Face à la nécessité de réduire les gaz à effet de serre au Québec, il m’arrive de lire des commentaires négatifs sur le fait que bien des gens (y compris le gouvernement) mettent l’accent sur les transports. « Pourquoi mettre autant d’énergie dans ce secteur ?, disent les récalcitrants. Et les industries alors ? C’est tout aussi important et même plus, non ? »
Une des données qui est utilisée pour défendre cette emphase sur les transports est le fait qu’ils émettent environ 44 % des émissions totales du Québec. C’est un bon argument, mais il y a plus.
Le schéma ci-dessus (tiré de la page 34 du rapport de l’État de l’énergie au Québec, HEC) nous amène un autre aspect intéressant à mettre de l’avant. Regardez bien les couleurs. On y voit en pourcentage les différentes formes d’énergie utilisées dans chaque secteur.
Et alors ? Eh bien, on peut voir que dans la majorité des secteurs, il y a diverses sources d’énergie utilisées. Par contre, c’est tout le contraire dans le secteur des transports qui lui repose presque uniquement sur le pétrole.
Ainsi, pour les autres secteurs qui utilisent différentes sources d’énergie (selon leurs besoins à combler), si on veut réduire de façon importante les gaz à effet de serre du Québec, il faut évidemment favoriser encore plus les sources d’énergie qui émettent peu ou pas de GES.
Sauf que bien souvent, là où c’était facile de le faire, c’est déjà fait ! Regardez bien le tableau dans le secteur industriel, on utilise l’électricité à 50 % comme source d’énergie. En d’autres mots, dans les endroits/processus où l’électricité peut remplacer facilement les autres sources d’énergie, celle-ci y est bien souvent déjà utilisée.
Par contre, dans le cas des transports, la situation est bien différente. Le pétrole est utilisé majoritairement partout, peu importe les besoins à combler. Il est facile de comprendre pourquoi : les véhicules propulsés à l’électricité commencent à peine à arriver en grand nombre. Toutefois, pour les années à venir, il est possible d’accélérer cette transition.
En résumé, dans le secteur industriel, l’électricité est bien souvent déjà utilisée là où le remplacement des énergies fossiles par l’électricité se fait facilement, alors que dans le secteur des transports, le pétrole est toujours utilisé en majorité, même pour les besoins ou l’utilisation de véhicules électriques serait très facile. Par exemple :
• véhicule de livraison local,
• 2e véhicule d’un ménage,
• véhicule principal d’un ménage dont la majorité des besoins se situe dans un rayon de 50 km.
• véhicule de société/compagnie dont les trajets sont locaux.
Ce sont tous des exemples où l’utilisation de véhicules électriques apporterait des avantages avec très peu des désagréments. Ces besoins pourraient même être comblés par des véhicules électriques à faible autonomie (sous les 200 km), donc très économiques à acheter (du moins en théorie).
Enfin, je vous suggère la lecture du document d’où proviennent mes informations (Rapport de l’énergie du Québec 2022 des Hautes Études commerciales, HEC). Ce rapport est très intéressant et facile à lire. Il peut nous aider à avoir une meilleure compréhension des défis que représente la transition énergétique au Québec.
Je vous laisse sur la dernière phrase du rapport : « Plusieurs constats de l’État de l’énergie au Québec 2022 montrent que les actions climatiques entreprises ne portent pas fruit : la consommation d’énergie au Québec ne s’améliore pas et les émissions de GES ne diminuent pas. »
Oui, je sais, ce n’est pas un constat très positif, mais il faut y comprendre que l’on doit faire plus, faire mieux et plus rapidement si nous voulons avoir de réels résultats. Et une transition forte et soutenue vers les véhicules électriques en fait partie !
Lien vers le rapport des HEC : https://energie.hec.ca/eeq/