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La voiture en libre service, la solution pour l’auto électrique dans les quartiers centraux de Montréal.

Photo de ma première utilisation des bornes de recharge du Circuit électrique
Avec l’arrivée de la voiture 100% électrique, beaucoup de spécialistes et chroniqueurs ont cherché à démontrer, parfois avec raison, les limites de la voiture électrique. De mon côté, je crois que la voiture 100% électrique peut dès maintenant servir de voiture principale à une famille qui possède deux voitures. J’ai également démontré, avec mon utilisation des Nissan Leaf de Communauto depuis 1 an, que la voiture électrique peut combler pratiquement tous les besoins en déplacements des habitants des villes.
Le problème avec l’auto électrique en ville, c’est que la plupart des urbains ne possèdent pas de place de stationnement pour leur voiture. Il ne nous est donc pas possible de brancher notre voiture le soir comme les habitants de la banlieue. Un autre frein au développement de l’auto électrique en ville, c’est que les habitants des quartiers centraux n’utilisent pas tellement leur voiture. Pour la majorité, la voiture sert à faire quelques courses et des activités le week-end. Mais très peu d’entre eux utilisent leur voiture pour aller travailler puisque les routes sont congestionnées à l’heure de pointe et que le coût des stationnements est prohibitif au centre-ville.
Dans ce contexte, l’acquisition d’une voiture électrique n’est pas justifiée. Le peu de kilométrage parcouru ne permettrait pas à l’urbain moyen de récupérer son investissement. De plus, comme la plupart de ces ménages ne possèdent qu’une voiture, ils veulent une voiture qui permet de faire des escapades hors de la ville. Et c’est sans compter que comme ils n’utilisent pas souvent leur voiture, ils sont moins intéressés de payer pour les options dont sont pourvus les quelques modèles électriques présentement offerts (sièges chauffants, caméra de recul, bluethooth, etc).
En contrepartie, les urbains sont très sensibles aux questions environnementales. Ils subissent au quotidien les problèmes occasionnée par l’automobile à essence : pollution atmosphérique, pollution visuelle et sonore, congestion routière et sur utilisation par l’auto du précieux espace publique disponible en ville. C’est pour cette raison que le développement d’une offre de voitures électrique en libre service serait très intéressant à Montréal.
Qu’est-ce qu’une voiture en libre service?
Une voiture en libre service est un système comparable à un taxi, mais sans le chauffeur. Vous pouvez prendre la voiture où vous voulez et la laisser dans des endroits désignés une fois arrivés à destination. Contrairement au système d’autopartage Communauto, vous n’avez pas à ramener la voiture à son point d’origine. Ce qui est parfois contraignant et coûteux, car il faut conserver la voiture plus longtemps.
Avantages de la voiture électrique en libre service
L’intérêt de la voiture électrique en libre service, c’est que comme vous savez exactement la distance que vous allez parcourir, vous savez si la voiture a assez d’énergie pour vous mener à destination. Comme un tel service pourrait être offert avec un système de réservation électronique, vous pourriez savoir avant même de vous rendre à votre voiture si elle a assez d’énergie pour vos besoins. Sinon, l’application de réservation vous indiquera où sont situées les voitures qui possèdent assez de charges à proximité. Comme ce système sera utilisé dans un contexte d’inter modalité (auto, transport en commun, transport actif et taxi), si les voitures à proximité ne possèdent pas assez d’autonomie, l’utilisateur aura accès à plusieurs autres options : modification du trajet en se rendant aux transports en commun, arrêt à une borne 440V (chargement ultrarapide) pour ajouter les quelques km nécessaires, utilisation de 2 voitures en changeant de voiture en chemin ou utilisation du taxi de temps à autre. Dans ce contexte, les voitures électriques seraient toujours utilisées à leur maximum.
Combien de bornes de recharges?
Le principal obstacle à un tel déploiement est sans contredit l’infrastructure de recharge qui serait nécessaire pour mettre en place un tel service. Par contre, je crois qu’il est possible d’aller de l’avant avec une infrastructure limitée.
Bien entendu, pour bien fonctionner, un tel système a besoin de plus de bornes que de voitures, mais peut-être pas tant que ça. Car comme les voitures seraient rechargées pendant la nuit, elles n’auraient pas nécessairement besoin d’être branchées pendant le jour. Les voitures qui ne seraient pas branchées pourraient être branchées par des employés ou via un programme incitatif. Ainsi, on pourrait demander à un membre qui libère une borne de brancher une voiture à proximité pour assurer une utilisation optimale des bornes.
Les bénéfices d’un tel système
Il est clair que la création d’un système de voiture en libre service aurait de nombreux avantages pour les villes:
Économie d’espace : Les études effectuées sur les systèmes d’autopartage démontrent que chaque voiture de ces services remplace environ 10 voitures individuelles. Comme chaque voiture sur la route nécessite environ 4 places de stationnement (1 à la maison, 1 au travail et 2 autres pour les commerces et services), on peut donc en conclure que ces services permettent d’épargner au minimum 20 places de stationnement par voitures partagées. Ces espaces pourront être revalorisés de différentes manières (ajout de parcomètres pour les visiteurs, sécurisation des rues, élargissement des trottoirs, création d’espaces verts, de terrasses, etc.
Économique : Il est important de prendre conscience de l’impact économique des autos sur les villes. Alors que la grande région de Montréal ne produit ni pétrole et ni automobile, c’est au moins une dizaine de milliards par ans (voir étude d’Équiterre) que la région consacre au transport individuel chaque année. Donc, une diminution de ces importations aurait un effet bénéfique sur la balance commerciale de la région et de la province. Il est évident que la diminution de l’utilisation de l’automobile encourage l’achat local et aide les commerces de proximité. Qui dit commerce de proximité, dit augmentation des valeurs foncières, donc augmentation des recettes fiscales pour les villes.
Un système en libre service serait aussi économique pour les familles urbaines. Comme je le disais plus haut, les familles urbaines n’utilisent pas tellement leur voiture. Mais comme elles doivent tout de même payer les frais fixes et assumer la dévaluation de l’auto, le coût de cette voiture par kilomètre parcourue est très élevé. Les familles qui profiteraient de l’arrivée d’un tel service pour se départir d’une voiture économiseraient beaucoup d’argent.
Qualité de l’air :
Comme une voiture partagée électrique remplacerait environ 10 voitures à essence, il est clair qu’un tel système aurait un gros impact sur la qualité de l’air des villes. Avec ses centaines de véhicules à Montréal, Communauto contribue déjà à améliorer l’air de la ville.
Mais le plus gros impact ne serait même pas la réduction directe des émissions, mais la réduction de l’utilisation de l’automobile. En effet, en payant à l’utilisation, les abonnés de l’auto partage et en libre service ont tendance à moins utiliser l’auto. Car contrairement à un propriétaire automobile qui n’a qu’à défrayer l’essence, les utilisateurs de l’autopartage doivent payer les vrais coûts de l’auto à chaque utilisation (auto, assurances, immatriculations, usure, etc.) , ils ont donc tendance à diminuer leur utilisation afin de réaliser des économies. C’est ce qui explique pourquoi une voiture partagée peut remplacer 10 voitures privées. Il est même permis de croire qu’une voiture en libre service pourrait même remplacer plus que 10 voitures, car elle est encore plus utilisée.
Et le financement?
L’exemple de l’entreprise québécoise Communauto et de la prolifération des systèmes d’autopartage partout à travers le monde démontre clairement que ce type de service peut être exploité sans l’utilisation de fonds publics. Par contre, un système en libre service aurait nécessairement besoin d’une aide publique pour sa mise en place. Cette aide pourrait se faire de différentes manières et un partenariat public privé pourrait assurer une répartition du risque.
Donc, si le nouveau gouvernement a fait ses devoirs, j’ai bon espoir que des mesures seront annoncées pour accélérer le développement de l’autopartage et possiblement de la voiture en libre service dans les plus grandes villes du Québec. Il est également important de mentionner que compte-tenu des bénéfices d’un tel système, il faudrait peut-être considérer l’utilisation d’un parc automobile mix (électrique et essence) afin d’assurer un bon fonctionnement du système. Les autos électriques seraient bien entendues toutes désignées pour un tel système, mais l’important serait avant tout de s’assurer qu’il soit performant.
À suivre…
 

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