NDLR: Pour ce nouvel article, Alain Fiset, toujours aussi passionné des véhicules électriques et doué pour mettre en pratique et tester les informations qu’on peut lire sur Internet, vous fait un compte-rendu précis et qui tient compte de la vraie réalité. Cette semaine, on découvre le nouveau camion de livraison (aussi connu sous “last mile“): Le Brightdrop ZEVO 600 AWD 2023.
Résumé d’une fin de semaine d’utilisation du camion.
Brightdrop a été créé par GMC en 2021 et fabrique les camions à Ingersoll en Ontario.
Nationex est une compagnie de transport québécoise qui livre partout au Canada. Le camion Brightdrop a une batterie de 173 kWh, et pour ce modèle, le chargeur embarqué est de 11.5 kW, bien que le chargeur 19.2 kW soit en option. Il est équipé de deux moteurs (4X4), d’une architecture de batterie de 400 volts, avec une autonomie annoncée de 400 kilomètres et une consommation estimée à 2.3 kWh/km ou 43 kWh/100 km.
Le départ
Le départ du bureau chef de Nationex à Saint-Hubert s’est effectué avec un camion neuf indiquant 2 kilomètres au compteur, une batterie à 80% vers 16h00. Quelques minutes ont été nécessaires pour connecter le téléphone au camion, activer CarPlay, le GPS intégré Google, et apprivoiser l’environnement. Un bref arrêt au quartier Dix-10 pour quelques courses et le souper a été suivi d’un départ pour Saint-Ferdinand.
Le trajet comprenait 150 kilomètres d’autoroute et 50 kilomètres sur des routes secondaires, totalisant ainsi 200 kilomètres. La température extérieure était de 15 degrés, avec très peu de vent.
Bien que le camion soit un véhicule de livraison, il attire l’attention. Le véhicule offre une accélération sans faille, une caméra 360 degrés, un détecteur dans les rétroviseurs pour les véhicules sur le côté, un régulateur de vitesse adaptatif, une vitesse de croisière de 100 km/h sur l’autoroute, une vision incroyable, mais le contrôle du chauffage n’est pas évident. Merci à Apple CarPlay et ma connexion Spotify pour une bonne playlist afin de tenter de masquer le bruit de fond. Le système de sonorisation est tout de même bon.
La consommation
Pour la consommation, l’indicateur est en KM/kWh et non kWh/100 kilomètres, mais comme pour tout autre véhicule, il y a le voyage instantané, voyage 1 et voyage 2. Après 150 kilomètres sur l’autoroute 20, la consommation était de 38,5 kWh/100, offrant ainsi une autonomie de plus de 450 kilomètres. J’en ai profité pour faire une pause et tester une borne de recharge AddÉnergie de 50 kW du Circuit Électrique, la batterie était à environ 50 % sans aucun problème de connectivité. La borne a délivré 125 ampères, cependant, la courbe de recharge n’était pas constante. J’ai transféré 7.1 kWh en 11 minutes 30 secondes, ce qui donnerait 37 kWh pour une borne de 50 kW avec une courbe constante techniquement. J’aurais délivré entre 41 et 43 kWh. En jouant avec le tableau de bord sur la route, j’ai découvert une option de préchauffage de la batterie. Le prochain test à venir. Après 200 kilomètres, la consommation était de 2.5 km/kWh, ce qui donne une consommation de 40 kWh/100 (432 kilomètres d’autonomie) à une température extérieure de 10 degrés à mon arrivée.
Les premiers rechargements
À ma destination, j’ai rechargé sur une borne mobile qui donne normalement 6 kW du vendredi soir au samedi matin (environ 12 heures). J’ai réalisé un gain de 44%, passant de 70%, soit environ 46 kWh d’énergie, ce qui me semble peu. Quelle est la perte entre le chargeur et le camion? Étant branché, le camion a-t-il utilisé de l’énergie pour conditionner la batterie? Cela reste à développer!
Je n’ai pas branché le camion du samedi soir au dimanche matin, le niveau de charge est resté à 66%.
Bonne nouvelle, aucun VAMPIRE DRAIN, phénomène très répandu pour les modèles Tesla (perte d’autonomie à l’arrêt) n’est également pas présent sur les produits Ford.
Dimanche matin, à une température de 10 degrés Celsius, sans préchauffage, pour un parcours de 17 kilomètres, surtout en montée, j’ai perdu 6% de la batterie, soit 32 kilomètres au compteur, 10.62 kWh de batterie, soit plus de 60 kWh/100. Pas de panique, comme mentionné, j’étais en montée sur plus de 12 kilomètres, mais voici le constat: il faut vraiment un préchauffage avant que le véhicule prenne la route.
Je repars dimanche après-midi de Saint-Julien (région des Bois-Francs) pour Thetford Mines avec une batterie à 60%, une température de 10 degrés et en direction d’une borne de recharge de 100 kW à 42 kilomètres. Après 25 kilomètres, j’active le préchauffage de la batterie. L’ordinateur de bord m’indique que cette opération pourrait prendre jusqu’à 1 heure. Environ 15 à 20 minutes plus tard, j’arrive à la borne tout en continuant à recevoir le message que le pré-conditionnement de la batterie est en cours. Je branche le véhicule sur une borne de 100 kW de AddÉnergie du Circuit Électrique. Très rapidement, j’obtiens 200 ampères de la borne. Cependant, malgré la batterie étant à 52%, le voltage est à 303 volts (ce qui semble très bas, je devrai approfondir le voltage réel de la batterie). Je reste seulement 8 minutes, mais la courbe est stable et la puissance est d’environ 63 kW, avec un ajout de 7,56 kWh en 7 minutes 30 secondes.
Je pars pour une autre borne rapide à 90 kilomètres par des routes secondaires. Selon Google intégré au véhicule, je vais arriver à 39% de batterie. J’arrive à 40% sur une borne Electrify Canada de marque BTC de 150 kW au Canadian Tire, à Lévis secteur St-Romuald, sans préchauffage pour cette recharge. La connexion est effectuée avec l’application instantanée. La puissance est de 104 kW à 40%. Electrify Canada ne donne pas le voltage au véhicule, mais en fonctionnant par déduction, la batterie est environ à 300 volts avec 350 ampères à la borne, j’atteins 105 kW. Je charge jusqu’à 60% (j’étais rendu à 112 kW de puissance), ajoutant ainsi 20% à la batterie du véhicule pour un total de 39 kWh en 22 minutes. Le coût avant les taxes est de $12.54.
Notre bureau est à 4 kilomètres de cette borne à Lévis secteur St-Rédempteur. Arrivé au bureau, je teste une borne rapide IES de 24 kW, la connexion fonctionne du premier coup, j’obtiens une vitesse de recharge de 20 kWh. Rendu à 74% de recharge sur la borne rapide, je passe à une borne de niveau 2, une ABB 19.2, similaire à l’installation au bureau Nationex de Québec. La connexion est instantanée selon le tableau de bord, ma recharge sera rendue à 90% dans 2.5 heures. Mon trajet de dimanche après-midi de 142 kilomètres, principalement sur des routes secondaires avec une température de 10 degrés Celsius, presque pas de vent, et une pluie légère avec le chauffage activé, montre une consommation de 2.8 km/kWh ou 36 kWh/100, ce qui me donnerait une autonomie de 480 kilomètres.
J’ai donc parcouru 414 kilomètres en 3 jours avec une moyenne de 2.5 km/kWh, soit 40 kWh/100, pour une autonomie de 435 kilomètres. Sous toute réserve, si je fais des comparatifs avec notre flotte de E-transit, je ne serais pas surpris en été de voir des autonomies de plus de 450 kilomètres régulièrement, avec une moyenne en hiver de 325 kilomètres et le pire des scénarios en hiver avec des températures de –25, -30 devrait être environ 225 kilomètres.
Les +
- Facilité de l’interface
- Régulateur de vitesse adaptatif
- Siège qui vibre lorsque l’on approche d’un obstacle
- Siège et volant chauffants
- Vision
- Pré-conditionnement de chauffage de la batterie pour destination sur borne rapide
Les –
- On ne voit pas le pourcentage de batterie en fonction, seulement quand le véhicule est arrêté
- Consommation en km/kWh, au lieu de kWh/100. Je n’ai rien trouvé pour le changer.
- Le chauffage ne semble pas être stable
- Pas de banquette pour un passager
Note générale
Pour maximiser la régénération, il faut engager le camion en mode L (qui n’est pas low). En mode L, on n’utilise pratiquement pas les freins.
Aucun chargement dans le camion, mais dû au poids du véhicule, l’ajout de poids dans le véhicule risque d’affecter très peu l’autonomie (ce que nous avons constaté avec le E-Transit).
Un merci spécial à l’équipe de Nationex de m’avoir prêté le camion neuf pour vivre cette expérience. Un pas de plus par une compagnie visionnaire dans la décarbonisation du transport.