Une critique récurrente envers les véhicules électriques concerne l’usage du cobalt dans les batteries lithium-ion. Il est intéressant de savoir que la grande majorité de ces critiques oublient que le cobalt a de multiples usages et qu’on en utilise en grande quantité dans l’industrie pétrolière !
En effet, le pétrole, selon sa provenance, va contenir entre 0,1% et 2,5% de souffre. Lors de la combustion, ce souffre sera transformé en dioxyde de souffre SO2 et en SO3. Ces substances soufrées se combinent à l’humidité dans l’air et au sol pour devenir de l’acide sulfurique, H2SO3, qui est responsable des pluies acides et la cause de nombreux problèmes de santé pulmonaire.
Depuis 2006, des normes ont été mises en place pour obliger les pétrolières à retirer le souffre du pétrole lors du raffinage. Une norme similaire va entrer en vigueur pour les navires en 2020. Ainsi, le carburant pour véhicules à combustion interne au Canada doit avoir un contenu de 15 ppm ou moins et ce carburant est qualifié de Ultra Low Sulfur diesel. Pour fin de comparaison, 0,1% de souffre est 1000 ppm et 2.5% de souffre est 25000 ppm. Pour référence, la loi Canadienne sur la limitation du souffre dans le diesel est accessible au lien suivant : lien
Comment est effectué l’extraction du souffre lors du raffinage? Par l’utilisation d’un catalyseur à base de cobalt, le CoMOX. Ce catalyseur est constitué de Co3O4 – Tetra oxyde de Tri Cobalt, trioxyde de molybdène et d’alumine Al2O3.
Le souffre contenu dans le pétrole brut est ainsi séparé du pétrole par catalyse en H2S – sulphide d’hydrogène. Ce gaz peut ensuite être converti en souffre à l’état solide ou en acide sulfurique qui peut être utilisé dans différents procédés industriels et comme électrolyte dans les batteries acide-plomb.
Ce qui est saisissant, c’est que le cobalt utilisé comme catalyseur pour l’extraction du souffre en pétrochimie est l’usage le plus important en terme de tonnage ! Il faut des tonnes et des tonnes de cobalt pour le raffinage du pétrole !
Le Cobalt utilisé comme catalyseur se fait dissoudre dans le diesel lors du raffinage et se retrouve ainsi dans le carburant. Il est plus tard brulé et le cobalt se retrouve comme particules polluantes dans l’échappement du diesel “propre” ! Ces particules sont ensuite respirées par la population soumise aux émanations d’échappement.
Ainsi, les critiques qui soulèvent les problèmes d’exploitation d’enfants dans des mines à ciel ouvert en Afrique pour critiquer les véhicules électriques devraient également critiquer les véhicules à combustion dont les carburants utilisent une bonne quantité de ce même cobalt pour son raffinage, et dont les particules se retrouvent dans l’air lorsque ces véhicules roulent.
Si vous souhaitez parfaire vos connaissances sur la quantité de substances toxiques et cancérogènes qu’on retrouve dans l’échappement de moteurs diesel, je vous suggère cet article de wikipédia.
Référence: Cobalt Institute
François Boucher
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Ingénieur électrique de formation, je suis le développement et la mise en marché des véhicules électriques depuis plusieurs années. Le Québec étant pourvu d'énergie bleue abondante et renouvelable, il est simplement sensé de promouvoir le transport électrique dans la belle province.
Je suis actuellement propriétaire d'une Volt 2012 et d'une Tesla S 2013. J'ai installé des panneaux solaires photovoltaiques qui nous permettent de "rouler au soleil!". Ma femme est devenue propriétaire d'une Tesla modèle 3 en septembre 2018 et nous organise pour diminuer nos déchets. Nous avons tous les deux signés le Pacte sur la diminution des GES.