Électrification des TransportsPétroleVoitures électriques

Tant de faussetés sont véhiculées.

Depuis près de 20 ans, je travaille, lis, analyse et écris sur l’électrification des transports. Or, alors que nous sommes en 2016, je continue à entendre, lire et voir tout un tas de faussetés qui sont encore et toujours véhiculées en ce qui a trait à l’électrification des transports et le pétrole.
En voici une première liste. J’espère qu’elle contribuera à diminuer la désinformation, la démagogie, les mensonges et autres conneries qui font perdre du temps à tout le monde dans ces dossiers.

1. La voiture électrique n’est pas la solution pour diminuer notre dépendance au pétrole et nos GES :

En effet, la voiture électrique n’est pas LA solution. Mais elle est UNE DES solutions. AUCUNE SOLUTION proposée ne réduira à zéro notre dépendance au pétrole à elle seule. Ce ne pourra être accompli que grâce à une panoplie diversifiée de solutions technologiques, économiques, écologiques et sociales. La voiture électrique ne viendra pas à bout de tous les problèmes de transport au pétrole, mais elle contribuera à diminuer un peu cette dépendance.

2. Plutôt que les véhicules électriques, les transports collectifs sont la solution pour diminuer notre dépendance au pétrole et nos GES : 

Encore là, les transports collectifs ne sont pas non plus LA solution pour se débarrasser de notre dépendance au pétrole. J’en ai vraiment assez d’entendre ces déclarations à l’emporte-pièce de certains pseudo-spécialistes qui affirment que ce doit être l’un ou l’autre alors que ce doit être l’un ET l’autre… et bien d’autres choses. Dites-vous bien que si le transport collectif était LA solution qui ferait en sorte que les gens se débarrasserait de leur voiture, les pays où ce transport collectif est déjà très bien développé ne verrait quasiment aucune voiture sur leurs routes. Or, ce n’est pas le cas. Qu’on aille en Allemagne, en France, en Suède ou tout autre pays où le transport collectif est très développé, il y a encore beaucoup de voitures (et même une augmentation des ventes de camions légers) sur leurs routes.

Il y a effectivement des pays où la voiture a peu de place… comme la Corée du Nord.

3. Les voitures électriques et le transport collectif pourront à eux seuls éliminer notre dépendance au pétrole : 

C’est évidemment FAUX. Plus de 40% du pétrole consommé au Québec ne l’est pas par les secteurs des voitures, des camions légers ou du transport collectif, mais par les camions lourds, les bateaux et les avions.

Ainsi, nous aurions beau tous nous promener en autobus et en voitures électriques pour nos déplacements de passagers, cela ne changerait strictement rien à cette consommation de pétrole qui représente presque la moitié de notre consommation au Québec. J’y reviendrai. 

4. Les subventions à l’achat de voitures électriques coûtent une fortune à l’état et doivent cesser :

Après presque 5 ans de subventions maximales de $8000 par voiture électrique, nous en sommes rendus à environ 10 000 voitures partiellement ou entièrement électriques sur les routes du Québec. Si nous faisons le simple calcul OPTIMISTE suivant :

10 000 voitures X $8000 (max) par voiture= $80 000 000
+
10 000 bornes X $600 (max) = $6 000 000

Nous réalisons qu’en presque 5 ans, les subventions à l’achat et la location de voitures électriques ont coûté AU MAXIMUM $86 millions à l’état Québécois, soit moins de $20 millions par an.

Pendant la même période, les subventions offertes aux compagnies pétrolières et gazières par le gouvernement Canadien se situent à environ $1,8 milliard par an depuis les dernières années : 

a) Gisements : « le Canada accorde annuellement une aide financière d’au moins $930 millions de dollars, et ce, directement pour la recherche de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz naturel1. Ce montant inclut des crédits d’impôt pour pratiquement toutes les étapes de l’exploration. »

b) Recherche : De plus, selon l’Agence Internationale de l’Énergie « les investissements publics en recherche dans cette industrie affichent une baisse, alors qu’ils devraient justement être en hausse pour l’aider à se relever. L’essentiel des investissements publics est passé de 1,34 milliard de dollars pour l’exercice 2013-2014 à 941,9 millions en 2014-2015. La baisse des investissements en recherche a été compensée, mais en partie seulement, par différentes initiatives, comme des programmes fédéraux ciblés et à court terme et des investissements en matière de stockage de carbone, note-t-on dans le rapport »2 

Alors que le gouvernement Trudeau avait promis d’y mettre fin en campagne électorale en 2015, il est revenu sur sa promesse lors du dévoilement de son budget en 2016.3 Ces subventions vont donc continuer.

Donc, si nous résumons, le gouvernement Canadien accorde des subventions, crédits d’impôts et autres avantages fiscaux pour l’exploration et la recherche pour un montant d’au moins $1,8 milliard par an, bon an mal an.

Comme la population du Québec représente environ 23% de la population du Canada, on peut dire que $1,8 milliard X 23% = $414 millions par an déboursé par les Québécois pour l’industrie gazière et pétrolière, seulement au fédéral.

Donc, les Québécois subventionnent 20 fois plus l’industrie du gaz et du pétrole que l’achat de voitures électriques. 

(Suite la semaine prochaine…)
DANIEL BRETON
Références :
1 : http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/423595/l-aide-canadienne-aux-petrolieres-frole-le-milliard
2 :  http://ici.radio-canada.ca/regions/alberta/2016/02/25/013-agence-internationale-energie-conseils-canada-recherche-developpement.shtml
3 : http://www.lapresse.ca/environnement/economie/201603/23/01-4963814-combustibles-fossiles-les-liberaux-muets-sur-la-fin-des-subventions.php

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