Photo : Carlos Ghosn invite les fans à lui poser des questions sur Reddit.com. Crédit photo : Nissan sur Twitter.
Le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a créé un AMA (Ask Me Anything : Demandez-moi tout ce que vous voulez) sur le site Internet Reddit.com. Il a donc laissé le public lui poser toutes les questions possibles. Il a répondu à plusieurs d’entre elles, même si elles sont au nombre de plus de 4000 (questions et commentaires). InsideEVs a regroupé les questions concernant le véhicule autonome, les piles à combustible ou la LEAF. Elles sont très intéressantes à lire puisqu’elles portent également sur la collaboration Nissan-NASA, la voiture autonome de Google et les ventes de Leaf en Norvège. Voici la traduction de ces dernières :
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Carlos Ghosn a débuté son AMA (Ask Me Anything : Demandez-moi tout ce que vous voulez) sur Reddit.com par cette introduction :
« Je suis Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan. Il y a plus d’un an, j’ai promis que des véhicules autonomes feraient leur apparition sur le marché d’ici 2020. Nous sommes en train de réaliser ce projet. En fait, la semaine dernière, j’ai annoncé l’élaboration d’un partenariat entre NASA-AMES et nos centres de recherche de Silicon Valley. Aujourd’hui, j’ai présenté le nouveau Titan de Nissan au Salon de l’Auto de Détroit. Allez-y, demandez-moi tout ce que vous voulez savoir! »
À quel point êtes-vous fâché à propos du fait que Google vous ait battu?
Ghosn : « L’approche de Google est très différente de la nôtre. Leur approche consiste à ôter complètement le contrôle au conducteur et à utiliser des cartes très précises. Ils doivent avoir une raison financière pour mettre l’accent sur ces cartes, à cause de leurs produits publicitaires. Notre approche concerne une technologie qui fonctionne lorsqu’il y a des cartes et même dans les cas où aucune carte n’est disponible. C’est l’une des raisons pour lesquelles la NASA veut travailler avec Nissan. Par exemple, lorsque la NASA souhaite envoyer un rover dans une grotte, il n’existe aucune carte de cette grotte. La technologie doit permettre de conduire à l’intérieur, de prélever des échantillons, d’observer l’environnement, puis de sortir de façon sécuritaire. »
Pouvez-vous apaiser mes craintes concernant une possible défaillance du système de mon véhicule autonome qui ferait que pendant deux secondes, il ne verrait plus la route, continuerait de se diriger tout droit et m’enverrait vers une mort certaine?
Ghosn : « Évidemment, ces systèmes devront être sûrs en cas de défaillance et capables de supporter des conditions réelles. Les gouvernements n’accepteront pas que ces systèmes se retrouvent sur nos routes tant que nous ne pourrons prouver que c’est le cas. Nous ne voudrions pas non plus mettre des véhicules sur le marché si nous ne sommes pas convaincus qu’ils respectent des critères de sécurité exigeants. Concernant votre scénario, ces systèmes sont capables de réagir beaucoup plus vite qu’un humain peut le faire. Aussi, si vous observez qu’un scénario dangereux risque de se produire, vous aurez toujours le choix de prendre le contrôle complet de la voiture. Les systèmes que nous développons donneront toujours au conducteur ce choix, contrairement aux systèmes de véhicule autonome qui conservent le contrôle ».
Au Executive Program de Stanford en juillet 2011, je vous ai demandé si vous aviez des plans concernant les véhicules autonomes et vous étiez assez négatifs à leur propos. Vous étiez également surpris lorsque j’ai dit que le Nevada venait juste d’adopter des lois pour commencer à les permettre. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’idée?
Ghosn : « C’était une excellente question à l’époque et ça le demeure, car ça nous ramène à ce que j’ai dit plus tôt à propos de la différence entre les véhicules autonomes dans lesquels le conducteur demeure en contrôle et les véhicules autonomes dans lesquels il n’est même pas nécessaire qu’un conducteur soit présent. Actuellement, nous mettons l’accent en recherche et développement sur les véhicules autonomes qui améliorent l’expérience de conduite en donnant le choix au conducteur de laisser l’automobile exécuter certaines manœuvres et en rendant meilleure la capacité du véhicule à éviter les accidents. Cette technologie existe déjà et sera mise en œuvre étape par étape au cours des prochaines années. Nous ne sommes pas négatifs envers les véhicules autonomes sans conducteur, mais la réalité c’est qu’il s’agit de voitures qui arriveront beaucoup plus tard dans l’avenir ».
Bonjour Carlos, je suis un très grand fan de Datsun/Nissan qui est très heureux de voir à quel point la compagnie se porte bien avec vous à sa barre, et j’espère qu’il y aura encore plusieurs années de succès pour l’entreprise. Ma question : comment voyez-vous les piles à combustible hydrogène dans l’échiquier des véhicules électriques, et Nissan/Renault investit-elle ou prévoit-elle investir dans cette technologie directement ou par le biais de partenariats?
Ghosn : « Merci de votre confiance. Nous développons actuellement la technologie et des prototypes de véhicules à piles à combustible. La seule différence réside dans le moment où ils seront prêts pour le marché de masse. Nous croyons que c’est trop tôt. Ils sont trop coûteux et l’infrastructure est loin d’être prête. Mais il s’agit d’une technologie très prometteuse ».
Quel est le plus important obstacle à l’adoption de masse des véhicules autonomes : les enjeux réglementaires ou l’acceptation par les consommateurs?
Ghosn : « Il y a différentes étapes à la conduite autonome. Pour expliquer rapidement, la première étape est le voiturier automatique, la deuxième étape est la conduite autonome sur l’autoroute sans dépassement et la troisième étape serait la conduite en ville. L’acceptation par les consommateurs pour les premières étapes est très élevée. Il sera beaucoup plus difficile pour les législateurs de permettre que l’on ne touche plus au volant ou qu’on ne regarde plus la route ».
Comme partenaires de recherche, il est difficile de trouver mieux que la NASA. Du point de vue de Nissan, dans quels domaines de recherche ce partenariat sera profitable? Le CES a montré à quel point ce domaine est compétitif – pensez-vous que cette collaboration avec la NASA vous donnera l’avantage? Si oui, comment?
Ghosn : « Premièrement, oui, nous croyons que la collaboration avec la NASA nous avantagera. Le principal domaine de collaboration concernera les technologies sur la commande à distance, dans lequel la NASA est sans pareil. Deuxièmement, il y a les technologies et le savoir-faire qu’elle a en matière d’interface homme-machine. L’expérience et les connaissances de la NASA dans le domaine sont sans pareil. Troisièmement, la NASA possède un centre de recherche avec un terrain d’essai et elle donne l’accès à ce campus à nos voitures. Nous serons en mesure de tester nos voitures dans des conditions réelles sur son terrain d’essai. En outre, il y a l’excellence de leur ingénierie qui nous permettra de travailler ensemble sur les enjeux liés à la conduite autonome ».
Bonjour de Norvège. La Nissan LEAF se vend beaucoup ici et on peut la voir partout. Une des raisons qui expliquent cela est probablement l’importante réduction d’impôt accordée pour les véhicules électriques. Comment se portent les ventes en Norvège comparativement aux autres pays d’Europe et aux États-Unis?
Ghosn : « C’est en Norvège, par rapport à la taille du marché, que l’on observe la meilleure adoption des véhicules zéro émission. Nous sommes très heureux que la Leaf de Nissan et que la Zoe de Renault deviennent de plus en plus populaires en Norvège ».
Lorsqu’on entend l’expression « véhicules autonomes », c’est souvent dans la même phrase que le mot « Google ». Comment envisagez-vous le rôle de ce géant de la recherche dans l’avenir des véhicules autonomes?
Ghosn : « Depuis toujours, dans un domaine technologique précis, les entreprises profitent d’une certaine influence du marketing et de l’information. Aujourd’hui, si vous demandez aux gens quelle est la voiture électrique qui se vend le mieux, beaucoup vont répondre la Tesla. Pourtant, il s’agit en réalité de la Nissan LEAF – et de loin. Car la stratégie marketing de Tesla a plus de visibilité auprès du public. L’entreprise semble donc être le leader. La voiture de Google est plus un véhicule sans conducteur qu’une voiture autonome. Elle servira plus à des fins économiques. Par exemple, si Uber était capable de conduire ses voitures sans conducteur, ce serait pour un souci d’économie. Nous sommes plus impliqués dans la conduite autonome. Le conducteur demeure présent dans la voiture, mais nous souhaitons rendre l’expérience de conduite moins stressante. Nous donnons plus de pouvoir au conducteur afin de rendre l’expérience de conduite plus plaisante ».
Apparemment, Ghosn a été dépassé par le volume de questions (plus de 4000 questions et commentaires) et est retourné répondre à ce qu’il pouvait le lendemain.
Source : http://insideevs.com/ghosn-reddit-ama-im-ceo-renault-nissan/.
