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Véhicules autonomes: 25% des déplacements au Québec en 2030?

Une conférence intitulée «Automated vehicules: Planning the Next Disruptive Technology a eu lieu à Toronto cette semaine. Organisée par le «conférence Board du Canada», elle réunissait plusieurs experts en transport et représentants des différents paliers de gouvernements.
Des voitures complètement autonomes d’ici 2020?
Tous les experts et participants s’entendent pour dire que la technologie approche rapidement la commercialisation et que les premières voitures autonomes feront leur apparition quelque part entre le tournant de la décennie ou au plus tard vers 2025. Pendant les conférences, plusieurs projets déjà en opération ou en développement ont été présentés. Même si pour l’instant la plupart des projets en opération sont situés sur des terrains privés, les différents progrès des constructeurs automobiles et des entreprises technologiques ont démontré que l’arrivée des voitures autonomes est inévitable.
Le directeur exécutif du «Canadian Automated Vehicules Centre of Excellence» (CAVCOE), Barrie Kirk, a présenté de le début de la conférence ses prédictions: des voitures 100 % autonomes commercialisées d’ici 2020. Il va même jusqu’à affirmer que les parts des véhicules autonomes (VA) seront significatives dès 2025. Une autre étude citée par un professeur de l’université de Toronto, David Ticoll, avance des chiffres où les VA pourraient accaparer plus de 25 % des VKT (Vehicule km Travelled ou km totaux parcourus par des véhicules).
C’est un chiffre très impressionnant étant donné que selon le ministère des Transports du Québec, 95% de km effectués au Québec à des fins personnelles les sont en voiture. Bien entendu, compte tenu de la très petite part du parc automobile qui est électrifié, 99,9% de ces km sont présentement effectués avec des voitures à essence.
Les voitures autonomes, le meilleur moyen d’électrifier nos transports?
Compte tenu que tout indique que la grande partie, sinon la totalité des VA seront électriques, plusieurs experts s’entendent pour dire que l’arrivée de la voiture autonome pourrait faire croître de manière exponentielle l’électrification des transports.
Dans les faits, comme la part de l’automobile dans les déplacements continue de croître au Québec, l’électrification du parc automobile pourrait être très longue.
Selon une étude de l’IRIS publié il y a quelques mois, même si on atteignait l’objectif de 100 000 VÉ au Québec en 2020, il faudrait possiblement attendre 2025 avant que l’électrification du parc engendre des impacts significatifs sur les GES au Québec en raison de la croissance constante du parc automobile à essence.
Et comme cette croissance du parc automobile se fera aux dépens du transport en commun, qui représentait déjà moins de 5 % des km effectués en 2010, il ne faut pas tellement compter sur le transport en collectif pour contribuer significativement à l’électrification si on ne change pas notre approche. Mais ce qui est intéressant avec les transports en commun, c’est que les VA pourraient justement jouer un rôle dans l’amélioration des services publics de plusieurs manières.
Premièrement, des systèmes de transport collectifs pourraient permettre de mettre en service des navettes plus petites, mais plus fréquentes. Comme on sait que la fréquence d’un service améliore énormément la qualité du service, il est facile de voir à quel point les VA peuvent avoir un impact sur les transports collectifs.
Bien entendu, l’autre impact positif sur les transports collectifs sera la possibilité de faciliter l’accès au transport collectif pour ceux qui ne sont pas à proximité. C’est le fameux concept first/last mile que j’ai déjà évoqué dans des articles précédents.
Impact de la voiture autonome sur les déplacements motorisés : 2 scénarios paradoxaux
La question à plusieurs milliards de dollars quand il est question des véhicules autonomes, c’est quelles seront les infrastructures qui seront rendues désuètes par les véhicules autonomes. La problématique actuelle, c’est que la VA pourraient avoir différents impacts aux effets opposés.
Scénario 1: Les VA demeurent individuels et permettent d’augmenter les distances parcourues
Comme il promet de réduire grandement la congestion et les coûts de transport, les VA risquent probablement de générer une demande induite si aucune mesure d’atténuation de la demande n’est mise en place. Cette augmentation des distances parcourue pourrait accélérer l’étalement urbain.
Scénario 2: Les VA sont partagés et permettent de diminuer l’utilisation des modes de transport motorisés
De l’autre côté, une amélioration de la mobilité et un abandon quasi généralisé de la possession de la voiture dans les zones urbaines pourrait permettre une densification accrue et un réaménagement majeur des espaces publics libérés des voitures qui sont actuellement stationnées 95 % du temps. Dans ces quartiers, les VA pourraient permettre une diminution des distances parcourues, car les quartiers denses et mieux desservis par les services de proximité et des systèmes de livraison automatisés permettent d’éviter énormément de déplacements. Le réaménagement des rues encourage ainsi les citoyens à utiliser d’avantages les transports actifs.
Au final, les 2 scénarios risquent de se produire en proportion plus ou moins grande en fonction des politiques gouvernementales.
Bien que les opinions divergent quelque peu sur l’impact des VA sur les infrastructures, certains consensus se sont dégagés des présentations.
-Ce qui risque d’être encore utile

  • Les routes et autoroutes
  • Les infrastructures de transport collectif dans les zones denses et congestionnées

-Ce qui risque d’être désuet

  • Certains ponts et autoroutes
    Les VA peuvent multiplier le débit des routes d’environ 5X en plus de faciliter grandement le covoiturage qui a le potentiel de retirer énormément de véhicules des routes.  Les milliards investi dans l’augmentation de la capacité élargissement du Pont Champlain, échangeur Turcot) pourraient donc se révéler complètement inutiles au cours des prochaines années.
  • Certains projets de transport collectif lourds
    L’arrivée des VA va permettre de développer les secteurs des villes qui sont présentement difficiles d’accès en transport collectif. Ces développements pourraient modifier la demande en transport collectif dans ces secteurs. Comme les transports lourds par rail ne peuvent pas être modifiés facilement, certaines stations et segments de ces systèmes lourds pourraient donc devenir sous-utilisés.

Ce qui sera sûrement désuet:

  • Les trains de banlieue en 2e et 3e couronne
    Ils seront remplacés par des navettes autonomes
  • Les stationnements
    Comme les VA seront plus souvent en mouvement et qu’un VA devrait remplacé de 20 à 40 autos individuelles s’il est partagé, le nombre de stationnements requis pourrait diminuer énormément.

 
Que doivent faire nos gouvernements pour se préparer?
Du côté de l’urbanisme, la plupart des intervenants se sont montrés optimistes face à au potentiel de ces technologies, pourvu qu’elles soient mises au service du citoyen. Il s’est donc dégagé un consensus sur le fait que les citoyens doivent pouvoir se ré-approprier le domaine public plutôt que de laisser tout l’espace aux voitures autonomes.
Il y aura aussi probablement du travail à faire du côté de la tarification des routes. L’électrification et l’automatisation du parc automobile vont amener un manque du côté du financement des infrastructures routières. Le VA pourrait donc être une opportunité de permettre l’autofinancement des infrastructures routières via des frais d’utilisation.
En ce sens, la réflexion semble beaucoup plus poussée en Ontario. Un panel composé d’un représentant du Ministère des Transports de l’Ontario, d’un représentant de la ville de Toronto et d’un directeur de la planification de Metrolinx (planification régionale des transports collectifs du grand Toronto) a permis de constater que cette province est très pro-active et avancée dans sa réflexion. Même s’ils n’ont pas encore toutes les réponses aux défis liés aux VA, les représentants des différents niveaux de gouvernement sont tout de même en train de développer une stratégie afin de bien se préparer et éviter les possibles impacts négatifs des VA.
Pendant ce temps au Québec, le mot voiture autonome est toujours absent de nos politiques en transport.
Il est plus que temps de débuter la réflexion!
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