt EV et même des Tesla. Un vrai délice. Si ça vous dit au départ que vous aurez 400 kilomètres d’autonomie, vous aurez à peu de choses près environ 400 kilomètres d’autonomie à l’arrivée. Et ça, ça change tout pour les conducteurs moins habitués que nous qui sommes de vieux pros de la “prédiction électrique”.
Une batterie bien protégée et un chauffage efficace pour une autonomie optimale: La batterie de la Hyundai Kona Électrique est thermorégulée par liquide, ce qui est exactement la chose à faire. Qui plus est, la thermopompe rend le chauffage vraiment efficace, ce qui aide à garder une bonne autonomie hivernale. Ainsi, la Kona a tous les atouts en main pour à la fois protéger sa batterie ET faire en sorte que les passagers à bord se sentent confortables et bien au chaud. Et j’ai été à même de le constater. Bravo.
Même à -17 Degrés Celsius, celle-ci n’est jamais descendue sous les 280 kilomètres. En conditions hivernales, ma moyenne s’est donc maintenue entre 280 et 375 kilomètres, ce qui est excellent.
Un vrai bon véhicule électrique
Sans être parfaite, la Hyundai Kona Électrique offre beaucoup de ce qu’un électromobiliste peut désirer: une grande autonomie, une recharge rapide vraiment rapide, un agrément de conduite indéniable et un prix raisonnable… quand la version”preffered” à $45 599 sera disponible.
Pour le moment, seule la version”Ultimate” à $51 999 est offerte et cela risque de durer quelques mois encore.
Sans rendre la Bolt EV et la Leaf obsolètes, la Kona Électrique est tout de même devenue LA référence de la catégorie… où je n’inclus pas la Tesla Model 3. Elle est plus chère, plus luxueuse et plus sophistiquée. Comparez-vous des Honda ou des Hyundai à essence à des BMW ou des Porsche?
Avec un tel véhicule en plus de l’arrivée prochaine de la Ioniq à grande autonomie, de la Niro EV et de la Soul EV de 2e génération (sans oublier leurs hybrides et hybrides rechargeables), force est d’admettre que le duo coréen Hyundai-Kia est en train de donner une leçon aux autres constructeurs automobiles généralistes en matière de véhicules électriques.
C’est tout à leur honneur.
Daniel Breton
266 articles
Premier chroniqueur spécialisé en véhicules verts au Canada, Daniel Breton est aujourd’hui président et chef de la direction de Mobilité Électrique Canada, blogueur et consultant en matière d’énergie, d’environnement et d’électrification des transports. Sa carrière politique comme député à l'Assemblée nationale, puis comme ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs a été marquée par son implication envers l’environnement. C’est en tant qu’adjoint parlementaire de la première ministre du Québec qu’il a été responsable de la Stratégie d’électrification des transports. Daniel a été chroniqueur sur de nombreuses plateformes reconnues (journaux, télévision et sites Web) et a donné plusieurs conférences sur l’énergie et les transports verts. Mentionnons également qu’il a été conférencier invité au Bangladesh à l'occasion du Sommet de Copenhague, président fondateur du groupe Maîtres chez nous-21e siècle (MCN21) ainsi que coordonnateur et porte-parole de la Coalition Québec-Vert-Kyoto.