4,3 L/100 km : “Consommation” d’une voiture électrique aux Îles-de-la-Madeleine
- Écrit par Daniel Breton
- Le 18/10/2019
- 23 Commentaires
- Catégories: BRCC, Chronique de Daniel Breton, Iles de la Madeleine, Le Circuit Électrique, Voitures électriques
Alors que le Circuit Électrique vient tout juste d’inaugurer 2 BRCC aux Îles de la Madeleine en plus des 2 bornes de niveau 2 et de quelques autres bornes privées sur le site des Îles, certains affirment qu’il est mieux d’avoir une voiture à essence qu’une voiture électrique aux Iles de la Madeleine à cause du fait que la très grande majorité de sa production provient d’une centrale au mazout. Il a même été fait mention qu’un Hummer ou un pick-up serait un choix “plus vert” qu’un véhicule électrique aux Iles.
Xavier Daxhelet, qui enseigne le génie physique à l’ÉTS et à l’école Polytechnique de Montréal, et moi avons donc fait le calcul des émissions de GES liées à la production d’électricité de cette centrale.
Voici le résultat: Les émissions de GES d’une voiture électrique telle qu’une Chevrolet Bolt sont équivalentes à celles d’une voiture à essence qui consomme en moyenne 4,3 L/100 km.
Or, aucune voiture à essence ne consomme en moyenne si peu de carburant… et une seule voiture hybride a une cote de consommation plus basse: La Hyundai Ioniq Blue, une voiture hybride, dont la cote de consommation est de 4,1 L / 100 km en moyenne. Les Toyota Corolla hybride, Prius et Honda Insight ont toutes une cote de consommation moyenne de 4,5 L / 100 km, soit un peu plus qu’une voiture électrique du type de la Bolt.
Quant aux “pickups”, les camionnettes les plus “économiques” ont des cotes de consommation qui dépassent allègrement le double de la cote de 4,3 Litres / 100 km d’une Chevrolet Bolt EV alimentée par la centrale au mazout des Îles de la Madeleine. J’ai aussi trouvé un “petit” Hummer H3 à moteur 5 cylindres dont la cote de consommation est de… 14,7 L / 100 km. Imaginez alors la consommation du H2 ou du H1 !
Comme de plus en plus de touristes se rendent aux Îles de la Madeleine en voiture électrique (ce qui est BEAUCOUP moins polluant qu’en avion), il est normal que le Circuit Électrique ait installé 2 BRCC à cet endroit, d’autant plus que le mandat du CÉ est de fournir des infrastructures de recharge sur tout le territoire québécois.
Est-ce que le bilan de GES de la production d’électricité pourrait être amélioré? Absolument. Et c’est exactement ce qui est en voie de se passer. En effet, Hydro-Québec, en collaboration avec les habitants des Iles de la Madeleine, est en train de planifier la mise sur pied d’un projet de microréseau… dont la voiture électrique sera partie prenante, ce qui verdira le bilan de GES des Iles ET des véhicules électriques qui y circulent. (1)
Pendant ce temps, il est important de rappeler que le bilan de GES et d’émissions polluantes des véhicules à essence ne cesse de se détériorer au fil du temps puisqu’avec les années et l’usure, ceux-ci consomment et polluent toujours de plus en plus, ce qui n’est pas le cas des véhicules électriques.
De plus, lorsqu’on regarde le bilan de GES des véhicules électriques circulant dans les 50 états américains (dont certains qui sont très polluants) en lien avec les différentes sources de production d’électricité dans chaque état, on se rend compte que dans 0 état sur 50 une voiture à essence émet moins de GES qu’une voiture partiellement ou entièrement électrique en calculant le cycle de vie complet des véhicules du puit à la roue. (2)
De plus, en 2025, les Îles de la Madeleine seront reliées au réseau d’Hydro-Québec par un câble sous-marin afin de pouvoir diminuer de façon importante la dépendance au pétrole des Iles ainsi que ses émissions polluantes et de GES.
Sachant cela, est-ce qu’on devrait attendre 2025 pour rouler électrique aux Iles de la Madeleine?
La réponse est NON car une voiture électrique qui roule là-bas émet déjà moins de GES que 99,9% des véhicules non enfichable sur nos routes.
Comme dirait l’autre…
CQFD.
1: https://www.hydroquebec.com/transition-iles-de-la-madeleine/microreseau/
2: https://afdc.energy.gov/vehicles/electric_emissions.html
- la voiture ne quitte pas l'ile
- prendre une base de 10 ans pour répartir les émissions liées a la fabrication du véhicule et des batteries
Étant donné que la "consommation équivalente" en terme de GES va être sensiblement la même pour l'électrique et l'hybride, il est très probablement préférable de choisir l'hybride, étant donné que la batterie est nettement plus petite.
Évidemment l'argument prend le bord si la personne quitte l'ile.
Alors pourquoi remettre en question les résultats ?
Un peu plus bas vous suggérez de comparer une Hyundai Ioniq à essence à une Hyundai Ioniq tout électrique ( au lieu de prendre une Chevrolet Bolt comme référence ); mais la batterie de la Ioniq étant plus petite que celle de la Bolt, ça ne ferait que validée d'avantage la conclusion de l'article.
il faudra ajouter dans le calcul certains GES pour la voiture à essence:
- les GES des changements d'huile
- les GES de la distribution de l'essence sur l'île (les stations-services produisent des GES)
- les GES de toutes des multiples pièces à changer au cours de la vie de la voiture à essence.
Surprise! Les voitures à essence émettent beaucoup plus de GES que leur simple consommation par 100km!
Une Hyundai Ioniq Blue émet bien plus que simplement les GES de 4.1l par 100km!
De plus, comme Daniel le mentionne, les voitures à essence deviennent moins efficace avec le temps.
https://www.journaldemontreal.com/2019/10/03/voitures-electriques--un-meilleur-reseau-pour-plus-de-voitures
"Il faut savoir que les Îles-de-la-Madeleine s’alimentent en électricité via une centrale dotée de gigantesques génératrices au diesel, lesquelles brûlent en basse saison entre 60 000 et 80 000 litres de diesel par jour. Ouch!
Pire encore, en grande période d’achalandage comme lors de la saison touristique, ce chiffre peut grimper jusqu’à 240 000 litres de diesel quotidiennement. Vous aurez donc compris que le branchement d’une voiture électrique aux îles de la Madeleine devient encore plus polluant que d’utiliser un Hummer qu’on laisserait tourner au ralenti pendant 24 heures!"
Dans la lutte au réchauffement, il y a les a les choses faciles comme cesser de se déplacer en pétroleuse et des choses difficiles comme installer un câble électrique sous marin à grands frais. Il faut pondérer nos actions sans virer à l’extrémisme. Si on capote avec la moindre dépense de pétrole, la vie va être longue et pénible. Dans 100 ans, il se brûlera encore un peu de pétrole pour des cas rares mais nécessaires.
Au fait, saviez-vous qu’il y a cent ans, l’essence se vendait en pharmacie ?
Est-ce qu'un VÉ qui roule aux Îles génère plus de GES qu'un véhicule à essence compte tenu du fait que l'électricité là-bas est produite à partir de nénégratrices activées avec des moteurs diésel ?
La réponse étant NON celà justifie les bornes de recharge installées aux Îles ce qui était questionné.
C’est dommage que Daniel Breton ne le mentionne pas dans l’article ( un Edit svp Daniel ?), le micro-réseau sera une super vitrine pour des technologies de stockages, bornes bi-directionnelles et autre, mais aura somme toute un impact assez restreint sur les émissions de GES de l’archipel.
L'implantation d'éoliennes est coûteuse et ne semble pas aussi simple et aussi efficace qu'on le voudrait. Il vente aux Îles oui mais pas toujours. Des éoliennes sur un petit réseau indépendant peuvent créer des fluctuations en raison de la variation du vent. La centrale thermique est-elle en mesure d'assurer ces fluctuations de courant? Pas si évident que ça. Pour cette raison la proportion d'électricité pouvant être produite par les éoliennes aux Îles est limitée et il est pratiquement impensable que les îles s'auto suffisent en électricité par l'éolien.
Devant l'éventualité de plus en plus probable qu'un câble sous-marin alimente un jour les Îles en hydroélectricité les éoliennes seront peut être mises de côté. La solution du câble est de plus en plus probable car la centrale thermique arrive bientôt en fin de vie et il serait temps de passer à solution moins polluante.
https://www.revolution-energetique.com/apres-australie-tesla-inaugure-une-batterie-geante-en-belgique-des-installations-tres-profitables/
C'est à H.Q de le dire, mais si la totalité des besoins des Iles peuvent être comblés par cette approche là elle pourrait bien être retenue surtout si elle s'avère plus économique à réaliser que le raccordement des Iles au réseau d'H.Q en Gaspésie par un câble sous-marin.
À ma connaissance H.Q doit composer avec une certaine opposition au projet de remplacement des génératrices diesel pour une curieuse de raison : " les emplois reliés à cette centrale électrique au diésel seraient coupés et les madelinots qui tiennent " même si ce n'est pas la solution écologique.
H.Q fait face à de l'obstruction semblable ailleurs au Québec, dans les petits villages isolés du Nunavik par exemple, dans ces cas là parce que les gens de la place contrôlent l'approvisionnement en hydrocarbure des centrales existantes et les remplacer par des éoliennes et ou autre solution plus écologique les dérangent économiquement parlant.
H.Q ne fait pas toujours ce qu'elle veut !
Il est difficile d’imaginer un meilleur avenir quand la situation actuelle assure déjà un niveau de vie acceptable.
Pourtant, les énergies renouvelables crée beaucoup plus d’emplois que les énergies fossiles et s’imposent de plus en plus facilement par des coûts moindres d’implantations et de production.
Alors il est ridicule de s’opposer aux meilleurs solutions.
https://www.hydroquebec.com/transition-iles-de-la-madeleine/raccordement/
Plusieurs pages d'information.
On y indique que: "La centrale thermique sera maintenue comme centrale de relève et pourra servir lors de la maintenance des équipements ou en cas de panne."
Beaucoup d'emplois seront donc maintenus à cette centrale.
Il y aura aussi "deux éoliennes de 3,2 MW".
En effet, le prix de l'électricité est le même aux Îles qu'ailleurs au Québec. MAIS le prix de l'essence est parmi les plus cher.
Un Madelinot qui roule 20,000 km par année (ce qui est très courant) dépensera près de 3,000$ par année en essence et 1,500$ en entretiens divers pour un total de 4,500$ annuel.
Le propriétaire d'un vé dépensera environ 400$ en électricité et entre 0$ et 200$ d'entretiens pour un total maximum de 600$, une épargne annuelle de 3,900$.
Soulignons que les freins durent généralement entre 100,000 et 200,000 km sur un vé comparativement aux véhicules thermiques qui doivent être changés entre 50,000 et 75,000 km. Les assurances sont moins dispendieuses sur les vé.
À l'achat, un vé coûte environ 10,000$ de plus mais aussi conserve une plus grande valeur. La différence est vite absorbée par les épargnes. En 2,5 ans. Ensuite, c'est du bombon. On sauve près de 4,000$ par année!
Et on peut se procurer d'excellents vé usagés très bien adaptés pour les Îles comme la Chevrolet Spark qui a une autonomie de 150km l'été et 100 l'hiver. Un tel véhicule de 3 ans et 65,000km au compteur coûte environ 15,000$!
S'il y a un endroit au Québec où il est rentable et indiqué d'avoir un vé, c'est bien les Îles.
On peut bien se péter les bretelles en disant qu'on ne pollue pas (ou très peu) quand on roule en véhicule électrique au Québec, mais c'est complètement faux à l'échelle de la planète. Ça, M. Breton ne le dit pas.