Volta Energy Storage Corporation (VESC) vient de recevoir un coup de pouce majeur de 194 millions de dollars canadiens (140 millions USD) du gouvernement sud-coréen pour construire une usine de production de feuilles de cuivre pour batteries à Granby. Cette annonce confirme le positionnement du Québec comme pôle nord-américain de la filière batterie.
Un investissement stratégique pour la chaîne d’approvisionnement
Le financement provient du Supply Chain Resilience Fund, un fonds gouvernemental sud-coréen créé en 2024 pour sécuriser l’approvisionnement en matériaux critiques et réduire la dépendance aux chaînes d’approvisionnement chinoises. Ce programme, géré par la Export-Import Bank of Korea, vise spécifiquement les industries stratégiques comme les batteries, l’automobile et les semiconducteurs.
Pour la Corée du Sud, pays d’origine de géants de la batterie comme LG Energy Solution, SK On et Samsung SDI, sécuriser une source nord-américaine de feuilles de cuivre est crucial. Ces fines feuilles métalliques sont un composant essentiel des batteries lithium-ion, servant de collecteur de courant pour l’anode.
Un projet d’envergure à Granby
L’usine VESC de Granby représente un investissement total dépassant les 600 millions de dollars canadiens. Au-delà des 194 millions du fonds coréen, l’entreprise a obtenu un prêt syndiqué de 416 millions de dollars canadiens (300 millions USD) de la Korea Development Bank et de la Export-Import Bank of Korea, combiné aux financements existants de la Korea Trade Insurance Corporation et d’Exportation et développement Canada (EDC).
La production débutera au second semestre 2026 avec une capacité initiale de 25 000 tonnes par année. L’usine montera progressivement en puissance pour atteindre 63 000 tonnes selon la demande du marché, avec une production de masse prévue pour 2027.
Un maillon clé de la chaîne de valeur québécoise
Cette annonce démontre la résilience de l’écosystème batterie québécois, notamment après l’échec du projet Northvolt. VESC représente un pivot stratégique vers des composants critiques :
En amont : Le Québec possède d’importantes réserves de graphite, lithium et nickel, essentiels pour les batteries.
Composants critiques : L’usine VESC fournira les feuilles de cuivre nécessaires pour tout l’écosystème nord-américain, réduisant la dépendance aux importations asiatiques.
Pôle de Bécancour : Avec près de 3000 travailleurs déjà actifs dans la filière batterie, le Québec maintient son positionnement stratégique malgré les revers.
En aval : Les constructeurs automobiles comme GM à Ingersoll et Stellantis à Windsor pourront s’approvisionner localement.
Les avantages compétitifs du Québec
Plusieurs facteurs expliquent le choix de Granby pour cette usine stratégique :
Énergie propre et abordable : L’hydroélectricité québécoise garantit une production à faible empreinte carbone, un critère de plus en plus important pour les acheteurs de batteries.
Position géographique : Granby se situe à proximité des futures gigafactories et des grands centres manufacturiers automobiles du nord-est américain.
Main-d’œuvre qualifiée : Le Québec forme déjà des spécialistes en électrochimie et en technologies des batteries dans ses universités et cégeps.
Stabilité politique : Dans un contexte géopolitique tendu, le Canada offre un environnement d’affaires prévisible et stable.
Impact sur l’industrie locale
Pour les entreprises québécoises du secteur de la mobilité électrique comme Roulez Électrique, cette nouvelle usine représente plusieurs opportunités :
Chaîne d’approvisionnement locale : Les fabricants de batteries et de véhicules électriques pourront réduire leurs délais et coûts de transport en s’approvisionnant localement.
Création d’emplois : L’usine créera des centaines d’emplois directs et indirects, stimulant l’économie régionale de Granby et des Cantons-de-l’Est.
Effet d’entraînement : La présence de VESC pourrait attirer d’autres fournisseurs de composants de batteries, créant un véritable cluster industriel.
Innovation : La proximité entre producteurs de composants, fabricants de batteries et centres de recherche favorisera l’innovation collaborative.
Un signal fort pour l’industrie mondiale
Cet investissement coréen massif envoie un message clair : malgré l’échec du projet Northvolt en septembre 2025, le Québec demeure attractif dans la chaîne d’approvisionnement mondiale des batteries. Les annonces récentes de Ford, GM et Stellantis, combinées à ce projet VESC, confirment que l’Amérique du Nord construit activement son autonomie dans le secteur stratégique des batteries.
Le gouvernement québécois, qui a perdu 270 millions $ avec Northvolt, réoriente sa stratégie vers des composants critiques plutôt que des gigafactories complètes. Cette approche plus pragmatique pourrait s’avérer plus résiliente à long terme.
Pour les consommateurs québécois, cette usine contribuera à sécuriser l’approvisionnement en batteries pour les véhicules électriques, potentiellement à des prix plus compétitifs grâce à la production locale. Les entreprises d’installation de bornes et de services en mobilité électrique bénéficieront d’un écosystème renforcé et plus résilient.
Le démarrage de la production en 2026 arrive à point nommé pour l’accélération de l’électrification des transports en Amérique du Nord.
Références
Annonces officielles
- Volta Energy Storage Corporation (VESC) – Communiqué officiel (décembre 2025)
- Export-Import Bank of Korea – Supply Chain Resilience Fund
Contexte industriel
- Investissement Québec – Filière batterie
- Northvolt – Gigafactory Québec
- Roulez Électrique – Écosystème québécois de l’électromobilité









