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Véhicules électriques : le mirage de l’ignorance

Au fil des 2 dernières années, M. Pierre Couture du Journal de Montréal a écrit des articles et commentaires critiquant de façon régulière les voitures électriques, les subventions envers les voitures électriques et les infrastructures de recharge… et maintenant le nombre de voitures électriques réellement sur les routes du Québec dans un texte d’opinion intitulé « Le mirage des véhicules électriques ».

Pour appuyer son argumentaire, il s’est basé sur les affirmations de l’analyste automobile Dennis Desrosiers qui a déterminé qu’on ne pouvait qualifier les Chevrolet Volt et Ford C-Max Energi de ce monde de voitures « zéro émission » puisque celles-ci étaient aussi pourvues d’un moteur à combustion interne.

Ainsi, il y aurait beaucoup moins de voitures électriques sur les routes que le gouvernement ne le prétend. Selon M. Desrosiers, il n’y aurait en pas « 9163 comme l’indique le gouvernement Couillard, mais bien de 4278 ».

En fait, il est vrai de dire que les Volt et C-Max ne sont pas des véhicules « zéro émission ». Mais si on veut aller au bout de cette logique, AUCUN véhicule n’est « zéro émission »!

À peu près tous les modes de transports fabriqués sur la planète, qu’il s’agisse d’une voiture, d’un autobus, d’un métro et même d’un vélo émettent de la pollution atmosphérique et des GES à l’extraction des ressources, au transport de ces ressources, à la transformation de ces ressources, à l’assemblage, etc.

Zéro émission

Ce n’est pas le Québec qui a inventé l’expression « zéro émission », mais la Californie… il y a de cela plus d’un quart de siècle, soit en 1990. À ce moment-là, le California Air Ressources Board (CARB) voulait forcer les constructeurs automobiles à vendre 2% de véhicules électriques ou à hydrogène en 1998 et 10% en 2003 en Californie.

ZEV norm : Les constructeurs… contre-attaquent

Bien décidés à ne pas se laisser dicter ses façons de faire par le CARB, les constructeurs automobiles ont fait des pressions afin de laisser tomber l’échéancier de 1998, ce qui fut fait.

Mais l’objectif de 2003 demeura.

En 2001, suite encore une fois aux pressions de l’industrie automobile, le CARB a introduit 3 standards afin d’assouplir ses objectifs:

  • Or: Pure Zero Emission

(véhicules électriques à batteries ou à hydrogène)

Exigence : 2% des ventes en 2003

  • Argent: Advanced Technology Partial-ZEV (AT-PZEV)

(véhicules hybrides)

Exigence : 2% des ventes en 2003

  • Bronze: Partial ZEV

(véhicules à essence « très propre »)

Exigence : 6% des ventes en 2003

Malgré ces assouplissements, des constructeurs automobiles ont poursuivi le gouvernement californien pour stopper l’application de ces nouvelles normes… et furent appuyés par le gouvernement fédéral de Georges W. Bush, lorsqu’il a pris le pouvoir en 2001.

C’est suite à ces nouvelles pressions que le CARB a introduit le système plutôt complexe qui est en vigueur aujourd’hui et qui peut en faire perdre son latin à plus d’un. Si vous voulez avoir une idée du niveau de complexité atteint pour la norme ZEV actuelle, je vous invite à lire le document suivant qui explique les normes ZEV qui seront en vigueur pour l’année 2018 :

http://www.arb.ca.gov/msprog/zevprog/zevregs/1962.2_clean.pdf

Donc, si des véhicules hybrides, hybrides rechargeables, électriques et à hydrogène sont considérés comme étant « zéro émission » ou « partiellement zéro émission » par la Californie, ce n’est pas à cause du gouvernement du Québec, mais bien des constructeurs automobiles qui ont tout fait pour que le plus de véhicules possibles soient affublés du qualificatif « zéro émission ».

Le plus bel exemple de cela est certainement est celui de la Subaru Outback PZEV ! Ce constructeur a même décidé de publiciser cette norme californienne sur ses véhicules, induisant du coup en erreur les acheteurs qui croient que ces véhicules n’émettent que très peu d’émissions polluantes ET de GES profitant de la confusion qui règne dans le public entre émissions polluantes et émissions de GES…

D’ailleurs, Ville Mont-Royal a été bernée par cette confusion.

Donc, lorsqu’il est question de véhicules « zéro émission », la réalité est pas mal plus complexe que ne le laissent paraître MM. Couture et Desrosiers.

Passons maintenant à l’objectif de 100,000 véhicules « zéro émission » pour 2020. Atteindrons-nous 100,000 véhicules « zéro émission » sur le territoire Québécois en 2020 ? J’en doute fort. Mais la vraie raison est que le gouvernement Couillard a trop attendu pour déposer sa loi zéro émission, tout simplement. Lorsque nous étions au gouvernement, nous étions sur le point de la déposer… en 2014.

Nous aurons donc perdu au moins 2 ans.

Gros titres… ou titres un peu gros.

Lorsqu’on écrit un texte avec un titre sensationnaliste tel que « Le mirage de la voiture électrique », soit on n’a pas compris le virage qui est en train de s’amorcer en transport, soit on est trop paresseux pour faire le travail de fond ou soit on veut consciemment susciter des controverses à partir d’informations incomplètes, tronquées ou biaisées afin de faire de la copie, ce qui est une spécialité de ce journal.

Mais une chose est sûre, le virage électrique est bel et bien amorcé et celui-ci ira en s’accélérant d’ici 2030 malgré tous les mirages d’ignorance et de désinformation qui sont véhiculés par certains constructeurs, concessionnaires, « analystes »… et journalistes.

Ah oui.

En passant, pour ceux et celles qui n’aiment pas que les Québécois subventionnent l’achat de voitures partiellement en entièrement « zéro émission, sachez que les Québécois subventionnent les pétrolières… 10 fois plus.

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