Ça me fait de la peine quand je pense à certains concessionnaires comme Bourgeois Chevrolet de Rawdon. En 2017, ils avaient le vent dans les voiles. Ils vendaient des Spark EV, des Volt et des Bolt. Et on n’arrêtait pas de vanter GM pour son audace dans le segment des voitures électriques.
Il y avait en effet de quoi être optimiste : le constructeur promettait pas moins de 20 nouveaux VÉs d’ici 2023 ! (Voir Auto123)
Deux ans plus tard, la situation semble bien différente. La Volt a été retirée du marché, c’est la fin pour les Spark EV venant de Californie. Il ne reste plus que la Bolt qui demeure un excellent véhicule, mais à quand les nouveaux modèles ?
À pas de tortue
Moi qui surveille avec intérêt tous les développements dans le monde des VÉs, j’ai comme l’impression que les temps sont durs pour GM.
Quelque chose ne va pas. Quand ils ont sorti la Bolt, on avait le sentiment qu’ils avaient pris un tournant majeur et qu’ils voulaient devenir les leaders dans l’électromobilité. Puis, les choses ont évolué bizarrement.
Dans un premier temps, ils ont cessé de produire la Spark électrique. Ça m’a surpris. C’était une bonne petite voiture. Le modèle à essence était vendu dans de nombreux pays à travers le monde. Il aurait donc été facile pour eux de proposer le modèle électrique. Ils ne l’ont pas fait. Ils se sont limités à la Californie.
Trop cher à fabriquer ? Plus ils en auraient produit et plus elle serait devenue rentable, non ? Pourquoi avoir fait l’effort de créer une bonne petite voiture 100% électrique si c’était pour la faire disparaître trois ans plus tard ?
Même chose avec la Volt. C’était une voiture fantastique. Bien conçue et fiable. Je dirais même qu’avec la Volt, GM n’avait jamais fabriqué une aussi bonne berline compacte ! Malgré tout, elle aussi a été abandonnée.
« Les hybrides rechargeables sont dépassés » ont expliqué les patrons pour justifier leur décision. Dépassées ? Mais alors pourquoi Mitsubishi a-t-il lancé le Outlander rechargeable ? Et Honda la Clarity rechargeable ? Et Toyota la Prius rechargeable et bientôt le RAV4 rechargeable ?
Non, cette décision est étrange. Les Américains préfèrent les VUS ? On aurait pu utiliser les composantes de la Volt et les mettre dans un VUS urbain ou compact. Bien des gens auraient aimé posséder un Chevrolet Equinox ou un Buick Encore électrique avec prolongateur d’autonomie, non ?
Même l’histoire de la Bolt est un peu étrange. À mes yeux, il est évident qu’avec un aussi bon véhicule, GM aurait pu miser sur d’autres marchés comme l’Europe. D’ailleurs, ils l’ont fait ! La Bolt a été commercialisée là-bas sous la marque Opel (L’Opel Ampera-e), mais quelques semaines et en Allemagne seulement ! Allez savoir pourquoi, GM a vendu Opel et retiré l’Ampera-e aussi vite qu’elle était arrivée !
J’ai l’impression qu’on nous cache des choses. On ne connait pas toute l’histoire. Je me demande parfois si le fait que les voitures électriques GM soient tributaires du savoir-faire des Coréens y est pour quelque chose…
Et en Amérique ? Est-il possible que GM ne sorte pas de nouvelles voitures électriques pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas les ressources aux États-Unis pour le faire ? Il y a beaucoup de pression actuellement pour que GM conçoive et fabrique ses véhicules en sol américain. Or, ses VÉs ont tous été conçus avec l’aide des Coréens et de la multinationale coréenne LG. Est-ce que cela expliquerait l’inertie actuelle ?
Un peu de lumière
Certains articles lus récemment m’ont apporté quelques pistes de réflexion. J’ai appris par exemple qu’aux États-Unis, à part Tesla, il se vend très peu de véhicules électriques. Beaucoup moins qu’ailleurs.
La réalité est donc que GM a vendu peu de Spark EV, de Volt et de Bolt aux É-U. Si les ventes avaient été meilleures, GM aurait-il été davantage enclin à investir dans l’électrique ? Peut-être…
J’ai lu aussi un article très intéressant qui expliquait que les Américains vont probablement être parmi les derniers à électrifier leur parc automobile étant donné qu’ils ont un faible pour les gros véhicules et qu’ils sont plutôt conservateurs.
Dans certains endroits comme le Vietnam ou l’Inde, où les gens roulent dans de tout petits véhicules, souvent même dans des véhicules à deux et à trois roues, l’électrification va se faire très rapidement, car le prix de ces petits VÉs sont déjà à parité avec leurs homologues à essence. En revanche, électrifier de gros VUS et de gros F-150 à bon prix va prendre encore de nombreuses années.
Autre chose : j’ai lu que vendre des voitures aux États-Unis n’est pas si rentable, même s’il s’agit d’un marché colossal. La concurrence là-bas est tellement féroce que bien des constructeurs étrangers préfèrent vendre leurs véhicules en Allemagne, en France et au Royaume-Uni plutôt qu’au Texas, en Floride ou en Pennsylvanie. Non seulement la marge de profit est beaucoup plus petite, mais en plus les habitudes des consommateurs ne sont pas les mêmes.
En Europe et dans bien d’autres régions du monde, les concessionnaires de voitures possèdent peu de véhicules sur le terrain. Les gens ont donc l’habitude de « construire » leur voiture avec le vendeur et d’attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant de prendre livraison de leur véhicule.
Aux États-Unis (et dans une certaine mesure ici), les gens « magasinent » leur voiture et lorsqu’ils décident de passer à l’acte, ils la veulent tout de suite ! Les concessionnaires doivent avoir en stock des centaines de voitures sur leur terrain !
Ainsi, en ce qui concerne les voitures électriques, pour un Allemand, un Norvégien ou un Suédois, commander sa voiture et attendre est tout à fait normal alors qu’en Amérique, si la voiture n’est pas disponible, on va voir ailleurs ou on achète autre chose.
Tous ces motifs font que les constructeurs japonais, coréens ou européens préfèrent vendre leurs véhicules électriques ailleurs qu’en Amérique du Nord. Pour ce qui est du Québec, nous sommes peut-être un peu différents et davantage friands de voitures électriques, mais comme nous sommes un tout petit marché, c’est normal de vivre la situation en tant que Nord-Américain.
La situation de Tesla est différente, mais avez-vous remarqué qu’avec Tesla, il n’y a pas de spéciaux, pas de concessionnaires avec des cours remplies de Tesla et que les gens commandent leur auto de la même manière qu’en Europe. Est-ce une solution d’avenir ?
Difficile de répondre. N’empêche que pour le moment, je suis un peu triste pour les Bourgeois, Lussier et Racine Chevrolet qui travaillent d’arrache-pied pour promouvoir la vente de véhicules électriques et qui doivent s’accommoder d’un constructeur qui traine de la patte.
Heureusement qu’ils ont la Chevrolet Bolt qui est un excellent véhicule. Néanmoins, j’espère de tout coeur qu’un nouveau VÉ arrivera dans les salles d’exposition d’ici la fin de l’année 2020.
Des articles intéressants :
• Compliance Cars In USA — But Not In Europe. (CleanTechnica)
• Why The U.S. Will Lag Behind The Global Transition To Electric Vehicles. (Forbes)
• Après la vente d’Opel, General Motors menace de liquider sa filiale coréenne (Challenges)