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Fonds fédéral d’Infrastructures « vertes » au Québec: 90% pour le gaz naturel et l’hydrogène

La semaine prochaine, le député Sylvain Gaudreault présentera à l’Assemblée Nationale une pétition lancée et promue par l’Association des Véhicules Électriques du Québec (AVEQ) dont le but est à la fois de faire pression auprès des 2 paliers de gouvernements ET de conscientiser la population du Québec quant à la nécessité d’installer 2 000 bornes de recharge rapides pour véhicules électriques au Québec d’ici 2020.
Ce printemps, environ 25 000 véhicules électriques circuleront sur nos routes. Or, le gouvernement du Québec vise un objectif de 100 000 véhicules électriques d’ici 2020 et les infrastructures de recharge rapide ne suffisent déjà plus.
Le problème ne réside pourtant pas tant dans le manque de fonds que dans le fait que l’argent et l’énergie des gouvernements ne sont pas “investis” au bon endroit.
Jetons un coup d’oeil sur le programme fédéral d’infrastructures “vertes”.
90% pour le gaz naturel et l’hydrogène au Québec
Lors du dévoilement du budget fédéral de 2016, un programme a été lancé sous le nom “d’Initiative pour le déploiement d’infrastructures pour les véhicules électriques et les carburants de remplacement”.(1)
Le but de ce programme est de faciliter la mise en place de stations de remplissage pour les véhicules fonctionnant au gaz naturel et à l’hydrogène ainsi que des bornes de recharge pour véhicules électriques.
Sauf que si le nom de ce programme met surtout l’accent sur les infrastructures pour véhicules électriques, il en va tout autrement dans la réalité.
Ce que nous avons découvert en regardant les montants octroyés lors de la première phase de ce programme confirme les craintes exprimées par certains intervenants quant aux coûts comparatifs des infrastructures de gaz naturel et d’hydrogène VS les infrastructures pour véhicules électriques.
Cette disparité est particulièrement frappante au Québec.
En faisant la compilation des projets sélectionnés, on découvre que sur un total de $4 417 000 octroyés à ce jour par le gouvernement fédéral à des projets québécois :
 

  • 67,9% des fonds sont allés vers des projets d’infrastructures de gaz naturel ;
  • 22,6% des fonds sont allés vers des projets d’infrastructures d’hydrogène ;
  • 9,4% des fonds sont allés vers des projets d’infrastructures électriques ;

 
Donc, plus de 90% des fonds venant de ce programme fédéral ont été octroyés pour des projets d’infrastructures pour « carburants de remplacement » au gaz naturel ou à l’hydrogène et moins de 10% des fonds sont allés vers des infrastructures pour véhicules électriques au Québec.
Dans ces 4 provinces, c’est l’électrique seulement
Pendant ce temps, 100% des fonds alloués dans le cadre de ce programme en Alberta (pays du gaz et du pétrole), au Manitoba, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick sont allés vers des projets d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques. Ces 4 provinces n’ont donc reçu aucun montant d’argent pour des projets d’infrastructures de gaz naturel ou d’hydrogène.
En Ontario,

  • 57,3% des fonds sont allés vers des projets d’infrastructures de gaz naturel
  • 15,9% des fonds sont allés vers des projets d’infrastructures d’hydrogène
  • 26,8% des fonds sont allés vers des projets d’infrastructures électriques

Il ne manque pas d’argent
Sur un montant total de $16,4 millions pour la Phase 1 de l’Initiative pour le déploiement d’infrastructures pour les véhicules électriques et les carburants de remplacement à travers le Canada, 29,5% des fonds ont été octroyés dans des projets d’infrastructures au Québec… dont 90% de l’argent aura été consacré à des stations de gaz naturel et d’hydrogène.
Or, 45,6% de l’ensemble des véhicules électriques circulant au Canada sont immatriculés au Québec et de toutes les provinces qui ont reçu des fonds pour ces infrastructures dites “vertes”, c’est le Québec qui en reçu le moins pour les véhicules électriques en proportion des fonds alloués par province.
Il est par ailleurs important de souligner que l’immense majorité des véhicules électriques circulant sur nos routes appartiennent à des particuliers alors que l’immense majorité des véhicules au gaz naturel ou à hydrogène sont la propriété d’entreprises ou de gouvernements.
Investir au bon endroit
Conclusion, si plutôt que « d’investir » les fonds fédéraux dans des projets d’infrastructures de gaz naturel ou d’hydrogène, on investissait dans des projets d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques, l’AVEQ n’aurait peut-être pas eu à lancer une pétition pour qu’on accélère de déploiement de bornes de recharge rapide pour atteindre 2000 en 2020. Ça ne suffirait pas à déployer 2 000 bornes, mais ce serait assez pour augmenter le nombre de bornes rapides de plus du double.
Ajoutez à cela les fonds que le gouvernement fédéral pourrait aller chercher auprès de Volkswagen suite au scandale du diésel truqué. En effet, s’il procédait comme l’a fait le gouvernement américain vis-à-vis VW, le Canada aurait reçu au prorata environ $600 millions(2), ce qui aurait pour ainsi dire réglé la question du financement des infrastructures de recharge rapide pour l’ensemble du Canada.
Parce que pendant qu’on va dépenser des millions en infrastructures de gaz naturel et d’hydrogène, le Circuit Électrique d’Hydro-Québec n’en est toujours qu’à 111 bornes rapides (en date du 28 février 2018)(3).
Il en manque donc 1 889 pour atteindre 2000.
Rien que ça.
Peut-être le premier ministre du Québec trouve-t-il cet objectif de 2 000 bornes rapides (niveau 3) « trop peu ambitieux »…
Je suis de ceux qui s’en contenteraient.

1 : http://www.rncan.gc.ca/energie/carburants-remplacement/carburants-faits/ecoenergie/18353

2: http://roulezelectrique.com/entente-volkswagen-usa-pour-des-bornes-de-recharge-ou-est-le-canada/

3 : https://lecircuitelectrique.com

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