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Quels devraient être les critères de sélection du projet de flotte d’autos en libre service?

Ça y est! Denis Coderre a enfin dévoilé la politique sur les VLS (véhicules en libre service) de la ville de Montréal qu’on attendait depuis presque 2 ans malgré une quasi-unanimité des intervenants en faveur de ce nouveau mode de transport. Afin de s’assurer que ce mode soit entièrement efficace pour diminuer les GES, il a décidé de mettre en branle l’électrification de la flotte avec un appel d’offres international.
J’ai donc pris un moment pour réfléchir aux critères qui devraient être utilisés pour décider de la voie à prendre pour obtenir la flotte de VLS idéale.
Voici ce qui me semble prioritaire pour l’instant. Je serais curieux d’avoir vos commentaires et suggestions.
1- Un coût d’utilisation le plus abordable possible
Si pour certains, le VLS sert occasionnellement à remplacer des trajets en taxi, pour d’autres, il est leur unique mode de transport individuel. En fait  l’objectif premier du VLS devrait être de réduire la motorisation des ménages en permettant aux familles de vivre avec une voiture en moins. Compte tenu que les Montréalais les plus susceptibles de délaisser leur auto possèdent généralement une voiture usagée, l’utilisation du VLS doit être économique au bout de la ligne. Sinon, les gens vont simplement acheter une auto à essence. Ironiquement, ils pourront garer leur auto à essence dans la rue à un coût bien moindre ( entre 0 et 160 $) que le coût d’un permis pour les autos en libre service, soit 1 000$ par an.
Concrètement, 2 éléments pourraient permettre de garantir un coût bas pour ce service: assurer l’accès aux bornes à plusieurs entreprises pour favoriser la compétition et utiliser des bornes 400 V pour minimiser le nombre de bornes et les frais de recharge. Comme les 1 000 autos pourront générer des revenus annuel de 1 million de dollar, il est certainement possible de développer les infrastructure requises sans avoir à donner un monopole.
2- Recharge rapide (400V)
Une bonne partie de la flotte doit être composée de véhicules munis de la recharge rapide (400V) avec gestion thermique de la batterie afin d’assurer une recharge rapide été comme hiver. Pour les VLS, la recharge rapide est très utile car elle permet les déplacements longue distance et permet d’utiliser un véhicule même si la batterie est à un niveau bas. Il suffit alors de faire un court arrêt à une borne rapide pour compléter le trajet. Il faut comprendre que l’application de localisation des autos permet de connaître le niveau de charge avant même de réserver le véhicule. Une application mobile pourrait très bien identifier les autos qui possèdent assez d’autonomie pour nous mener à notre destination. S’il n’y a pas d’autos suffisamment rechargées à proximité, l’application pourrait localiser les bornes rapides sur la route et recalculer l’itinéraire en conséquence.
L’utilisation de bornes rapides pour une partie de la flotte aiderait ainsi à augmenter le ratio autos / bornes. Cette approche aiderait au déploiement rapide de la flotte électrique et réduirait grandement les coûts du système. (voir le point 8 de cet article pour plus de détails).
3 -Plusieurs dimensions de véhicules.
Oui, le VLS type sera probablement un véhicule compact. Mais il faut aussi avoir accès à des véhicules d’une certaine dimension afin de permettre des déplacements en famille et faire du transport de marchandises. En fait, c’est ça qu’il faut comprendre avec l’autopartage. Le premier bénéfice de ne pas avoir d’auto, c’est de toujours pouvoir choisir le modèle d’auto qui correspond le mieux à nos besoins. C’est d’ailleurs agréable de pouvoir essayer différents modèles. Je ne vois donc à peut près aucun avantage à avoir un seul modèle à part peut-être l’expérience-utilisateur. Mais je suis persuadé qu’en général, les utilisateurs de VLS préfèrent avoir du choix plutôt que la simplicité lié à un seul modèle.
4- Assurer un accès à des véhicules à essence ou à autonomie prolongée
Présentement, les VLS aident à balancer l’offre et la demande dans le marché de l’autopartage (voir cet article pour les explications), il faut donc s’assurer que les familles qui veulent faire des trajets interurbain de manière spontanée puissent avoir facilement accès à des véhicules à essences. Car il faut être réaliste, à part les Tesla, aucun véhicule 100 % électrique ne permet de faire des voyages longue distance sans compromis. L’absence de véhicules à essence ou à autonomie prolongée dans la flotte VLS pourrait donc causer des pénuries dans la flotte régulière de Communauto à certains moments de l’année. Donc, à moins d’une croissance énorme du côté de la flotte d’autopartage dite «classique», j’ai encore un doute quant à l’idée de convertir entièrement la flotte VLS d’ici 5 ans. J’ai l’impression qu’il faudra attendre les modèles de VÉ plus performants comme la Bolt et la Tesla Model 3 pour pouvoir vraiment tourner le dos aux autos à essence. Compte tenu de la nature essentielle de ce service, il faudrait aussi s’assure que le réseau de recharge aura un certain nombre de bornes munies de génératrices de secours.
5- Des voitures prêtes pour les technologies semi-autonomes.
Ce qui m’inquiète le plus dans le fait d’avoir à choisir une technologie en 2015 pour les 5 à 10 prochaines années, c’est qu’on risque de choisir une flotte de véhicules qui ne seront pas capables d’évoluer rapidement vers les technologies semi-autonomes. Déjà plusieurs constructeurs ont annoncé la commercialisation de ces technologies. À Montréal, des technologies de freinage d’urgence, de conduite automatique dans les bouchons et de stationnement automatique seraient extrêmement utiles. Il importe donc d’en tenir compte dans le choix des partenaires. De ce côté, Nissan, Toyota, BMW et Mercedes (Daimler) sont très avancés. Pour moi, les technologies semi-autonomes sont intimement liées à l’électrification des véhicules. J’avais d’ailleurs exposé mon point de vue dans l’article « Et si l’auto se rendait elle-même à la borne de recharge?».
Les technologies semi-autonomes soulèvent même des questions quant à la pertinence de la démarche actuelle de la ville. Comme il est clair que les autos pourront se déplacer de manière autonomes sur une certaine distance d’ici 10 ans, il ne faut peut-être pas développer un énorme réseau pour subvenir à nos besoins. Il faut clairement inclure ce scénario dans l’analyse.

Et vous qu’en pensez-vous?

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