Passer à l’électrique, c’est un peu comme apprendre à conduire une deuxième fois. Les réflexes acquis avec les véhicules à essence ne s’appliquent plus toujours, et quelques ajustements s’imposent. Au Québec, où les conditions hivernales ajoutent leurs propres défis, certaines erreurs reviennent régulièrement chez les nouveaux propriétaires de véhicules électriques. Bonne nouvelle : elles sont facilement évitables une fois qu’on les connaît.
1. Mal gérer la charge de la batterie
L’erreur la plus répandue consiste à traiter la batterie de son véhicule électrique comme le réservoir d’une voiture à essence. Beaucoup de nouveaux électromobilistes chargent systématiquement leur batterie à 100 % ou, à l’inverse, la laissent se décharger complètement.
Pourquoi c’est problématique : Les batteries lithium-ion des véhicules électriques fonctionnent de manière optimale entre 20 % et 80 % de charge. Charger constamment à 100 % ou laisser descendre sous les 10 % accélère le vieillissement prématuré des cellules et réduit la capacité de stockage à long terme.
La solution : Adoptez la règle 20-80 pour vos recharges quotidiennes. Réservez la charge à 100 % uniquement pour les longs trajets. La plupart des véhicules permettent de programmer un seuil de charge maximal directement dans leurs paramètres.
2. Négliger l’impact du froid hivernal
L’hiver québécois surprend souvent les nouveaux électromobilistes. L’autonomie chute brutalement, parfois de plus de 30 %, et ils se retrouvent pris au dépourvu.
Pourquoi c’est problématique : Le froid affecte l’efficacité électrochimique de la batterie et augmente la consommation due au chauffage de l’habitacle. À -20°C, l’autonomie peut diminuer de 40 % par rapport aux conditions optimales.
La solution : Planifiez vos trajets hivernaux avec une marge de sécurité accrue. Préchauffez votre véhicule 30 à 60 minutes avant le départ pendant qu’il est encore branché – cela permet d’économiser l’énergie de la batterie et de réchauffer celle-ci. Gardez votre véhicule branché même quand vous ne l’utilisez pas, particulièrement lors de périodes de froid intense. Le système de gestion thermique de la batterie fonctionnera ainsi avec l’électricité du réseau plutôt qu’avec celle de la batterie.
3. Abuser des bornes de recharge rapide
Face à l’anxiété d’autonomie, certains nouveaux propriétaires développent une dépendance aux bornes de recharge rapide, les utilisant systématiquement même pour leurs recharges quotidiennes.
Pourquoi c’est problématique : La recharge rapide génère plus de chaleur et de stress pour la batterie. L’utiliser trop fréquemment peut réduire la durée de vie de la batterie et ses performances à long terme.
La solution : Utilisez la recharge rapide avec parcimonie, principalement pour les longs trajets ou les situations d’urgence. Pour vos besoins quotidiens, privilégiez la recharge lente à domicile ou au travail sur du 240V. C’est plus économique et meilleur pour la santé de votre batterie.
4. Mal planifier les trajets longue distance
Beaucoup de nouveaux électromobilistes partent en voyage avec la même approche qu’en véhicule à essence : ils roulent jusqu’à ce que le “réservoir” soit presque vide avant de faire le plein.
Pourquoi c’est problématique : Cette approche peut mener à des situations stressantes, surtout l’hiver. Les bornes de recharge peuvent être occupées, en panne, ou la recharge peut prendre plus de temps que prévu si la batterie est froide.
La solution : Planifiez vos trajets à l’aide d’applications spécialisées comme le planificateur du Circuit électrique, ChargeHub ou ABRP. Ces outils tiennent compte des conditions météorologiques québécoises, de la topographie et de l’état des bornes en temps réel. Prévoyez des recharges quand votre batterie atteint 20-30 % plutôt que d’attendre qu’elle soit presque vide. Identifiez plusieurs options de recharge sur votre trajet au cas où votre première option ne serait pas disponible.
5. Ignorer les spécificités de l’installation électrique domiciliaire
Cette erreur peut s’avérer coûteuse et dangereuse. Plusieurs nouveaux propriétaires tentent d’économiser en utilisant une prise domestique standard ou en installant eux-mêmes leur borne de recharge sans faire vérifier leur installation électrique.
Pourquoi c’est problématique : Une prise domestique standard (120V) n’est pas conçue pour des charges prolongées de haute intensité. Cela peut causer une surchauffe, endommager l’installation électrique, et dans le pire des cas, provoquer un incendie. De plus, la recharge sera extrêmement lente.
La solution : Faites évaluer votre installation électrique par un électricien qualifié avant d’installer une borne de recharge. Investissez dans une borne de niveau 2 (240V) installée selon les normes. Non seulement c’est plus sécuritaire, mais c’est aussi beaucoup plus pratique avec des temps de recharge divisés par trois ou quatre. De plus, plusieurs programmes de subventions gouvernementales peuvent alléger significativement les coûts d’installation.