Je trouve bizarre que presque tout le monde soit d’accord avec l’idée que nous devons passer de la voiture à essence à la voiture électrique, mais que dans la population en général et les médias, peu de gens osent le dire haut et fort.
On dirait que tout le monde se garde une petite gêne. En septembre dernier, quand Greta Thunberg est venue à Montréal, je n’ai vu personne prendre le micro et dire d’une voix résolue : « Nous devons passer à la voiture électrique le plus rapidement possible ! »
Même Greta n’a pas vraiment parlé de voitures électriques dans son discours. Elle a dit qu’il y avait urgence climatique, qu’il fallait réduire nos émissions de gaz à effet de serre, mais elle n’a pas dit : « Cessez de rouler dans des voitures à essence ! »
Pourquoi elle ne l’a pas dit ?
Et pourquoi est-ce la même chose dans la population en général ? Allez dans une soirée entre amis et demandez aux gens ce qu’ils pensent de la voiture électrique. Vous allez voir, souvent il y a comme un petit malaise.
Plusieurs vont se mettre en mode défensif et dire : « ouais, la voiture électrique c’est bien, mais il y ceci, cela… l’autonomie… la disponibilité… le prix… » On cherche la petite bête !
Et dans les médias, c’est très rare qu’on voie un journaliste ou un éditorialiste dire clairement qu’il faut passer à la voiture électrique.
En tant qu’amoureux des VÉs, ça me fruste un peu. D’un côté, 95% de la population estime que la voiture électrique c’est mieux. Nos gouvernements et de nombreux pays dans le monde y croient également. Ici comme ailleurs, on offre des incitatifs. Et en même temps, il y a comme une hésitation à appuyer ouvertement les VÉs.
Est-ce parce que la voiture individuelle n’a pas bonne presse ? Il est vrai que pour bien des gens, la voiture est comme un mal nécessaire. On sait que l’automobile cause des embouteillages, des accidents, du stress, que le transport en commun est plus écologique.
Sauf qu’il faut être lucide ! Il y a presque 5 millions de voitures à essence au Québec. Les gens aiment posséder des voitures et qu’on le veuille ou non, les gens vont continuer à acheter des voitures. Et en 2019, 93 % des Québécois qui se sont acheté une voiture ont encore choisi un véhicule à essence. C’est beaucoup trop !
Tous ceux qui se préoccupent d’environnement ont été ravis d’entendre Greta Thunberg dire aux dirigeants du monde à l’ONU :
« How dare you do nothing in front of the climate emergency ? » Comment osez-vous ne rien faire face à l’urgence climatique ?
Moi j’aurais aimé qu’elle ajoute ceci aux participants de la grande manifestation de Montréal :
« How dare you keep driving in gas cars when it’s possible to drive in electric vehicles ? » Comment osez-vous rouler dans des voitures à essence alors qu’il est possible de rouler dans des véhicules électriques ?
Il me semble que ça nous aurait fouettés un peu. Et peut-être aussi que cela aurait aidé à relancer le débat sur la scène publique. Car oui, nous devons accélérer la transition énergétique et la voiture électrique peut y contribuer.
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Photo du haut : Lëa-Kim Châteauneuf (Greta Thunberg à Montréal en 2019)
Photo du bas : Leonhard Lenz (Greta Thunberg à Berlin également en 2019)
