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Un boom pétrolier aux États-Unis pourrait y ralentir l’adoption des véhicules électriques

Rapport boom pétrolier États-Unis - Pierre LangloisAujourd’hui le physicien Pierre Langlois porte à notre attention la parution d’un nouveau rapport sur le boom pétrolier que vivent nos voisins américains.  Et, malheureusement, ce rapport nous fait réaliser que l’exploitation du pétrole de schiste au sud de nos frontières risque, fort probablement, de maintenir le prix du pétrole relativement bas pour encore plusieurs années, ayant le potentiel de ralentir d’autant le processus d’électrification des transports.
Dans le cadre d’une entente nouée avec le physicien Pierre Langlois , Éco-Énergie à Montréal et Roulezelectrique ont obtenu le privilège de vous présenter le contenu intégral des infolettres qu’il publie sur une base régulière. Mentionnons que Pierre Langlois est consultant en mobilité durable, auteur et conférencier. Il est d’ailleurs l’auteur du livre Rouler Sans Pétrole, publié aux Éditions MultiMondes. On a pu l’apercevoir au petit écran dans des reportages consacrés aux hybrides rechargeables et aux batteries et voitures électriques, à l’émission Découverte, entre autres, où il a témoigné en tant qu’expert. Un gros merci à lui.
Situation du pétrole en Amérique du Nord et électrification des transports?
Bonjour à tous
Je porte à votre attention un nouveau rapport sur le boom pétrolier de nos voisins du Sud que vous pouvez télécharger ici
Rapport boom pétrolier États-Unis - Pierre Langlois
Dans ce rapport, le tableau 5 reproduit ci-dessous [les unités sont des millions de barils par jour (mb/j) ] prévoit que les États-Unis produiront 15,9  mb/j de carburants liquides en 2017, ce qui devrait suffire à leur consommation, et par conséquent mettre un terme à leurs importations. La consommation actuelle des Étatsuniens se situe à environ 19 mb/j, mais les normes CAFE (Corporate Average Fuel Economy ) de réduction de consommation des véhicules va diminuer la demande.
Projection productions carburants liquides États-Unis
Pour fins de comparaison, voici ci-dessous une de mes diapos montrant la production de pétrole du Canada de 2010 à 2030, telle que prévue par l’Association canadienne des producteurs pétroliers. On y constate que la production de pétrole issu des sables bitumineux est d’environ 1,7 mb/j en 2012, et qu’elle pourrait être de 2,5 mb/j en 2017, alors que la production de pétrole de schiste étatsunien atteindrait à cette date 5 mb/j, soit le double!
Force est de constater que l’augmentation de la production est beaucoup plus rapide avec le pétrole de schiste qu’avec le pétrole des sables bitumineux.
Déclin pétrolier sables bitumineux États-Unis
Cette nouvelle donne sur l’échiquier énergétique Nord-Américain met en péril la production du pétrole canadien en provenance des sables bitumineux, d’où la panique de l’Alberta et du Fédéral pour acheminer à tout prix le pétrole albertain vers des ports de mer pour exporter ailleurs.
Voici d’ailleurs un extrait du rapport «The Shale Oil Boom: A U.S. Phenomenom» qui parle explicitement d’une situation dramatique imminente pour le pétrole canadien.
«As the United States traditionally has absorbed 95 percent of Canada’s crude and liquid exports, rising U.S. shale oil production stands to jeopardize a significant portion of Canada’s future potential exports, for two main reasons.
First, Canadian oil exports already compete for transportation capacity, particularly via pipeline, with North Dakota’s surging production. Further, both producing areas rely on the same trading and storage hub, the already overburdened Cushing, Oklahoma. But while North Dakota is finding alternative takeaway options because of rail transportation, a significant part of future Canadian oil production risk being landlocked without the availability on new pipelines, such as the much debated Keystone XL.
Second, marginal production costs for a substantial amount of Canadian crude are the highest in the world, with several oil sands projects presenting a break-even of more than $90 per barrel. Conversely, the price discount for West Canadian Select (WCS, the benchmark for Canadian heavy crude derived from oil sands) hit a five-year low in December 2012 of just over $40 per barrel against WTI, or less than half of the price of Brent crude, making it the cheapest crude oil on the planet. Although WCS spread
vs. WTI eventually narrowed, the most expensive projects with respect to Canadian oil sands will remain highly vulnerable in the future, a prospect that already led several oil sands companies to slash their 2013 investment budget and cancel new development projects.
Once again, without new pipeline capacity to the United States and, possibly, to other, more rewarding markets, Canadian oil producers increasingly will suffer from their landlocked location and the simultaneous price squeeze. While there are plenty of transportation projects already waiting for authorization, experience so far has shown that it will be difficult for most of these projects to materialize, at least in a brief period of time, mainly because of environment-based opposition.
For example, in May 2013, the government of British Columbia said it would oppose the construction of the Northern Gateway pipeline unless there was a greater ability to respond to a spill. Northern Gateway is a critical project in that it would open up the Asian markets to Canada’s oil sand, carrying 525,000 b/d of diluted bitumen – heavy oil mixed with lighter liquids so it will flow – about 730 miles from the oil sands of Alberta to a terminal at Kitimat on the coast of British Columbia.
In any case, the current and foreseeable U.S oil market situation makes Canada too vulnerable, obliging it to think about structurally changing its energy policy and diversify the exports of crude oil and natural gas, shifting away from the comfortable policy of putting all of its eggs in one basket. This would remain the case if the Keystone XL project is approved. In fact, whereas the pipeline will ease the short to medium-term delivery problems of increasing Canadian oil sands production, it will not match the huge
potential for growth of such production.» (page 25)
Toutefois, la décroissance rapide de la production des puits de pétrole de schiste oblige les compagnies à forer un très grand nombre de puits à chaque année. Plus de mille puits nouveaux sont nécessaires dans la formation Bakken-Three Forks (Dakota du Nord) juste pour maintenir le niveau de production à 770 000 barils/jour, comme le montre la figure 2 du rapport.
Croissance forage pétrole
Pour ce qui est de l’épuisement de la ressource, le rapport prédit un déclin dans la production à partir de 2025 environ:
«Figures about the Permian basin are still in the making, yet it is possible to figure out that the Big Three U.S. shale plays have a combined potential of many more than 100,000 shale producing wells, or about ten times the number of those already on line.
 
Taking into account this potential, the limits to drilling intensity probably would start affecting Bakken-Three Forks and Eagle Ford only in the second half the 2020s. By that time, their survival will rely on technological advancements that allow for less and less drilling to recover the same or greater amount of resource.» (page 7)
Imaginez le dégât environnemental de 100 000 puits de pétrole de schiste, et c’est sans compter ceux pour le gaz de schiste !!!!
Puisqu’on n’internalise pas les coûts environnementaux ni sociaux, le prix du pétrole risque fort de rester relativement bas pour encore plusieurs années.
L’électrification des transports était une question de sécurité nationale en 2008 pour les Étatsuniens, car les importations de pétrole ne cessaient d’augmenter, en provenance des pays du Golfe, alors que le prix du baril poursuivait son ascension. Mais aujourd’hui les choses ont bien changé, et la motivation profonde d’il y a 5 ans risque de s’effriter chez nos voisins du Sud.
La question qu’on peut se poser c’est à quelle cadence les voitures à motorisation électrique vont sortir des usines?
Si on veut réellement électrifier nos transports, on n’aura pas le choix d’imposer un nombre minimal de voitures à motorisation électrique toujours croissant, comme l’a fait la Californie avec son «Zero emission vehicle mandate». Selon ce mandat, les fabricants d’automobiles devront vendre un pourcentage toujours grandissant de véhicules tout électrique et hybrides branchables à partir de 2018, comme le montre la courbe ci-dessous, tirée du site du DoE 
Ventes estimées véhicule zéro émission Californie
Selon ce mandat, en 2025, les véhicules à motorisation électrique devront atteindre 22 % des ventes des fabricants en Californie.
Et peut-être faudra-t’il même envisager la production de véhicules à motorisation électrique ici au Québec, compte tenu de notre situation unique en Amérique quant à l’abondance et la propreté de notre électricité, et de notre relativement faible pouvoir de négociation avec les fabricants automobile, du fait de notre population réduite.
Bonne réflexion!
Bien cordialement
Pierre Langlois, Ph.D., physicien
Consultant en mobilité durable,
Auteur et conférencier
Téléphone : 418-875-0380
Courriel: pierrel@coopcscf.com
Site Internet: www.planglois.com
Le physicien Pierre Langlois faisant le plein électrique d'une Chevrolet Volt
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