Électrification des TransportsVoitures électriques

Les freins à l’électrification des transports : les concessionnaires (1ère partie)

Le bagage de connaissances de Daniel sur l’électrification des transports est tel qu’il est incommensurable! Daniel se consacre désormais aux «3E» : Énergie, Environnement et Électrification des transports! Bienvenue dans la communauté de Roulez Électrique, Daniel!

Sylvain Juteau

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Bien des gens nous posent la question suivante : pourquoi n’y a-t-il pas plus de voitures, camions et autobus hybrides, hybrides rechargeables et électriques sur nos routes?

Eh bien, un peu à la manière du documentaire « Qui a tué la voiture électrique? », je vais tenter de répondre à la question en soulignant, chapitre par chapitre, les freins et les défis à un déploiement massif des voitures, camions, autobus, trains et autres modes de transports partiellement et entièrement électriques en Amérique du Nord en général et au Québec en particulier.

Commençons par ceux avec qui vous avez des contacts directs.

Chapitre 1 : Les concessionnaires automobiles

Il y a un peu plus de 15 ans, je me suis intéressé à l’achat d’une voiture hybride. À cette époque, il n’y avait que deux modèles disponibles : la Toyota Prius de 1e génération et la Honda Insight de 1e génération.

J’ai d’abord commencé à prendre des infos sur le web, puis je me suis rendu chez un concessionnaire pour en voir une de plus près. Il n’en avait pas. Je suis alors allé chez un deuxième, puis un troisième, puis un quatrième, puis un cinquième concessionnaire… Ça m’a pris plus de 3 mois avant de trouver puis d’essayer les 2 modèles et faire mon choix.

À chaque fois que je parlais à un vendeur, j’entendais à peu près toujours les mêmes réponses : « On n’en a pas en stock. », « C’est sur commande. »,  « Ça va prendre  des mois.» sans compter l’ineffable «Vous savez, on a peu d’information sur ce modèle.» Ce discours, je l’entendais aussi bien chez les concessionnaires Honda que Toyota.

C’est alors que j’ai décidé de prendre toutes mes infos sur le web afin de pouvoir ensuite négocier exactement ce que je voulais chez les concessionnaires car je me rendais compte que je n’aurais pas les informations nécessaires de leur part.

J’ai finalement choisi la Honda Insight… et près de 15 ans plus tard, il m’arrive encore de la conduire à l’occasion.

Au cours des mois qui ont suivi, j’ai compilé de plus en plus d’infos via des blogues et sites web tels que www.hondainsight.net où des proprios de ce modèle de voiture pouvaient échanger et s’entraider.

En résumé, ce n’est pas grâce aux concessionnaires que je me suis acheté cette voiture, c’est MALGRÉ eux.

Si cette situation pouvait me sembler « normale »

il y a 15 ans vu la nouveauté du produit et de la technologie,

elle ne l’est absolument plus aujourd’hui et

pourtant elle se produit encore.

 

La question qu’on doit alors poser est : Pourquoi?

Plusieurs raisons expliquent ces lacunes :

– Le manque d’intérêt de certains concessionnaires :

Les nouveaux produits que sont les véhicules hybrides, hybrides rechargeables et électriques ne sont distribués qu’en quantités limitées. Qui dit quantités limitées dit ventes marginales. Qui dit ventes marginales dit profits marginaux. Donc, une bonne partie des concessionnaires ne veulent pas perdre de temps, d’énergie et d’argent à tenter de vendre des véhicules qu’ils ne recevront qu’en quantités limitées. Ils préfèrent de beaucoup vendre les véhicules qu’ils ont déjà en inventaire. C’est plus payant et moins de trouble…

– Les surcoûts et pertes pour les concessionnaires :

Ces nouvelles technologies impliquent des investissements de la part des concessionnaires en équipements pour la réparation et l’entretien qui coûtent dans les 6 chiffres. De plus, les mécaniciens doivent aller suivre des formations spécifiques pour ces véhicules. Ainsi, il n’est pas rare qu’un seul mécanicien dans une concession soit réellement formé pour travailler sur un tel véhicule. De plus, une voiture de ce type, spécialement une hybride rechargeable et une 100 % électrique, veut dire moins de profits à l’entretien. Pour donner un exemple, les coûts d’entretien de la Smart ED de ma conjointe sont moins de la moitié moins cher que les coûts d’entretien d’une Smart à essence. Si on combine l’importance de l’investissement au fait que les concessionnaires savent d’entrée de jeu qu’ils ne recevront que quelques copies de ces modèles, on peut comprendre pourquoi certains hésitent à les vendre chez eux.

De plus, dites-vous bien que nombre de mécaniciens ne voient pas d’un bon œil l’arrivée des voitures électriques car ils sont bien conscients que ce type de technologie nécessitant très peu d’entretien et de réparations finira par mettre plusieurs d’entre eux au chômage.

– Les machos :

Certains vendeurs disent ne pas « croire » en ces technologies et ils trouveront parfois les raisons et justifications les plus ridicules pour les dénigrer :

– Rien ne vaut un bon vieux moteur à combustion interne…

– Les chars électriques, c’est pas des vrais chars…

– C’est des karts de golf déguisés…

– Ça fait pas de bruit comme un bon gros V8…

– Ça sent rien ou ça sent pas la bonne odeur de l’essence… (je vous jure!)

– Ça clenche pas (celle-là, on ne se la fait plus tellement servir depuis Tesla)

Bref, toutes les raisons sont bonnes pour ridiculiser et faire passer ces voitures pour des mauviettes de la route. C’est le côté Elvis Gratton du milieu de l’automobile. Et croyez-le ou non, il en reste.

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