La semaine dernière a eu lieu à Montréal une conférence dans le cadre du Forum Urba 2015 sous le thème : L’électrification des transports au Québec: la transition est amorcée. Cette conférence visait à faire le point suite à une conférence sur le même sujet qui avait eu lieu en 2010. La conférence a pu faire le point sur de nombreuses initiatives reliées à l’électrification des transports au Québec.
Que ça soit du point vue des transports collectifs ou individuels, tous les conférenciers s’entendaient pour dire que l’électrification des transports est incontournable. Maintenant, la question est davantage de savoir comment cette transition sera effectuée afin d’améliorer nos systèmes de transport de manière durable. Beaucoup d’intervenants ont fait valoir l’importance de profiter de ce changement technologique pour questionner la place de la voiture individuelle dans le cocktail transport. Donc si on veut atteindre les objectifs fixés par le gouvernement (que 25 % des nouveaux véhicules légers pour passagers vendus en 2020 soient électriques), il faut promouvoir la technologie certes, mais il faut surtout viser à diminuer l’acquisition de nouveaux véhicules en développant les modes de transport alternatifs.
La voiture électrique est viable au Québec
Une chose est certaine, selon Hydro-Québec et le maire de Boucherville, Jean Martel, la viabilité de l’auto électrique au Québec est maintenant démontrée. Grâce au projet d’expérimentation effectué avec les Mitsubishi iMiEV, nous savons maintenant que la voiture électrique résiste bien à nos hivers québécois. En fait, selon Pierre-Luc Desgagné d’Hydro-Québec, les essais ont confirmé la plupart des données théoriques sur l’auto électrique en terme d’autonomie, du lieu de recharge et facilité d’utilisation. Même si le froid limite un peu l’autonomie en hiver, l’ajout de bornes et l’utilisation de techniques simples telle que le préchauffage des voitures avant le départ peuvent facilement permettre de contourner le problème selon monsieur Desgagné. Mais comme il est possible de parcourir au moins 70 km sans problème, la voiture électrique répond aux besoins actuels de la majorité des ménages, même en hiver.
Une chose est certaine, Hydro-Québec est pleinement investie dans la promotion de la voiture électrique. Outre les 6 projets d’essais de la voiture électrique réalisés ou en cours, l’entreprise est également impliquée dans le développement du réseau de bornes de recharge public, dans des tests reliés aux technologies V2H (Vehicule 2 Home) et V2G (vehicule 2 grid) et est également impliquée dans différentes études de faisabilité d’électrification des transports collectifs.
La voiture électrique est une première voiture, non pas une deuxième
Monsieur Martel, un des premiers testeurs de la iMiEV, a livré un témoignage très positif sur ses 18 mois avec la voiture. Selon lui, la voiture électrique est très agréable à conduire. Amateur de voitures performantes, il a tôt fait de la iMiEV sa voiture principale : environ 70 % de son kilométrage a été effectué avec la voiture 100% électrique. Ses chiffres confirment donc qu’une famille avec 2 voitures peut utiliser principalement la voiture électrique pour la majeure partie de ses déplacements.
Bilan du projet de Communauto
Un des plus gros projets de flotte de véhicule électrique actuellement en cours est l’implantation de 50 Nissan Leaf de Communauto. L’entreprise a commencé à prendre possession de ses voitures en septembre dernier. Monsieur Benoît Robert, président de Communauto, a dressé un bilan de l’avancement du projet.
En ce qui concerne l’utilisation et la satisfaction du service, monsieur Robert a confirmé que le projet était positif et que les utilisateurs apprécient leur expérience. Communauto possède présentement 25 voitures Leaf.
Pour ce qui ests de l’aspect financier, monsieur Robert a toutefois mentionné que les Leaf n’étaient pas encore rentables. En fait, le but de l’objectif est de doubler l’utilisation de ces voitures grâce à différentes optimisations telles que la flexibilité des réservations et l’emplacement des véhicules. Depuis le début du programme, les véhicules ne pouvaient être réservés pour plus d’une journée. Le temps de chargement des voitures électriques rend également problématique l’utilisation de la voiture par plus d’un utilisateur par jour puisqu’il est difficile d’estimer le niveau de charge au retour du premier utilisateur. À ce sujet, l’entreprise cherche à améliorer la plateforme de réservation afin mieux gérer l’autonomie des voitures et ainsi rendre les voitures disponibles à plus d’un utilisateur par jour.
Monsieur Robert a conclu en affirmant qu’il a toujours été clair pour l’entreprise que la technologie électrique est un moyen intéressant d’atteindre les objectifs environnementaux de Communauto, mais pas une fin en soi. Il a fait valoir que le service Communauto permet de réduire grandement le nombre de voitures sur les routes, donc il a réaffirmé l’importance pour son entreprise de prioriser la croissance du service, quel que soit le type de motorisation utilisé.
Et le transport collectif?
Il a également été grandement question de l’électrification des transports collectifs. Il y a des nombreuses initiatives en cours présentement. Parmi les initiatives majeures, on peut mentionner l’achat au cours des prochaines années de 475 autobus hybrides de série. C’est une très bonne nouvelle, car les hybrides de série pourront éventuellement être convertis en autobus électrique lorsque la technologie sera prête. Bien entendu, il y a également un important projet de développement d’un autobus électrique de conception québécoise. Parmi les autres projets, on peut mentionner des essais de biberonnage et de recharge par induction.
Donc, si la technologie a maintenant fait ses preuves et est loin d’avoir atteint son plein potentiel, l’objectif est maintenant de la rendre attrayante au plus grand nombre en faisant valoir ses avantages et en la rendant encore plus avantageuse financièrement.
Vincent Dussault
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Citadin adepte de transport alternatif, je m'intéresse depuis plusieurs années à l'auto électrique. Comme je me déplace principalement en vélo et à pied, j'ai à coeur l'amélioration de la qualité de l'air des villes. Je crois également que l'indépendance énergétique du Québec pourrait grandement nous aider à relever les défis financier qui attendent les québécois.
Je m'intéresse tout particulièrement à l'autopartage dans toutes ses formes. Je partage des liens sur ce sujet à www.twitter.com/autopartagemtl