Loi zéro émission au QuébecPolitiqueVoitures électriques

Voitures électriques, yoyo pétrolier et constructeurs autos

Bon, aujourd’hui vous ne serez pas contents.
Je vais (un peu) prendre la défense des constructeurs automobiles!
Eh oui.
Je vous invite à prendre un instant pour vous mettre dans leurs souliers afin que vous puissiez voir où je m’en vais avec cette affirmation.
Saviez-vous qu’il est passablement difficile pour les constructeurs automobiles de prévoir la direction que va prendre le marché d’ici 5 voire 10 ans?
Saviez-vous que leurs prévisions peuvent être chamboulées par une conjoncture complètement hors de leur contrôle?
Laissez-moi vous donner 2 exemples.
Exemple #1 : le pétrole
2006 : tout baigne dans l’huile… à moteur
Depuis 5 ans le bas prix du pétrole a fait en sorte que les consommateurs se laissent séduire par les VUS. On voit des Hummer un peu partout, le Jeep Grand Cherokee qui était le véhicule le plus IN à la fin des années 90 est maintenant considéré comme trop petit par des vedettes médiatiques. Personne, sauf quelques hurluberlus comme moi et quelques autres, ne s’intéresse aux voitures hybrides et électriques.
2007 : le prix qui fait BOOM
Le prix du pétrole « explose ». De plus en plus de gens parlent du « Peak oil », ce qui fait en sorte que les prédictions de plusieurs experts du domaine de l’économie et de l’énergie voient poindre à l’horizon un baril de pétrole avoisinant les $200 et même plus.
Le prix du baril montant à $140, le prix du litre passe à $1,40. Les lignes ouvertes ne dérougissent pas. Les gens sont en colère. On se fait fou…, dit tout le monde et son beau-frère.
Et les gens commencent à considérer l’achat d’une Prius… mais hésitent pour la plupart.
La crise de 2008-2009-2010 : la balloune de dégonfle
Le baril de pétrole descend à $25, le litre descend à 75 cents… Et en 2010 nous assistons à des ventes record de VUS et de pick-ups. De fait, 2010 a été la première année depuis la 2e guerre mondiale où il s’est vendu plus de camions légers (VUS et pick-ups) que de voitures en Amérique du Nord. 
2011-2012-2013 : yoyo vers le haut 
Le prix du baril s’envole de nouveau, cette fois autour de $100 à $110. Le litre remonte jusqu’à $1,45. Là, les gens ne sont vraiment pas contents! Les lignes ouvertes ne dérougissent plus. Tout le monde dit que les pétrolières nous enfirouapent. Et les gens envisagent, une fois de plus, de s’acheter une voiture hybride ou même électrique.
Pendant ce temps-là, les constructeurs ne savent pas où donner de la tête. Pendant que le prix du baril s’envolait, des constructeurs travaillaient sur des voitures hybrides et électriques et lorsque ceux-ci sont commercialisés, les prix baissent et les ventes ne décollent pas. 
2014-2015-2016: yoyo vers le bas
Le pétrole ayant considérablement baissé ces jours-ci, des constructeurs perdent des ventes parce qu’ils ne produisent pas assez de petits et de gros VUS pour répondre à la demande des consommateurs pendant que les nouvelles normes de consommation et les lois aux USA comme eu Europe exigent que la consommation de leurs flottes soit de plus en plus écoénergétique. 
Ainsi, les gens achètent beaucoup de gros véhicules parce que le prix de l’essence est bas, ce qui fait augmenter la consommation de pétrole et les GES… et les constructeurs doivent faire en sorte de diminuer la consommation des véhicules qu’ils vendent.
Quel effet cela a-t-il sur leur conception de véhicules? Ils font de gros efforts pour diminuer la consommation de leurs pick-ups et leurs gros VUS, tout en gardant un œil sur les technologies électriques.
Si le prix du baril reste bas d’ici les prochains 5 ans, les gens vont continuer à acheter des VUS et des pick-ups et au même moment les constructeurs vont devoir aller dans les 2 directions à la fois : produire beaucoup de gros véhicules ET mettre en marché des véhicules partiellement et entièrement électriques.
Exemple #2 : la politique
Un autre élément à prendre en considération dans les prévisions des constructeurs automobiles est la considération politique.
Aux USA :
Par exemple, si Donald Trump est élu cet automne, il y a fort à parier que le calendrier de des nouvelles normes CAFE (Corporate Average Fuel Economy) mises en place par le président Obama seront réléguées au calendes grecques alors que si Hillary Clinton gagne la présidence, elle resteront en vigueur. Donc, le résultat de la prochaine élection présidentielle aura une incidence ÉNORME sur la consommation des véhicules vendus aux USA et au Canada et donc leurs émissions de GES, ce qui aura une influence considérable sur les prévisions et les décisions des constructeurs automobiles. 
En Europe :
En Europe, de nouvelles normes de consommation et d’émissions de GES et polluantes sont discutées ces jours-ci au sein de l’Union Européenne suite au Sommet de Paris sur les changements climatiques ET au scandale Volkswagen. Le résultat de ces négociations aura alors une incidence sur la direction que devra prendre l’industrie automobile en Europe.
Au Québec :
Même dans un petit marché comme celui du Québec, la potentielle mise en place d’une Loi Zéro Émission aura une incidence sur les décisions des constructeurs. Cette loi inclura-t-elle les véhicules à hydrogène, hybrides, quels seront les crédits, etc?
C’est pourquoi lorsqu’on parle de véhicules électriques, hybrides, écoénergétiques, de GES, de consommation de carburant, même s’il est de bon ton de critiquer les constructeurs automobiles, il ne faut pas oublier que les pétrolières, les élus et les consommateurs font aussi partie de l’équation.
Et ils font tous partie de la solution… et du problème.
 
 
 

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