Je sais que les gens aiment avoir beaucoup d’autonomie, mais combien en veulent-ils exactement pour passer à la voiture électrique ?
On parle souvent dans les médias de l’arrivée prochaine de batteries révolutionnaires qui permettront une autonomie de 700 kilomètres à bon prix. Est-ce une bonne nouvelle ? J’en suis pas sûr, car je trouve que ça incite les gens à se dire : je vais attendre ces nouvelles batteries avant de passer à l’électrique.
En réalité, on ne sait même pas si elles vont arriver ! Si ça arrive, tant mieux, la transition énergétique va se faire plus rapidement. Néanmoins, je suis sceptique, j’ai plutôt l’impression que les batteries vont s’améliorer tout doucement.
Et alors ? Ce n’est pas plus grave que ça ! Tous ceux qui possèdent actuellement des Bolt, des Kona et des Tesla 3 sont très satisfaits de leur autonomie et n’en souhaitent pas davantage.
Le 700 kilomètres, n’est-ce pas simplement une petite toquade de gens qui ne possèdent pas encore de véhicules électriques ?
Au quotidien
Le problème avec l’autonomie, c’est que dans la vie de tous les jours, la plupart des gens ont besoin de très peu d’autonomie. Bien des Québécois roulent moins de 50 kilomètres par jour et parfois moins ! Sauf que de temps en temps, on aime être capable d’aller loin.
Je me rappelle, la première fois que j’ai pensé à m’acheter une voiture électrique, tout de suite j’ai songé aux fois où je voudrais me rendre à New York, dans le Maine ou au Saguenay. « Comment vais-je faire ? » me suis-je demandé.
J’ai changé d’idée depuis, car en réalité, il suffit de se dire qu’on est prêt à perdre quelques heures par année pour se recharger durant ces voyages. Ce n’est pas plus compliqué que ça !
Et dites-vous que ce ne sont pas vraiment des heures perdues ! On peut utiliser ce temps libre pour manger dans un restaurant, marcher ou jouer avec son cellulaire. Personne n’est ligoté dans le coffre de sa voiture pendant la recharge !
Et quelques heures par année, ce n’est pas un si gros sacrifice pour combattre le réchauffement climatique, vous ne trouvez pas ?
De la boucane ailleurs
C’est fantastique de se promener en voiture électrique et d’émettre zéro émission, mais si la batterie est grosse pour rien, vous continuerez à nuire à l’environnement.
Pourquoi ? La réponse est simple : pour extraire les métaux servant à fabriquer les batteries, ça prend de la grosse machinerie diesel (forage, concassage, transport). Les émissions que vous ne faites pas, ce sont ces machines-là qui les feront. Ça prend parfois des tonnes de roches pour fabriquer un seul kilo de minerai convoité !
Ainsi, posséder un VÉ avec une batterie qu’on utilise à 10% de sa capacité 50 semaines par année (parce qu’on se recharge la nuit) et qu’on ne vide que la fois où l’on descend dans le Maine, ce n’est pas très écolo. C’est plus intelligent d’acheter un VÉ avec une plus petite batterie et d’accepter l’idée qu’on va s’arrêter une heure ou deux lors des voyages.
Vous roulez souvent 100, 200, 300 kilomètres dans une seule journée, été comme hiver ? Alors là, ce n’est pas la même chose. Moi je parle de gens qui roulent peu, mis à part quelques voyages par année.
Et tout cela n’est valable que dans la mesure où il est vrai que fabriquer une batterie pour VÉ émet énormément de GES. Si dans un avenir rapproché, on crée de nouvelles batteries plus écologiques ou s’il devient possible de recycler le minerai contenu dans les batteries, ça changera tout !
La Presse
Mais pour l’instant, fabriquer de grosses batteries peut émettre autant que la construction de la voiture ! Vous avez lu l’article de Luc Gagnon dans La Presse récemment ?
Ce dernier a été conseiller sur les changements climatiques à Hydro-Québec et réviseur-expert du GIEC et il affirme qu’il est préférable de s’acheter un hybride rechargeable plutôt qu’un véhicule 100% électrique si on parcourt moins de 10 000 kilomètres par année.
Pourquoi ? Parce que les hybrides rechargeables ont de petites batteries de 10 à 20 kWh seulement. Pour quelqu’un qui roule peu, il va chaque jour utiliser au maximum sa batterie sans utiliser le moteur à essence. Il va donc faire un usage optimal de sa batterie.
Moi j’aime les voitures 100% électriques et je les conseille à tout le monde. Devrais-je changer d’idée ? Je ne crois pas. Pour ceux qui roulent peu, je rétorquerais à M. Gagnon que ça dépend quel véhicule on choisi ! S’acheter un VÉ avec une petite batterie ou de seconde main si on ne roule pas beaucoup est un choix très écologique, j’en suis persuadé.
Par contre, si vous souhaitez vous acheter la nouvelle Mustang Mach-E avec la grosse batterie (98,8 kWh) et que vous faites seulement 8 000 km par année, là j’avoue que votre geste ne sera pas très écologique. Quoique si vous revendez notre voiture après 6 ans à quelqu’un qui roule beaucoup, ça risque de s’équilibrer.
Bref, comme vous voyez, acheter une voiture de nos jours, c’est plus compliqué qu’avant, surtout si on cherche à être un citoyen respectueux de l’environnement.
Alors bonne chance dans vos recherches si vous songez à remplacer votre voiture cette année. Il y a sûrement un véhicule électrique conçu pour vous !