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Le marché canadien des VE en pleine turbulence : recul temporaire ou réajustement nécessaire?

Les chiffres de 2025 sont sans appel : après une année record en 2024 avec 126 657 VE vendus au Québec, les ventes se sont effondrées de 40% depuis janvier. Au troisième trimestre, les véhicules électriques ne représentaient plus que 5,5% du marché canadien, contre 11,6% un an plus tôt. Face à cette chute brutale, faut-il y voir l’échec d’une transition mal planifiée ou un réajustement inévitable?

Une chute spectaculaire mais prévisible

Les données de Statistique Canada sont éloquentes. En juin 2025, seulement 14 090 VE ont été vendus au Canada, une baisse de 35% par rapport à juin 2024. Plus révélateur encore : les véhicules à essence regagnent du terrain avec 73,8% du marché au Q3, tandis que les hybrides progressent à 12,4%.

Cette dégringolade s’explique par plusieurs facteurs convergents :

  • Fin du programme fédéral iVZE en janvier 2025 (5 000$ de rabais perdus)
  • Réduction du programme québécois Roulez vert à 4 000$ maximum (contre 7 000$ avant)
  • Incertitude sur les tarifs américains et guerre commerciale
  • Prix encore élevés malgré les baisses récentes

Le Québec, champion canadien de l’électrification avec 30,9% de parts de marché en 2024, a vu ses ventes chuter de 65% lors de la suspension temporaire de son programme en février-mars 2025.

L’industrie recalibre ses ambitions

Face à cette réalité, les constructeurs ajustent leur stratégie. Ford a pris une charge de 19,5 milliards $ et arrêté la production du F-150 Lightning. General Motors ralentit ses investissements.

Les concessionnaires constatent un changement net dans les intentions d’achat. Selon AutoHebdo, malgré des stocks en hausse et des prix en baisse (66 542$ en moyenne, -5,8% sur un an), l’intérêt pour les VE diminue constamment depuis le début 2025.

Cependant, l’industrie ne tourne pas forcément le dos à l’électrique : elle réévalue ses approches commerciales et ses stratégies de production pour mieux coller aux besoins des consommateurs. Cette période de transition permet de solidifier les fondations du marché, d’accroître l’accessibilité des VÉ et de préparer une croissance plus durable et adaptée dans les années à venir.

Les projets industriels persistent malgré tout

Paradoxalement au ralentissement des ventes de VÉ, les investissements dans l’infrastructure québécoise continuent d’avancer et montrent la confiance des acteurs mondiaux dans l’avenir de la mobilité électrique. Le 15 décembre, Volta Energy Solutions Canada (VESC) a obtenu un financement majeur d’environ 194 M$ du gouvernement sud-coréen via le « Supply Chain Resilience Fund », complété par des prêts internationaux, pour son usine de feuilles de cuivre pour batteries à Granby — un composant essentiel des batteries lithium-ion qui alimente à la fois les VÉ et les systèmes de stockage d’énergie.

La construction se poursuit selon le calendrier, avec une mise en service prévue au second semestre 2026 et une production initiale de 25 000 tonnes par an, pouvant atteindre 63 000 tonnes selon la demande.

Une transition qui cherche son équilibre

L’analyse d’Arvind Gupta dans le Globe and Mail offre une perspective nuancée : ce n’est pas nécessairement un abandon de l’électrification, mais une transition vers une approche plus industrielle. Depuis 2020, 46 milliards $ ont été investis dans la chaîne d’approvisionnement VE au Canada.

Cependant, le Canada reste handicapé par son paradoxe structurel : deuxième du G7 en recherche universitaire, mais presque dernier en R&D privée. Sans résoudre ce problème fondamental, les innovations canadiennes continueront d’être commercialisées ailleurs.

Implications pour l’industrie québécoise

Pour des entreprises comme Roulez Électrique, cette période de turbulence appelle surtout à une adaptation stratégique :

Court terme : Accompagner les clients dans l’optimisation de leurs véhicules électriques actuels et de leurs installations de recharge, en mettant l’accent sur la performance, la fiabilité et la réduction des coûts d’utilisation.

Moyen terme : Se préparer à une reprise progressive de la demande, avec un intérêt accru du côté des flottes commerciales, des entreprises et des usages spécialisés, souvent plus stables que le marché grand public.

Long terme : Investir dans la formation et l’expertise technique afin d’être prêt lorsque le marché redémarrera, notamment avec l’arrivée de nouvelles générations de batteries et de solutions de recharge mieux adaptées au climat canadien.

Conclusion : une pause nécessaire?

Le ralentissement des ventes de VÉ en 2025 met surtout en lumière une phase d’ajustement dans la transition énergétique. Les consommateurs canadiens ne rejettent pas l’électrification : ils attendent des solutions mieux alignées avec leurs besoins, leurs usages et leur réalité budgétaire.

Si les programmes d’incitatifs évoluent — avec un cadre plus prévisible au Québec jusqu’en 2026 — cette période invite à une approche plus réfléchie et durable, tant pour les acheteurs que pour l’industrie.

La transition vers la mobilité électrique se poursuit, mais de façon plus progressive. Pour l’écosystème québécois, cette phase représente une occasion de se structurer, d’innover et de bâtir des bases solides pour l’avenir électrique qui continue de se dessiner.

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