Lorsque la première Ford Mustang est arrivée sur le marché en 1964, Lee Iaccoca voulait en faire une voiture adaptée aux sixties et, plus précisément, que celle-ci incarne une approche plus moderne que les voitures américaines du temps, qu’elle soit à tendance sportive et relativement abordable pour la génération montante du baby-boom d’après guerre. Le pari a été brillamment réussi et le temps a fait de cette voiture une icône de l’histoire automobile américaine.
Moi-même un enfant de la Génération X, je me rappelle mes cousins plus âgés que moi qui se promenaient en Mustang et en 1992, je me suis moi-même acheté une Mustang 1965 que j’ai possédée pendant quelques années… jusqu’à ce que je m’achète une Honda Insight (ma première voiture partiellement électrique) il y a une vingtaine d’années que je possède d’ailleurs toujours.
Être au goût du jour… 57 ans plus tard
En 2021, offrir une toute nouvelle Mustang pour la réalité du 21e siècle signifie une fois de plus faire un véhicule qui ait une approche plus moderne que les voitures américaines d’aujourd’hui, qu’elle soit à tendance sportive et relativement abordable.
Est-ce que le pari est réussi ?
Regardons de plus près.
Une approche plus moderne : absolument
En délaissant la motorisation à essence pour adopter une motorisation électrique, Ford pose un geste fort en ce qui a trait à une approche plus moderne. Qui plus est, le format VUS est lui aussi parfaitement adapté au goût du jour. On a qu’à voir la chute quasi vertigineuse des ventes de voitures au détriment des ventes de VUS et de multisegments pour comprendre que la Mustang MACH-E est bien de son temps. Ainsi, de la nostalgie, le nom Mustang passe à la modernité… n’en déplaise aux “puristes” de la marque.
Une voiture à tendance sportive : oui
Malgré le fait qu’elle soit plus grosse qu’une Mustang traditionnelle, le VUS MACH-E n’a absolument pas à rougir de ses performances. Être capable de faire le 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes n’est pas donné à beaucoup de véhicules. D’ailleurs, la vaste majorité des Mustang à essence de l’histoire n’ont jamais pu en faire autant. Qui plus est, son centre de gravité est abaissé par le poids de la batterie dans le plancher. Ça n’en fait pas un véhicule de piste pour autant, mais ce véhicule est solide et bien planté sur la route sans le sautillement caractéristique dans les courbes de nombreuses Mustang du passé. Cela dit, on sent tout de même le poids du véhicule en accélération comme en virage, mais c’est très facilement gérable. Moins précise et vive que la Tesla Model Y, elle est cependant plus agréable à conduire au quotidien.
Durant notre court essai, la consommation d’électricité du MACH-E à 100 km/h a oscillé autour de 21 kWh/100 km, ce qui est dans la moyenne des véhicules électriques de son gabarit. Je tiens à préciser qu’il faisait – 3 degrés Celsius à l’extérieur et que le chauffage était réglé en mode automatique à 20 degrés.
Une voiture relativement abordable : pas tout à fait
Bien qu’étant passablement plus chère que les Mustang d’entrée de gamme, son prix demeure dans la moyenne des Mustang de performance, des VUS de milieu de gamme et des véhicules électriques. Donc, sans être considérée comme abordable, le MACH-E demeure tout de même assez abordable pour être admissible au rabais de 8000 $ du gouvernement du Québec avec un prix de départ de 50 495 $. À ce prix, elle n’est cependant pas admissible au rabais fédéral de 5000 $.
Un véhicule que beaucoup attendaient
Pendant que tant de gens sont concentrés sur Elon Musk et Tesla, certains – dont votre humble serviteur – se demandaient qui, parmi les grands constructeurs arriverait avec un véhicule électrique qui serait non seulement compétent, mais emballant à un prix acceptable.
En effet, depuis 2010, les véhicules présentés par tous les constructeurs se sont avérés parfois inintéressants, parfois bien conçus, mais rarement inspirants, sauf pour une poignée de geeks électromobilistes. Entre nous, une Nissan Leaf, une Chevrolet Bolt EV ou une Kia Soul EV sont peut-être des véhicules électriques fort respectables, mais ils n’ont jamais rien eu pour susciter la passion d’une Tesla Model S ou d’un Model 3.
Du côté des véhicules allemands, si la Porsche Taycan est effectivement inspirante, son prix de départ de plus de $120 000 (et qui peut dépasser les 200 000 $), a de quoi nous faire expirer rapidement.
Et voilà que Ford relève le défi de façon brillante et prend la pôle chez le “Big three”.
Du choix dans l’autonomie
Le MACH-E offre un choix entre 2 grosseurs de batteries : une « petite batterie » de 75,7 kWh dont 68 kWh sont utilisables et une grosse batterie de 98,7 kWh dont 88 kWh sont utilisables. Cela fait en sorte que les batteries de cette voiture auront une marge de manœuvre (ou d’usure). Voilà qui est rassurant car cela fera qu’au fil du temps et de la lente perte de capacité de la batterie, l’autonomie réelle de la voiture sera en quelque sorte protégée.
Les autonomies officielles selon l’EPA sont de :
– 370 km pour la version de 68 kWh à propulsion ;
– 340 km pour la version de 68 kWh à traction intégrale ;
– 483 km pour la version de 88 kWh à propulsion ;
– 435 km pour la version de 88 kWh à traction intégrale.
Ainsi, pour moins de $60 000, vous pouvez posséder un VUS électrique dont l’autonomie moyenne est de 483 km (MACH-E Premium à propulsion), vous propulse de 0 à 60 mph en moins de 5 secondes, offre une qualité de finition de bonne facture et a un look beaucoup plus engageant que la concurrence.
Pas mal gagnant comme combinaison !
Pour tous les goûts et les budgets
Un des avantages du MACH-E vient du fait que les gens auront le choix entre un véhicule à propulsion ou à traction intégrale, une autonomie plus limitée ou plus grande et des performances plus ou moins relevées. Ford propose aussi trois modes de conduite : Whisper, Engaged et Unbridled (débridé). Beaux jeux de mots pour des Mustang ! Par ailleurs, il y a 3 modes de freinage régénératif, passant de 0 à la conduite à une pédale et disons-le, leur système est très efficace.
Un système Sync de nouvelle génération
Cette Mustang Mach-E inaugure de plus une nouvelle génération du système Sync de Ford. En effet, ce système s’adaptera au conducteur dès qu’il commencera à l’utiliser, apprenant ses préférences et formulant des suggestions personnalisées.
De plus, il aura la capacité de s’améliorer en permanence grâce à des mises à jour pouvant hausser les performances du véhicule, recommander des entretiens ou ajouter de nouvelles fonctionnalités… à la Tesla. Aussi, avec son écran central de 39 cm, des haut-parleurs Bang & Olufsen et son toit panoramique, la Mustang Mach-E est résolument moderne et le son est de très grande qualité. Petit détail ennuyeux, l’écran central est tellement large que les électromobilistes aux grandes jambes le trouveront peut-être encombrant.
De plus, l’habitacle manque quelque peu de touches de couleur. La version de pré-production était étonnamment bien finie avec des textures qui ne sont pas sans rappeler certaines marques de luxe. D’ailleurs, je ne peux m’empêcher de souligner que la version de pré-production de la MACH-E était mieux finie que des Tesla Model Y de production !
Recharge jusqu’à 150 kW
La Mustang Mach-E pourra être rechargée sur une borne de 240 V à une vitesse de recharge d’environ 50 km/h pour une recharge complète nécessitant 6,5 h ou 9,5 h (selon la grosseur de la batterie). Selon Ford « la Mustang Mach-E dotée d’une batterie à autonomie prolongée et d’une propulsion peut recharger en moyenne 97 kilomètres d’autonomie en 10 minutes environ, et de 10 % à 80 % en 45 minutes, lorsqu’elle est connectée à une BRCC ».
Comme je n’ai eu l’occasion de tester ce véhicule que durant quelques heures, je n’ai pu valider cette information. Fait à noter, la MACH-E accepte la recharge à 150 kW. On va d’ailleurs bientôt tester cette recharge rapide.
De plus, le système de navigation connecté repère les stations de recharge publiques disponibles pendant les trajets et invite les propriétaires à effectuer la recharge aux endroits les plus pratiques pour chaque trajet. Et ça fonctionne bien.
Un VUS pratique
Ce VUS à cinq passagers offre un coffre moyennement spacieux avec un espace cargo pouvant passer de 822 à 1688 L avec les banquettes arrières rabattues… en plus d’une unité de rangement de 136 L dans le coffre à bagages avant, communément appelée « frunk ». Or, ce « frunk » possède un mécanisme de drainage, ce qui fait qu’on peut facilement le remplir de glace et conserver les boissons au froid. Ingénieux !
Comparativement aux véhicules électriques que nous connaissons tous tels que les Leaf, Bolt, Kona et Niro, cet espace cargo combiné est légèrement plus important. La Model Y fait un peu mieux avec 1 925 litres auquel s’ajoute un compartiment sous le coffre arrière.
Durant mon essai, j’ai fait l’exercice de faire se stationner un Jeep Grand Cherokee à côté du MACH-E. Cet exercice comparatif a dévoilé que si le Grand Cherokee est légèrement plus haut sur pattes, les deux véhicules ont à peu près la même longueur et largeur et que l’espace cargo est comparable. À l’intérieur, le Mustang MACH-E est légèrement plus spacieux pour les passagers, entre autres du côté de l’espace pour la tête et les épaules à l’avant comme à l’arrière.
J’ai grandi avec les Ford Mustang. En tant que fan depuis toujours du cheval au galop, je suis particulièrement heureux de voir qu’il plonge résolument dans le nouveau monde des véhicules branchés et il le fait de manière brillante.
Avec le MACH-E, le nom Mustang marquera de nouveau l’histoire de l’automobile par son audace… comme à ses débuts.