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Jaguar I-Pace: I comme Impeccable.

La dernière fois que j’ai eu l’occasion de conduire une Jaguar remonte à plusieurs années. Ayant grandi à une époque où Jaguar dégageait une aura de luxe, de performance et d’exclusivité, la marque au félin qui bondit a toujours pour moi exercé une certaine fascination.

(XK 140)                                                                                (XK SS)

(E Type)

À partir des années 70, cette fascination a été quelque peu diluée par l’arrivée de modèles tels que le XJS de triste mémoire.
Je me souviens par contre de l’éphémère XJ220 qui avait causé un certain émoi dans la communauté automobile par l’audace de son design et ses performances de “supercar”. Elle avait même remporté le titre de voiture de série la plus rapide au monde en 1992 avec une vitesse de pointe de 342 km/h (d’où le nom XJ 220 pour 220 mph). J’en avais même vu une de près dans le cadre d’un tournage publicitaire pour une aluminerie, cette voiture étant construite en grande partie en aluminium.


Disons-le franchement, cette marque a eu ses hauts et ses bas au fil des décennies. Or, depuis que le constructeur Indien Tata Motors a racheté Jaguar-Land Rover de Ford en 2008, force est de constater que les Jaguar récentes ont une gueule d’enfer, déculottant à peu près tout ce qui roule au point de vue design, des allemandes aux japonaises en passant par les coréennes et les italiennes.
Ce qui nous amène à la toute nouvelle Jaguar I-Pace, un “multisegment” 100% électrique, le premier véhicule électrique de la marque.

Un véhicule 100% électrique au luxe…impeccable.
Dans le merveilleux monde des véhicules partiellement et entièrement électriques, nous n’avons été que trop habitués à des voitures au look particulier voire étrange, tout ça dans le but d’être le plus énergétiquement efficace possible… et de se démarquer de la masse, ce qui a souvent donné des résultats plutôt mitigés. Qu’on songe aux Prius, Leaf ou aux Insight, ces voitures n’avaient rien pour inspirer des élans de passion.
L’arrivée des Tesla a heureusement changé la donne. Le constructeur américain a réussi à donner ses lettres de noblesse à la voiture électrique en offrant des véhicules performants et plutôt sexys… jusqu’à ce qu’on prenne place à bord. On retrouve alors des habitacles spartiates voire dénudés et un sens du luxe à peu près absent. Certains aiment, d’autres pas. Lorsqu’on est habitués à un habitacle cossu et enveloppant, le choc est brutal.
Ce n’est pas le cas avec la I-Pace. Belle en dehors comme en dedans, les designers de la marque ont réussi à conjuguer de manière très élégante un look épuré et un cachet classique, le tout dans un écrin des plus racés. Cela donne un résultat franchement réussi et aussi bien BMW que Mercedes, Lexus et Tesla pourraient s’en inspirer.
Le confort des sièges est sans reproche, à l’avant comme à l’arrière. Les sièges avant sont enveloppants, sans être contraignants et ajustables de toutes les manières possibles et imaginables. À l’arrière, ils sont bien coussinés et l’espace pour la tête et les jambes est plus que suffisant. L’espace cargo passe de 656 litres à 1453 litres lorsque les sièges arrières sont rabaissés, ce qui en fait un véhicule spacieux.


Le tableau de bord et l’écran central sont à la fois clairs, intuitifs et complets. On retrouve dans la I-Pace toutes les informations et options nécessaires… et superflues: consommation, navigation, mémoire, appli I-Pace (recharge à distance, état du véhicule, climatisation à distance, déverrouillage, etc), force G, multimédia, commandes vocales, musique (avec l’image de l’album sur le tableau du bas), Apple Car Play, Android Auto, toit vitré, possiblité de programmer la voiture en langue française, anglaise, allemande, russe, néerlandaise, japonaise, chinoise, etc, etc, etc.

De plus, la Jaguar I-Pace que j’ai eu l’occasion d’essayer était une version “First Edition” (édition limitée), qui comprend toute une série de petits plus tels que le pare-brise chauffant, les gicleurs de lave-glace chauffants  et un système de conduite dynamique adaptatif et configurable.

 
Bref, c’est ce souci du détail que fait que lorsque nous montons à bord d’une I-Pace, nous réalisons instantanément que nous sommes à bord d’une vraie voiture de luxe… qui s’adonne à être électrique.
 
Une tenue de route impeccable
Équipée de la traction intégrale à 2 moteurs commandés indépendamment, de la vectorisation du couple par freinage, d’un régulateur de vitesse toutes surfaces et de pneus de 22 pouces à profil bas, sans oublier le centre de gravité abaissé par le poids de la batterie Lithium-Ion de 90 kWh, cette I-Pace a démontré une tenue de route hors de commun. À la fois stable et dynamique, ce véhicule prend les courbes avec une aisance qui s’approche des meilleures voitures sport, ce qui est particulièrement impressionnant pour un véhicule de ce format. À 394 ch. et 512 lb-pi de couple, certains de mes amis ont d’ailleurs été passablement “décoiffés” par quelques virages que j’ai effectués avec eux à bord durant mon essai, la voiture passant de 0 à 100 km/h en 4,8 secondes.
Pour ceux et celles qui ne sont pas amateurs de performance, on peut aussi la conduire en mode “Éco” ou “Confort”, ce qui fait en sorte de transformer cette voiture en cocon aussi silencieux que confortable grâce à sa suspension pneumatique qui peut d’ailleurs être abaissée ou rehaussée du bout du doigt.
La conduite ajustable à une pédale n’est pas la meilleure, mais elle se rapproche de celles des Bolt EV, des Leaf de 2e génération et des Tesla. Elle devance donc celle de tous les autres constructeurs, de Hyundai à BMW, en passant par Mercedes, Kia ou Honda.
Une recharge impeccable 
Mettons une chose au clair dès le départ, nous ne perdrons pas de temps à discuter de la recharge avec le chargeur de niveau 1. En 2019, on en est plus là pour les véhicules 100% électriques et, hormis de très rares exceptions, le chargeur de niveau 1 fourni par le constructeur risque fort de passer sa vie emballé dans le fond du véhicule.
La I-Pace étant équipée d’une batterie Lithium-Ion de 90 kWh, la recharge sur une borne de niveau 2 standard prendra un peu plus de 12 heures.
Quant à la recharge sur une BRCC de 50 kW, celle-ci nécessite “officiellement” 90 minutes de 0% à 80%. En conditions réelles hivernales, j’ai vu le niveau de charge de la batterie passer de 10% à 80% en 67 minutes, ce qui excellent. Et la majorité du temps, le niveau de la recharge oscillait entre 400 et 435 Volts et entre 100 et 125 Ampères.

De fait, la vitesse de la recharge a été limitée par le fait que la BRCC du Circuit Électrique n’est que de 50 kW, la I-Pace pouvant accepter la recharge à 100 kW. Selon le constructeur, la recharge de la I-Pace à 100 kW prend environ 1 heure de 0% à 80%.
Ceci démontre l’avantage comparatif qu’a Tesla sur la concurrence lorsqu’il est question de la recharge car non seulement les Superchargers de Tesla sont plus performants que les BRCC standards qu’on retrouve généralement sur nos routes, mais avec l’arrivée des Superchargers V3, l’écart ne fait que s’agrandir entre Tesla et la concurrence. Voilà ce qui arrive lorsqu’on ne contrôle pas son propre réseau. Jaguar, tout comme les autres constructeurs, se retrouve désavantagés.
Une autonomie impeccable
Multisegment coté à une autonomie EPA de 377 kilomètres, le format de la I-Pace la situe entre la Tesla S “à autonomie standard” (c’est son nom pour cette semaine…) dont l’autonomie est de 435 kilomètres et la Tesla X 75 D 2019 (qui n’est plus disponible… cette semaine) dont l’autonomie est de 383 kilomètres.
En effet, le style de la Jaguar semble être à mi-chemin entre la voiture (S) et le VUS (X), ce qui en fait un modèle à format hybride très spacieux pour 4 adultes.
En conditions hivernales (entre -5 degrés Celsius et -20 degrés Celsius), j’ai obtenu une autonomie oscillant entre 260 et 340 kilomètres, ce qui est tout à fait à la hauteur. Évidemment, le fait que la batterie soit thermorégulée par liquide et qu’elle soit équipée d’une pompe à chaleur contribue au confort et à la chaleur à bord de la voiture… sans oublier des sièges chauffants très efficaces à l’avant et à l’arrière.

Je n’ai donc aucun doute que ce véhicule pourra atteindre une autonomie estivale de plus de 450 kilomètres ce qui est excellent pour un tel véhicule de luxe.
Consommation élevée
Assez grosse, très bien équipée, la Jaguar consomme plus d’électricité que ses principales concurrentes. À environ 26,5 kWh / 100 km, sa consommation d’électricité est environ 22% plus élevée que celle de la Tesla X 75 D et 33% plus élevée que celle de la Tesla S. La Jaguar I-Pace n’est donc pas un modèle d’efficacité énergétique comme la plupart des marques de luxe. Ça n’a donc rien d’une surprise… ou d’un drame.
Un véhicule impeccable 
Offert à partir de $89 800, la I-Pace est $15 500 moins chère que la Tesla S la moins chère ($105 300) et $27 500 moins chère que la Tesla X la moins chère ($117 300).

Ceux et celles qui recherchent LE véhicule énergétiquement le plus efficace ne seront peut-être pas impressionnés par la Jaguar I-Pace. Mais tous ceux et celles qui apprécient un véhicule à la fois électrique, luxueux et stylé ne pourront passer outre à ce multisegment. Il possède plusieurs atouts qui pourraient faire en sorte que des acheteurs potentiels de BMW, Mercedes, Lexus… et Tesla verront leur coeur battre pour cette belle anglaise.
Oui, le réseau et les mises à jour des Tesla sont des avantages indéniables… pour ceux qui l’apprécient, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Il ne faut pas sous-estimer l’attractivité du confort et du luxe.
C’est encore plus impressionnant lorsqu’on réalise que le premier vrai “adversaire” de Tesla n’est pas un géant comme Toyota-Lexus, BMW ou Mercedes, mais Jaguar-Land Rover qui appartient à Tata Motors, un constructeur automobile indien. Il y a d’ailleurs quelque chose d’ironique dans le fait qu’un ancien fleuron automobile britannique soit désormais la propriété d’une entreprise de l’Inde, cette ancienne colonie britannique.
Pour ceux et celles qui sont préoccupés par la fiabilité de ce véhicule, sachez que la I-Pace s’est comportée de manière impeccable pendant toute ma semaine d’essai. C’est peu de temps, mais déjà mieux que ce que j’ai vécu avec plusieurs autres véhicules d’essai de grands constructeurs réputés fiables.
Étant de ceux qui ont observé et analysé l’essor des véhicules électriques depuis 2 décennies, je ne peux que m’en réjouir.
P.S: Pour les mordus de la E-Type, Jaguar offre maintenant de convertir ces voitures à l’électricité. Elles s’appellent les Type E-Zero.
Mon rêve.

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