Pierre Langlois apporte quelques précisions à propos de la production d’électricité qu’il serait possible de réaliser avec le réacteur E-Cat de Andrea Rossi.
Dans le cadre d’une entente nouée avec le physicien Pierre Langlois , Éco-Énergie à Montréal et Roulezelectrique ont obtenu le privilège de vous présenter le contenu intégral des infolettres qu’il publie sur une base régulière. Mentionnons que Pierre Langlois est consultant en mobilité durable, auteur et conférencier. Il est d’ailleurs l’auteur du livre Rouler Sans Pétrole, publié aux Éditions MultiMondes. On a pu l’apercevoir au petit écran dans des reportages consacrés aux hybrides rechargeables et aux batteries et voitures électriques, à l’émission Découverte, entre autres, où il a témoigné en tant qu’expert. Il a également siégé sur le comité aviseur responsable d’appuyer Daniel Breton dans le développement de la politique d’électrification des transports du Québec. Un gros merci à lui.
E-Cat : production d’électricité et prolongateurs d’autonomie pour véhicules électriques
Bonjour à tous
à en juger par le nombre de vos commentaires sur ma dernière infolettre (E-Cat) je vois que le sujet vous intéresse au plus haut point, et pour cause.
Comme certains d’entre vous me l’on fait judicieusement remarquer, un COP de 3,6 n’est pas suffisant pour produire de l’électricité avec une machine thermique dont le rendement est de l’ordre de 35%, comme les centrales au charbon ou les centrales nucléaires à l’uranium. On a besoin d’un COP de 6 et plus pour produire de l’électricité. Mais, j’ai bien dit dans mon infolettre que ce COP mesuré n’était pas du tout la limite supérieure de la technologie, mais plutôt une limite inférieure.
Les chercheurs qui ont publié le rapport sorti le 8 octobre 2014 et intitulé «Observation of abundant heat production from a reactor device and of isotopic changes in the fuel» le disent bien dans leur rapport :
«It must be remarked that the COP values quoted here refer only to the performance of the reactor running at the capacity selected by us, not at its maximum potential, any evaluation of which lies beyond the purposes for which this test was designed. Awareness of the fact that the test would have lasted a considerable length of time prompted us to keep the reactor running at a level of operation capable of warranting both the stability and the safety of the test. Therefore, we do not know what the limits of the current technology are, in terms of performance and life span of the charges.»
Ils nous font remarquer également que le fait d’avoir augmenté la puissance d’alimentation de 800 watt à 900 watt, donc une augmentation de 100 watt, a fait bondir le dégagement de puissance excédentaire de 700 watt, correspondant à un COP de 8 pour ce 100 watt de plus à l’alimentation. On voit donc que le dégagement d’énergie de la réaction n’est pas linéaire et augmente de façon exponentielle avec l’augmentation de température. Leurs systèmes de mesures de la chaleur émise par infrarouge se limitant à 1500 °C, et la température mesurée à 900 watt d’alimentation étant de 1400 °C, ils n’ont pas voulu augmenter l’alimentation à 100 watt.
Par ailleurs, à de multiples reprises dans les tests antérieurs, des E-Cats ont fonctionné de façon stable avec une alimentation électrique coupée pendant plusieurs heures. Les chercheurs auraient pu alimenter le réacteur par intermittences avec un courant seulement 50 % du temps, auquel cas le COP aurait été supérieur à 5. Mais la température du réacteur aurait varié de façon cyclique et comme l’émissivité des matériaux varie en fonction de la température, les mesures de dégagement thermique auraient été plus délicates et possiblement sujet à critique, ce qu’ils ont voulu éviter (selon leurs dires). Le principal but de leur expérience était de démontrer la possibilité de produire beaucoup d’énergie excédentaire et d’établir l’origine nucléaire de la source d’énergie.
Ceci étant dit, Andrea Rossi a toujours déclaré que les produits commerciaux qu’ils mettraient en marché auraient un COP minimum de 6. Et je crois que cette technologie pourrait assez rapidement atteindre un COP de 10, compte tenu des faits présentés plus haut.
Pour la production d’électricité, les températures dégagées par un E-Cat (1400 °C) correspondent à ce qu’on retrouve dans une centrale thermique conventionnelle. Avec un COP de 6, cela signifie que une unité d’énergie électrique fournira 6 unités de chaleur. Avec un rendement typique de 33% pour la transformation de chaleur en électricité, les 6 unités de chaleur vont nous donner 2 unités d’électricité. Or, il faut en réinjecter une unité pour entretenir la réaction, ce qui nous donne en bout de ligne une unité d’électricité qui sort de la centrale, pour 6 unité de chaleur. Avec un COP de 6 ça nous donne donc une efficacité globale de 16 % pour la centrale (84 % de l’énergie se retrouve en chaleur et 16 % en électricité). Avec un COP de 10, si vous faites le calcul vous verrez qu’on obtient une efficacité globale de 23 %. Même si l’efficacité globale est alors les 2/3 de celle d’une centrale thermique conventionnelle, n’oublions pas qu’il y a 100 000 fois plus d’énergie disponible par kilogramme de carburant avec un E-Cat et surtout qu’il n’y a pas de gaz à effet de serre ni d’émissions chimiques toxiques comme les centrales au charbon, ni de déchets nucléaires comme les centrales nucléaires à l’uranium..
Par ailleurs, la chaleur perdue peut être récupérée en chauffant des procédés industriels, des bâtiments ou des serres, ce qu’on appelle la cogénération. Sans compter que des nouveaux matériaux thermoélectriques viennent d’être développés, pouvant convertir 15 % à 20 % de la chaleur en électricité directement. Voir
http://www.gizmag.com/most-efficient-thermoelectric-material/24210/
En installant de tels matériaux thermoélectriques dans une centrale E-Cat, on pourrait transformer en électricité disons 15 % du 80 % perdu en chaleur dans la centrale, soit 12 % de plus d’électricité, ce qui ferait monter l’efficacité globale de la centrale à 35 % pour un E-Cat avec un COP de 10. Or 35 % c’est l’efficacité des centrales d’aujourd’hui.
Avec un tel système miniaturisé et une microturbine à vapeur, on pourrait équiper un véhicule électrique d’un prolongateur d’autonomie dont l’efficacité s’approcherait de 30 %, comme les moteurs à essence d’aujourd’hui. Et là on est en voiture, car on n’a jamais besoin de faire le plein ni de recharger la batterie sur le réseau électrique. Donc plus besoin de bornes de recharge ni de stations d’essence!!! Une vingtaine de gramme de nickel par année serait suffisant pour faire fonctionner un prolongateur d’autonomie fournissant 30 kw d’électricité, à raison de 2 heures de conduite journalière, sans gaz à effet de serre (GES) ni émissions polluantes!!!!!! Plus besoin de grosses batteries non plus. Les camions lourd pourraient donc fonctionner à l’électricité sans GES, ce qui représente un défi énorme aujourd’hui, compte tenu du poids et du coût des batteries.
Finalement, il y a de la lumière au bout du tunnel!
Bien cordialement
Pierre Langlois, Ph.D., physicien
Consultant en mobilité durable,
Auteur et conférencier
Téléphone : 418-875-0380
Courriel: pierrel@coopcscf.com
Site Internet: www.planglois.com
L’information et la solidarité sont les deux piliers des véritables changements
Jean-Claude Cousineau
248 articles
Jean-Claude Cousineau est le fondateur du site Éco-Énergie à Montréal, un site dédié au partage de ses expériences éco-énergétiques personnelles ( chauffe-eau / chauffe-air solaires, récupérateur de chaleur des eaux grises, panneaux solaires photovoltaïques, etc..). Il diffuse d'ailleurs sur son site la production de ses panneaux solaires en temps réel. Il conduit une Nissan LEAF SV 2013 et travaille chez Écosolaris, un détaillant autorisé des bornes de recharge EVDuty.