
Un grand méconnu : Raymond Deshaies
- Écrit par Daniel Breton
- Le 08/10/2014
- 22 Commentaires
- Autobus hybride, Daniel Breton, Raymond Deshaies
- Catégories: Chronique de Daniel Breton, Électrification des Transports, embûches, Politique
Le bagage de connaissances de Daniel sur l’électrification des transports est tel qu’il est incommensurable! Daniel se consacre désormais aux «3E» : Énergie, Environnement et Électrification des transports! Bienvenue dans la communauté de Roulez Électrique, Daniel!
L’actuel article me touche particulièrement. Si M. Deshaies avait réussi au Québec, probablement que je ne serais pas en Californie pour vénérer ce visionnaire qu’est Elon Musk, peut-être que je serais au Québec pour admirer Raymond Deshaies! Je crois que la communauté VÉ pourrait ÉPAULER et accompagner ces entrepreneurs bien de chez nous dans le domaine des transports. Nous sommes très bien placés pour comprendre le potentiel de leurs inventions!
Sylvain Juteau
_______________________________________________________________________________
Je voudrais profiter de cette tribune sur le site de roulezelectrique.com pour faire connaître et reconnaître un homme que j’ai côtoyé pendant des années et qui a donné SA VIE à l’électrification des transports collectifs. J’ai nommé Raymond Deshaies.
Fils de l’entrepreneur et inventeur Alphonse Deshaies qui a créé l’entreprise « Autobus Deshaies », Raymond fera ses études à l’école Polytechnique où il obtiendra un diplôme en génie électrique. Plus tard, il obtiendra un MBA des HEC, se mariera et aura deux enfants, Jean-Raymond et Patricia.
Un premier prototype en 1966!
Dès le début des années 60, Raymond Deshaies sera préoccupé par les impacts de la pollution atmosphérique et de ses effets sur la santé des gens. C’est ainsi qu’il commencera à travailler sur ce projet qui allait devenir celui de toute une vie : l’hybridation et l’électrification des autobus.
Ayant grandi dans un environnement où les autobus n’avaient aucun secret pour lui grâce à son père, il assemblera son premier prototype fonctionnel d’autobus diesel-électrique… en 1966! Le but était simple : il s’agissait de rendre l’autobus plus économique en diesel et moins polluant.
Il ira présenter ce prototype aux autorités de la ville de Montréal… qui ne comprendront pas l’intérêt d’une telle technologie. Montréal venait tout juste de se débarrasser de ses 500 kilomètres de lignes de tramway pour les remplacer par des autobus diesel ainsi que ses premières lignes de métro. Donc, pourquoi donc aller vers les autobus hybrides?
Étonné du peu d’intérêt de la part des autorités municipales et de ses contemporains, il ne se découragera cependant pas. Têtu comme pas deux, il prendra la relève de son père à la tête de l’entreprise, mais continuera à cogiter sur son prochain prototype d’autobus.
Durant les années d’Autobus Deshaies, il a acheté ses autobus de Prévost Car parce que ceux-ci étaient faits au Québec et que cela contribuait à créer de la richesse au Québec. Il a collaboré avec eux afin que ceux-ci s’améliorent et progressent. D’ailleurs, le slogan sur leurs cartes postales en 1976 était : « Nos autobus luxueux, avec air climatisé, sont fabriqués au Québec par des Québécois pour les Québécois. »
Les années 80
En 1982, Raymond Deshaies présente un nouveau prototype d’autobus hybride diesel-électrique au gouvernement de René Lévesque. Il est important de rappeler qu’en 1982 nous sommes en pleine crise économique. Les taux d’intérêts frisent les 20% et le prix du pétrole s’est enflammé suite à la guerre Iran-Irak.
C’est dans ce contexte, me confiera M. Deshaies, que le gouvernement de René Lévesque signera officiellement une commande pour 2000 de ses autobus hybrides.
M. Deshaies m’apprit alors que peu après cette signature, GM alla cogner à la porte du gouvernement en les menaçant de fermer leur usine d’assemblage de Ste-Thérèse si le gouvernement se tournait vers les autobus de M. Deshaies plutôt que d’acheter les leurs. (On découvrira plus tard qu’elle finira par être fermée de toute façon.)
Le contrat sera alors déchiré. M. Deshaies aura perdu une autre manche.
Les années 90
Dans les années 90, M. Deshaies s’y remet. Il présente une 3e génération d’autobus hybride aux élus municipaux, à Québec, à des fonctionnaires et à des gens d’affaire. Quelle fut alors la réponse du ministre Gérald Tremblay? Que le gouvernement ne pouvait appuyer un tel projet car M. Deshaies n’avait pas les infrastructures nécessaires pour les construire et que si par ailleurs il y arrivait, cela nuirait à Novabus, tout récemment sortie du pétrin grâce à l’aide du gouvernement. Donc, une fois de plus, M. Deshaies se cogna le nez sur une porte fermée.
Mais le ministre Tremblay s’assura quand même d’obtenir tous les plans et devis des prototypes de Raymond Deshaies AINSI que de son système de biberonnage (eh oui…) afin de recharger les autobus lors de leurs arrêts aux lumières et arrêts d’autobus.
Les années 2000
En 2005, un ami me parle de M. Deshaies et me demande de le rencontrer. Je découvre un homme bourru, en colère contre la bêtise humaine, aigri par tous les obstacles, coups bas et autres bassesses dont il a fait l’objet. Il a fort mauvais caractère et à quelques reprises je me vois dans l’obligation de lui demander de se calmer tellement il bouille de colère.
Plus je passe de temps à ses côtés, plus je comprends sa frustration et sa révolte. J’en viens à me demander comment un homme a pu endurer tant de médiocrité, de petitesse, de myopie, de lâcheté et d’hypocrisie de la part de nombres de ses contemporains dans le dossier qui a animé toute sa vie.
Malgré cela, il travaillera sur une 4e génération d’autobus hybride. Maintenant presque ruiné, il aura englouti temps et argent dans ce projet qui est en train de le tuer à petit feu. Son 4e prototype sera construit à partir d’un vieil autobus dont il changera la motorisation.
Vu son caractère intempestif, ses détracteurs et ses ennemis auront beau jeu de le traiter de vieux fou afin de le discréditer… et à bien des égards, ça fonctionnera.
M. Deshaies ne sera plus pris au sérieux.
Par un matin d’automne…
… je me suis rendu au garage de Marcel Chartrand, son partenaire qui a acheté l’entreprise Autobus Deshaies. J’y découvre alors les deux hommes en train de finir de préparer l’autobus pour les essais routiers. Après plus de 3 ans de dur labeur pour fignoler ce nouveau prototype, je le regardai sortir du garage, tranquillement.
Nous sommes fébriles. Le soleil luit, il fait environ 8 degrés Celsius, les feuilles commencent à jaunir.
C’est là que M. Deshaies prend le volant et commence à accélérer. Il accélère, puis ralentit. Il freine, puis repart. Il revient. Il repart. Et après quelques minutes d’hésitation, il pousse le vieil autobus dans lequel a été greffé un nouveau cœur.
Et ça marche.
Je suis abasourdi. Bouleversé.
Cet homme de 70 ans, qu’on essaie de faire passer pour un fou est au volant de ce prototype que lui et son partenaire ont rafistolé avec les moyens du bord… et ça marche!
À la fin des tests, le résultat est renversant : moins de 30 litres/100 km. Alors que les autobus flambant neufs consomment 50 litres/100 km et plus, son vieux bus en fait presque la moitié moins!
Encore une fois, il se cognera le nez sur des portes closes. Personne ne l’écoutera au gouvernement ou dans les sociétés de transport. Pour une quatrième fois en 40 ans, cet homme génial et irascible se verra refuser de voir son rêve se concrétiser.
2012 : La lueur d’espoir.
Le 4 septembre 2012, le PQ prend le pouvoir. Quelques mois plus tard, je me vois confier la responsabilité de la stratégie d’électrification des transports du gouvernement du Québec. Le jour de ma nomination, j’appelle M. Deshaies pour lui dire qu’enfin il aura l’écoute de quelqu’un au gouvernement qui comprend les enjeux et saura accorder à son projet le respect qui lui est dû.
Afin de ne pas causer d’impair, je lui demanderai de venir présenter son projet de façon officielle aux gens de l’équipe. M. Deshaies est très heureux de finalement voir la lumière au bout de cet interminable tunnel.
Quelques jours plus tard, j’arrive à mon bureau. Ma secrétaire me dit : « Un certain Jean-Raymond Deshaies vient d’appeler et il voudrait que tu le rappelles. » Je lui réponds alors : « tu veux dire Raymond Deshaies? ». Elle me répond : « Non. Il m’a bel et bien dit s’appeler Jean-Raymond Deshaies ».
Un très mauvais pressentiment m’envahit alors. J’appelle au numéro que m’a laissé ma secrétaire et mes pires craintes se confirment. M. Deshaies est mourant. Je m’en vais de ce pas le voir à l’hôpital et je suis dévasté par la vitesse à laquelle sa condition s’est dégradée.
Il n’en a que pour quelques jours.
C’est à ce moment qu’il me dira de ne pas faire la même erreur que lui en investissant tout ma vie dans un projet ou une cause au point d’en perdre ma santé, ma vie, ma famille, mes amis. J’entends bien son message… et je suis éberlué par la cruauté de la situation.
Alors que pour la première fois de sa vie, il sentait qu’enfin son projet, sa vision pour l’avenir du Québec en transport collectif électrifié pourrait se concrétiser, il est là, couché dans son lit d’hôpital, glissant vers la mort.
Je n’oublierai jamais cet homme. Il a été un pionnier.
La raison pour laquelle j’ai écrit ce texte sur la vie de M. Raymond Deshaies, c’est :
-pour lui rendre hommage afin que les gens sachent tout l’amour qu’il avait pour l’avenir du Québec et de l’environnement;
-pour ne pas que par manque de vision, lâcheté, bêtise, lobbying ou convoitise, un Raymond Deshaies du 21e siècle se fasse tasser du revers de la main pour toutes les mauvaises raisons imaginables.
Le Québec ne peut pas se permettre un autre rendez-vous manqué en électrification des transports. C’est maintenant ou jamais, comme disait Jean Lesage.
C’est pourquoi je souhaite que les citoyens, notre gouvernement et nos gens d’affaires appuient résolument cet extraordinaire projet de société que représente l’électrification des transports individuels et collectifs ainsi que les futurs Raymond Deshaies du Québec.
Merci, M. Deshaies.
Daniel Breton
Les derniers articles par Daniel Breton (tout voir)
- Pris dans un embouteillage en VÉ? Aucun problème! - 12/02/2019
- Grosse semaine en électrification des transports! - 26/01/2019
- Véhicules électriques : Gros titres et pollution… médiatique. - 19/01/2019
Vous avez un style d'écriture très stimulant. C'est un véritable plaisir de vous lire.
Bonne journée.
Quelqu'un prend-il la relève dans ce dossier?
Où est rendu l'étude de faisabilité et de rentabilité du monorail électrique suspendu
cet ancien nouveau projet de P Couture de l'IREQ ? Un autre innovateur comme Raymond Deshaies.
La politique de la bêtissement humaine mené par des gens avides de pouvoir et de corruption...
qui permet de recharger 100 KW à certains arrêts en route par des chargeurs par induction
sans contact les puissantes batteries au Lithium d'autobus électriques des villes.
Vive le roi Li-ion!
http://lionbuses.com/
C'est decourageant!!
ses innovateurs, inventeurs-patenteux et créateurs, dans tous les domaines sont actifs et reconnus partout mondialement sauf ici , nul n'est prophète en son pays ...
Avec nos ressources naturelles stratégiques en abondance et notre énergie propre, notre eau douce qui coule partout, on est une des régions les plus riches per capita, pour devenir un PAYS qui pourrait rapidement se passer des produits pétrolier pour ses transports collectifs et individuels.
Pour cela, il devient urgent que le Québec soit un pays indépendant dès lors on pourra décider avec vision d'avenir à long terme selon nos analyses et orientations politiques comme lors de la tournée de la Commission des Enjeux Énergétique du Québec !
Il faut cesser le " tataouinage " pour enfin oser avoir l'audace de peut-être penser AGIR prochainement ... :-)
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2012/03/07/007-quebec-autobus-electrique.shtml
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/economie/2012/09/27/010-novabus-electrique-prototype.shtml
Elle-même conduisait un petit autobus que j'ai moi-même pris à l'adolescence, pour des trajets entre les villages. Elle m' a partagé des photos de l'entreprise Deshaies dont entre autre la première autobus Deshaies construite en bois par son père. Ils étaient vraiment
des pionniers ces Deshaies . Dommage que le projet de M.Raymond Deshaies fut "tassé".
De quoi avons nous peur les québeccois ? On dirait que depuis la nationalisation de l'électricité qui a fait notre fierté, nous hésitons de foncer malgré que nous avons tout pour réussir...
Je veux simplement signifier que tout ramener à la petitesse des Québécois est pire que d'être sourd aux innovations de ce pionnier.
Voyons donc, les gens de bonne volonté existent partout, la misère et l'injustice aussi.
Qui peut prétendre que les désastres guerriers et la barbarie qui a cours présentement et exposée sur tout les écrans trouvent une opposition ferme de quelque pouvoir organisé que ce soit.
Ce n'est pas le Québécois qui est si petit, mais il est tout à fait aussi petit que tant d'autres sur la planète et en cela très semblables à tous ceux qui ont peur de changer les choses que la vaste majorité sache pourtant être injuste ou mauvaise et tout à fait légitime d'être changé ou radié.
Mais on ne peut pas se dire vertueux un jour et aveugle un autre jour.
Le pouvoir ne corrompt pas absolument, mais le pouvoir absolu est certainement corrompu.
Par delà la doxa financière ânonnée, partout sans réserve demandons nous qui nous tuons chaque jour par notre immobilisme et indifférence.
Les gens ne choisissent pas d’être petits, ils s’inclinent parce qu’ils y sont contraints par beaucoup plus puissant qu’eux.
Une lecture intéressante "Destruction massive. Géopolitique de la faim"de Jean Ziegler.
On s’éloigne largement de l’électrification des transports, mais pas des changements nécessaires pour y arriver.
Il y a de l'inertie, de la résistance dans le système actuel ""pétrole-fabricant auto"", des milliers de milliards $$$$ en jeu.
Le film "Who killed the electric car ?"" le montre bien ... et il n'est pas du tout question de ce que serait une forme de pseudo- "petitesse des Québécois" dans ce film, ni dans la réalité de la mondialisation actuelle.
Nous sommes plutôt en présence d'une situation ""David contre Goliath", ou plus précisément d'un inventeur isolé contre un système mondialisé et dominant.
Ceci étant écrit l'histoire de Raymond Deshaies, méconnue, est intéressante.
rappelons-nous que d'autres inventeurs québécois, un peu isolé, un peu marginaux, ont réussi à construire ici des entreprises de grande qualité (Joseph Armand Bombardier)
il n'allait toutefois pas à l'encontre du complexe industriel "techno-pétrolier"
Sans compter , problème d'équilibrage de petit moteur diesel connecter à une roue inertiel gigantesque , connecter à une génératrice et alternateur et compresseur d'air , ca vibraient suffisamant , que ca endommagea une piece de roulement ... Raymond était decourager , je lui ai dit je sait où est ton problème , et il écouta mon idée , qui fut un succès
N'oublier pas il n'y avait pas de batterie d'alimentation du moteur electrique . Juste une petite batterie pour le démarrage du moteur à diesel sait tout . Le moteur electrique était un moteur de trolley-bus , situer sous l'autobus et relier au différentiel qui a été nécessaire de l'inverser de sa position et seul ce moteur electrique fait tourner les roues de l'autobus .
Et je pourraient vous en parler d'avantage , mais mais sait trop
technique et plusieurs auront de la difficulté a y comprendre ...
Et ce sans compter qu'il ne faut pas oublier , l'appuie de
M.Marcel Chartrand , lequel a acheter le garage Deshaies de Ste-Therese vers les année 80 ...
J'ai aussi presente le projet de ce bus au reseau de transport de la rive sud ,
Mais sait l'atuq qui était le probleme ,
Association Transport Urbain du
Quebec .
Car , tous les réseaux de transport public de grande ville s'unisse pour
un achat en groupe et si l'atuc dit , sait Novabus bien ca seras ainsi ...
Et bien sait un complément de ce que M.Breton à mentionner un peut plus avant dans cette publication ...
Richard St-Onge .
Ce fut ma meilleure école.
Il me contactait encore à l'occasion les mois prédédant son décès, alors qu'il était de retour à Deschaillons. Malheureusement, j'ai appris son décès trop tard et je n'ai pu présenter mes sympathies à la famille à ce moment.
Malgré son caractère fougueux, je garde de lui d'excellents souvenirs.
Merci Raymond d'avoir fait de moi une secrétaire "perfectionniste". Cela m'a servi jusqu'à cette année, alors que je viens tout juste de prendre ma retraite.
J'ai connu Raymond Deshaies alors que j'étais président du conseil de la défunte Agence de l'efficacité énergétique du Québec. Je ne me souviens plus vraiment qui ni comment j'en suis venu à le connaître mais je l'ai rencontré à une ou deux reprises et, par la suite, nous avons correspondu pendant un certain temps. J'ai donc eu l'occasion de voir un de ses derniers prototypes de très près. En tant qu'ingénieur mécanique, j'ai trouvé à la fois simple et génial plusieurs de ses mécanismes, la façon dont les composantes étaient reliées, etc.
J'ai fais en sorte de pousser un peu sur son projet pour que l'Agence l'appuie. Toutefois, pendant ma présidence, j'étais occupé à mettre au point et à convaincre le ministre de l'importance de créer un fonds pour soutenir nos efforts en efficacité énergétique. En plus de l'efficacité des transports, l'Agence devait aussi s'occuper de celle des bâtiments. Alors, nous avions passablement de pain sur la planche et pas encore suffisamment de fonds pour aider efficacement un inventeur tel que Raymond Deshaies.
Ce n'est pas la première fois et ce ne sera certes pas la dernière que nos gouvernements n'auront pas la vision requise pour bien évaluer la valeur d'un projet. Et, ça remonte loin. Il suffit de pensez au temps de Diefenbaker (1950) et le projet Arrow, l'avion de chasse le plus performant du monde à son époque.
En fait, pour avoir fréquenté de près les acteurs politiques en tant qu'ancien président de l'Ordre des ingénieurs du Québec, j'en suis venu à penser qu'une des choses qui nous sclérose le plus au Québec, s'est le manque d'action. En latin on dit:«Put your money where your mouth is». C'est bien plus facile de rester assis, d'attendre le biberon gouvernemental et de chialer quand il n'arrive pas assez vite que de se lever debout et de surmonter une à une toutes les difficultés qui nous séparent du succès. Et, soyons sérieux, l'idée d'attendre que le Québec soit un pays, n'est-ce pas une autre bonne excuse pour ne pas agir maintenant?
Raymond Deshaies a travaillé à un projet qui nous dépasse à peu près tous financièrement. Mais, collectivement, serions-nous suffisamment convaincu pour accepter de prendre les risques avec notre propre argent?
Raymond Deshaies n'a pas été soutenu par des financiers, par les décideurs publiques et par les acheteurs gouvernementaux. Or, même les capitaux dits de risque au Québec n'ont pas le goût du risque. Et, c'est bien connu, les décideurs publiques et les acheteurs n'ont pas le goût du risque non plus et, disons-nous le clairement, ça ne fait pas partie de leur mandat.
Il revient à nous de faire en sorte d'accumuler de la richesse individuelle et de prendre les risques auxquels nous nous sentons en mesure de faire face. Tout le reste, n'est-ce pas du vent?
Effectivement, au cours des dernières années, les propos de Raymond Deshaies traduisaient beaucoup d'aigreur face à son incapacité de transmettre son rêve aux décideurs. Mais, la chose qu'il faut remarquer, c'est que, malgré le manque de ressources et d'appuie, l'homme n'a jamais capitulé. Il a poursuivi son action dans ce qui était le plus à sa portée, l'invention.
J'ai aussi côtoyé un très grand nombre d'inventeurs. Ce sont des gens qui ne cesseront jamais de nous fasciné. à l'Ordre des ingénieurs, j'ai appuyé un projet qui consistait à mettre en onde une émission au cours de laquelle des inventeurs étaient présentés avec leur invention. L'animateur était Michel Barrette. Le projet a duré 2 années de suite, je crois. J'aurais souhaité qu'il devienne un rendez-vous annuel incontournable.
J'ai remarqué que les inventeurs partagent plusieurs attribues tel que la capacité de visualiser ce qui n'est pas encore créé; de travailler avec acharnement à réaliser concrètement leur idée et à la perfectionner jusqu'à l'infini s'il n'y avait pas quelque chose ou une situation qui les force à arrêter. L'autre attribue qu'on retrouve chez la plupart des inventeurs c'est l'incapacité de gérer financièrement un projet d'entreprise pour tirer profit de l'invention. Ça prend habituellement quelqu'un d'autre (ou plusieurs autres) sinon la plupart des projets ne lèveront jamais. Plusieurs personnes ont tenté d'aider Raymond Deshaies à combler cette lacune sans y parvenir. Avouons, que le projet est immense et, tel que plusieurs l'ont souligné, les enjeux sont aussi importants.
Je vous lève mon chapeau M. Deshaies. À bien des égards, vous êtes un formidable exemple à suivre.
Merci pour ce très bel article, M. Breton.
Toutes mes sympathies à Mme Potvin et à la famille.
Jean-Pierre Brunet, ing. MBA F.I.C.
Après quelques brèves recherches, j'ai bien retrouvé la trace de ce fabriquant de bus mais étonnamment, plus de rien de nouveau après 2008-2009.
Les grands consortiums ont maintenant le champ libre pour nous étouffer avec leur batteries polluantes.
Le réalisateur Philippe Falardeau à tourné un court-métrage sur Raymond qui a été ajouté en supplément au DVD de son film CONGORAMA. Dans un scène je l'aide à rentrer et à sortir de son autobus prototype qui était enterrée de neige près d'une grange. Et là, l'un de nous dit: "Ça prends 2 ingénieurs pour réussir à rentrer et sortir de cet autobus!" Ah ah ah!
Raymond était aussi un bon vivant, avec un excellent sens de l'humour. Que de rires lors de bons repas bien arrosés!
Moi aussi, comme beaucoup d'entre vous, j'ai essayé de l'aider par des discussions techniques, des rencontres avec des politiciens et des financiers.
On désirait créer des emplois payants ici au Québec dans un domaine qui devait croître dans le futur et devenir un fournisseur au niveau mondial, surtout dans les pays nordiques où les batteries chimiques sont moins performantes.
J'avais aidé d'autres entrepreneurs à démarrer leur entreprise en utilisant le concept de sous-traitance et Raymond aimait cette idée et à essayer de la mettre en place sans succès. Puis, c'était risqué, mais l'option chinoise a dû être envisagée. S'unir aux chinois pour faire fabriquer les autobus en Chine. Devenir no. 1 en Chine et conquérir par la suite la planète! Volvo avait et a toujours son propre concept et prototypes en démos et les Chinois étaient intéressés par Volvo.
Les rencontres et discussions n'amenaient rien de concret!
Et ici mes contacts en capital de risques ne voyaient et n'étaient intéressés que par les idées et projets dans le domaine d'Internet!
L'art de devenir rapidement multimillionnaire en partant une entreprise avec l'aide à la recherche du gouvernement et d'attendre de se faire acheter par les américains!
Désolé pour le long texte!
RIP Raymond et à bientôt!
Hervey